JEMMAPES, PREMIER SUCCES DE L'ARMEE REVOLUTIONNAIRE HORS DES FRONTIERES

Conduites par Dumouriez, les troupes françaises entrent en Belgique en octobre 1792. Le 6 novembre, dans des conditions extrémement difficiles, elles défont l'armée autrichienne à Jemmapes. Cette victoire permettra à la France révolutionnaire d'occuper, en quatre semaines, la Belgique et la rive gauche du Rhin.

Le 27 octobre 1792, quelques semaines après la victoire de Valmy, l'armée révolutionnaire, pleine de confiance et d'enthousiasme, pénètre en Belgique sous le comandement du général Dumouriez. Les troupes autrichiennes, commandées par le feld maréchal Clerfayt et le duc de Saxe Teschen, se sont repliées sur les hauteurs de Jemmapes, petit village proche de Mons.

Dans la nuit du 5 au 6 novembre 1792, les soldats français, pour la plupart des volontaires inexpérimentés et mal formés, reçoivent l'ordre de se poster dans la plaine, noyée dans la brume, afin d'être, au matin, le plus près possible de Jemmapes. Toute la nuit, ils veillent dans le froid et l'humidité, dans les flaques d'eau croupissantes et la boue. Mal vêtus et mal chaussés, ils ne peuvent trouver le repos et, grelottants, tentent de se réchauffer en soufflant dans leurs mains. Au lever du jour, ils sont trempés et épuisés par ces longues heures d'attente. Mais leur enthousiasme est intact et ils ont hâte d'en découdre avec l'ennemi. Au matin, quand le signal de l'assaut est donné, ils ont le ventre vide depuis de longues heures. Mais "on leur dit que la bataille ne serait pas longue, et qu'il valait mieux déjeuner vainqueurs", raconte Michelet dans son Histoire de la Révolution française.
 Les autrichiens, eux, ont pu dormir et, surtout, grâce au ravitaillement qui leur est parvenu de Mons, se restaurer correctement. Face aux 55 000 Français, bien que deux fois moins nombreux, ils disposent d'une puissance de feu supérieure et, au sommet de la colline de Jemmapes, sont favorisés par la configuration du terrain et les ouvrages défensifs qu'ils ont eu le temps de construire. Alors que les colonnes françaises se mettent en marche, le brouillard se lève lentement sur la plaine. Un grand concert d'instruments accompagne leur progression. Lorsque l'artillerie se met à sonner, l'exaltation dans les rangs français est telle que la voix des patriotes, chantant à tue-tête, dominent le tumulte de la canonnade.

A l'aile gauche, le général Ferrand lance ses hommes à l'assaut de Jemmapes. A l'aile droite, les volontaires parisiens, commandés par le marquis de Beurnonville, sont ralentis dans leur ascension par les redoutes tenues par les terribles grenadiers hongrois. Dumouriez a placé son poste d'observation au centre du dispositif. A son côté, le duc de Chartres, le fils aîné du duc d'Orléans, le futur Louis Philippe, est prêt à intervenir pour porter l'estocade dès qu'une des ailes aura réussi à enfoncer les lignes ennemies.
Vers onze heures, Dumouriez envoie son second, Thouvenot, en renfort à l'aile gauche. Et bientôt le village de Jemmapes est pris. De son côté, le général rejoint l'aile droite, dont la progression est arrêtée. Sous le feu des Autrichiens, les Parisiens, dont c'est pour la majorité le baptême du feu, sont démoralisés et croient leur dernière heure venue. L'arrivée de Dumouriez les rassure et ravive leur ardeur au moment où les dragons impériaux se décident à charger. Les volontaires parisiens
"laissèrent venir la masse effrayante presque au bout de leur fusil, firent une décharge à bout portant qui, du premier coup, leur fit un rempart de cent chevaux abattus. La superbe cavalerie, poursuivie par Dumouriez et ses hussards, s'enfuit jusqu'à Mons", relate Michelet. Revenant ensuite vers l'infanterie, le général lance "A vous, mes enfants"! et entonne la Marseillaise, aussitôt reprise par toue la troupe.
Dans l'après-midi, tout est joué. L'armée révolutionnaire est maître de Jemmapes et l'ennemi a été chassé. Au soir de la bataille, les deux camps relèvent chacun 2 000 morts. Mais, une fois de plus, le torrent révolutionnaire a vaincu.

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