LONGWY ET VERDUN CAPITULENT DEVANT LES AUSTRO-PRUSSIENS

La guerre commence mal pour la France révolutionnaire. Indisciplinés, insuffisamment armés et mal équipés, les patriotes volontaires doivent affronter les troupes aguerries de l'empereur d'Autriche et du roi de Prusse. Assiégées par l'ennemi, Longwy et Verdun ne pourront résister que quelques jours. Mais si elles tombent, l'une le 23 août 1792, l'autre le 2 septembre, c'est aussi parce qu'elles ont été victimes de traîtrises.

Le 20 avril 1792, la France a déclaré la guerre à l'Autriche. Conformément au pacte d'alliance qu'ils ont signé, le roi Frédéric Guillaume II de Prusse et l'empereur François II, neveu de Marie Antoinette, ont réuni leurs forces. Cinquante mille Prussiens, commandés par le duc de Brunswick, et vingt neuf mille Autrichiens, emmenés par le feld-maréchal Clerfayt, s'apprêtent à marcher sur la France avec la ferme intention de mater les révolutionnaires et de restaurer la monarchie. Dix mille émigrés français leur prêteront main-forte.
La France révolutionnaire est isolée du reste de l'Europe. L'Angleterre vient de rappeler son ambassadeur. La Russie a expulsé l'ambassadeur de France. L'Espagne durcit également le ton. Un malheur n'arrivant jamais seul, dans la nuit du 19 au 20 août 1792, La Fayette, qui, à Paris, s'est élevé contre les violences de la journée du 20 juin et a pris la défense du trône, passe à l'ennemi avec vingt deux officiers de son état-major. Il est déclaré traître à la Patrie et remplacé par Dumouriez à la tête de l'armée du Nord. Les Autrichiens, qui comprennent mal son double jeu et le considèrent comme l'un des instigateurs de la Révolution, l'arrêtent et l'emprisonnent dans la forteresse d'Olmütz, en Moravie.
Le même jour, les troupes ennemies, parfaitement organisées et puissamment armées, franchissent la frontière et entrent en Lorraine. L'armée prussienne, conduite par Frédéric Guillaume en personne, met le siège devant Longwy. Persuadé par les émigrés que les Lorrains sont restés fidèles à la monarchie, Brunswick s'attend à être accueilli en libérateur. Or il n'en est rien. Les patriotes résistent farouchement. Mais, le 23 août, après quinze heures d'un terrible bombardement, Longwy capitule. Les soldats, des volontaires pour la plupart se sont pourtant admirablement battus. La reddition de la ville est due à la défection de Lavergne, le commandant de la place. Après avoir feint de résister, il a choisi de se rallier à l'ennemi et à la cause monarchiste. Sa trahison ébranle les esprits. A Paris, on décrète aussitôt que tout citoyen qui, dans une place assiégée, désirerait se rendre sera puni de mort.

Après la capitulation de Longwy, les Parisiens s'inquiètent. Et si Robespierre qui s'est opposé de toutes ses forces à la guerre, avait raison? Roland, le ministre de l'Intérieur suggère que le Gouvernement quitte la capitale et se réfugie au-delà de la Loire. Danton, le chef du Conseil exécutif provisoire, s'y oppose avec force. "Jamais, tonne-t-il à la tribune de l'Assemblée Législative. Nos ennemis ont pris Longwy. Mais toute la France n'est pas Longwy"! On recrute aussitôt 30 000 nouveaux volontaires, qui sont immédiatement envoyés au front.
Le 29 août, Verdun est assiégée. Si la ville fortifiée par Vauban tombe, la route de Paris sera ouverte à l'ennemi... Malgré les pressions dont il fait l'objet de la part des royalistes, le lieutenant colonel Beaurepaire, commandant de la garnison, refuse de capituler. Il est mis en minorité par la municipalité et, dans la nuit du 1er au 2 septembre, on le retrouve mort, tué d'un coup de pistolet. Les circonstances de sa disparition n'ont jamais été élucidées. S'est-il suicidé? A-t-il été assassiné? Par les royalistes? A-t-on maquillé son assassinat en suicide? Toujours est-il que le lendemain, Verdun rend les armes et que le plus jeune officier de la garnison, Marceau, porte la reddition de la ville au roi de Prusse. Transportées de joies, des femmes et des filles de notables offrent aux vainqueurs des fleurs de lys et des dragées. Lorsque la ville sera reprise par les armées révolutionnaires quelques mois plus tard, les "vierges de Verdun" seront guillotinées.
Après la chute de Longwy, la capitulation de Verdun accroît encore le sentiment de peur qui étreint les patriotes. Le peuple se persuade de l'existence d'un complot contre-révolutionnaire et voit des traîtres de partout. Les défaites des armées françaises sèment la panique dans la capitale et vont être le prétexte aux sanglants massacres de septembre.

Le plus de la fiche

Retour Louis XVI, chef de Guerre

© 2001-2003 cliannaz@noos.fr