LES BOURBONS
LOUIS XVI, LE PEUPLE |
LA "GUERRE DES FARINES" Conséquence d'une mauvaise récolte et de la liberté sur le commerce des grains établie par le contrôleur général Turgot, le prix du pain flambe. Au printemps 1775, le petit peuple, portefaix, artisans, vignerons, boutiquiers, se révolte. Spontanément les émeutes de la "guerre des farines" se propagent dans tout le royaume. Le 13 septembre 1774, le contrôleur général Turgot a présenté au Parlement de Paris un édit établissant la liberté du commerce des grains et des farines, et l'a fait adopter. Mais, l'hiver suivant ayant été très rigoureux et la récolte très médiocre, le blé a considérablement enchéri. Le 17 avril 1775, à Dijon, les ouvriers des faubourgs descendent dans la rue : le setier de blé est passé à dix huit livres, six livres de trop pour que le pain reste à son prix habituel de deux sous. Le lendemain, des femmes armées de bâtons s'en prennent à un meunier soupçonné de trafiquer sa farine. "L'herbe commence à
pousser, allez la brouter, mes amis!", aurait lancé
l'intendant La Tour du Pin aux protestataires. Cette rumeur n'est pas faite
pour calmer les esprits, et les manifestations gagnent le port fluvial de Beaumont
sur Oise, carrefour du trafic des grains. Le 27 avril, les portefaix chargés
de débarquer les bateaux pour le marché conduisent un marchand
de blé qui vend le setier trente deux livres devant le procureur de la ville.
Celui-ci refuse d'imposer une baisse des prix et les manifestants font main
basse sur les sacs de blé et de farine, qu'ils vendent à leur
propre tarif : douze livres le setier de blé et vingt sous le boisseau
de farine. Cette vente improvisée se déroule sans heurt et l'argent
récolté est même remis au procureur. Alors que le peule défile en réclamant
du pain, les forces de l'ordre tardent à intervenir; il faut que Turgot,
appuyé par le roi, insiste pour qu'elles s'y résolvent. Le soir
même, les violences cessent. Le contrôleur général
convoque un conseil des ministres extraordinaire. Il commence par révoquer
le lieutenant de police Lenoir, première victime de la guerre des farines,
qui est remplacé par Albert, homme de confiance de Turgot. Une ordonnance
royale spécifie par ailleurs "qu'il
est défendu de former aucun attroupement, d'entrer de force dans la maison
ou boutique d'aucun boulanger ni dans aucun dépôt de grains, graines,
farine ou pain. Qu'on ne pourra acheter aucune des denrées susdites que
dans les rues ou places. Qu'il est défendu de même sous peine de
vie d'exiger que le pain ou la farine soient donnés dans aucun marché
au dessous des prix courants". Page MAJ ou créée le 2001 |