LOUIS XVI, SA VIE
LE PROCES DE LOUIS XVI
LE ROI EST MIS EN ACCUSATION
Le 11 décembre 1792, après une instruction hâtive et de vives discussions sur l'opportunité d'un procès, Louis XVI comparaît pour la première fois devant ses juges. Désigné par l'acte d'accusation sous le nom de Louis Capet, il affiche un calme souverain et se prépare à affronter son destin.
Les événements du 10 août
1792 ont sonné le glas de la monarchie : Louis XVI a été
suspendu, arrêté et conduit avec les siens à la prison du
Temple. Une commission a reçu pour mission de réunir les papiers
du roi et de collecter le plus possible d'éléments à charge
contre le souverain. Elle croule sous une avalanche de documents, rassemblés
dans une centaine de cartons, une vingtaine de portefeuilles, plus de trente
registres, une dizaine de liasses. Sans compter les milliers de pièces
gardées dans des sacs à blé! Le 30 septembre, une commission
spéciale est chargée d'instruire le procès du roi.
Malgré la masse de documents à
étudier, il ne faut qu'un mois aux vingt quatre magistrats instructeurs pour rendre
leur rapport. "Je crois que l'intention
de l'Assemblée n'est pas d'employer vingt quatre de ses membres pour prouver à
la France ce dont elle ne doute pas, c'est-à-dire que le ci-devant roi
est coupable!", explique l'un d'eux. Dans ces conditions,
faut-il aller au procès? Ou prononcer une condamnation immédiate,
comme certains le préconisent? La discussion s'ouvre le 13 novembre.
Jérome Pétion, le Président de la Convention, qui a pourtant
demandé la déchéance de Louis XVI, souhaite que l'Assemblée
examine d'abord la question de l'inviolabilité du roi. "Débuts
maladroits et funestes, estime Jules Michelet.
L'indignation des tribunes et du peuple se souleva, formidable... Ils n'étaient
pas soixante à la Montagne qui voulaient la mort du roi; mais, du moment que
les champions de l'inviolabilité eurent l'air de vouloir le couvrir du
bouclier de la loi, les soixante (...) se virent suivis d'un grand peuple; la modération
devint impossible".
Les Montagnards sont les plus
virulents. Robespierre a une formule lapidaire : "Louis
doit mourir parce qu'il faut que la Patrie vive".
Le 4 décembre, il ajoute : "L'Assemblée
n'a pas décrété qu'il y aurait un procès en forme;
seulement elle a décidé qu'elle prononcerait elle-même le
jugement ou la sentence du ci-devant roi. Je soutiens que, d'après les
principes, il faut le condamner sur le champ à mort, en vertu de l'insurrection".
Les
Girondins obtiennent néanmoins qu'il y ait procès. Le 6 décembre,
la Convention décrète qu'une commission rédigera "l'acte
énonciatif des crimes dont Louis Capet est accusé"
et appellera le roi à la barre le 11 décembre.
Ce jour là, Louis XVI comparaît
pour la première fois devant ses juges. "Il faut que le silence
des tombeaux effraie le coupable", a déclaré le député
Legendre. C'est donc le plus grand silence qui accueille le roi, amaigri par
la détention, mal rasé, engoncé dans une redingote couleur
noisette.
Barère, qui a succédé à Pétion
à la présidence de la Convention, lit l'acte d'accusation : "Louis,
la Nation française vous accuse d'avoir trahi
le serment prêté lors de la Fête de la Fédération,
de tentative de corruption sur des députés". On reproche également
au roi l'affaire de la conspiration des "chevaliers du poignard",
la fuite à Varennes, le massacre du Champ de Mars, le soutien aux émigrés
et aux prêtres réfractaires, la collusion avec l'étranger,
les tractations avec les comtes d'Artois et de Provence, les crimes du 10 août,
les défaites de Longwy et de Verdun... Louis XVI, très calme,
comme détaché, nie. Il répond n'être au courant ni
des projets ni des intentions qu'on lui prête. Le roi n'est plus que Louis
Capet. Le lendemain, 12 décembre, Marat écrit : "Il
s'est entendu cent fois appeler Louis sans montrer la moindre humeur, lui qui
n'avait jamais entendu résonner à son oreille que le nom de Sa
Majesté; il n'a pas témoigné la moindre impatience tout
le temps qu'on l'a tenu debout, lui devant qui aucun homme n'avait le privilège
de s'asseoir. Innocent, qu'il eût été grand à mes
yeux dans cette humiliation".
Le jour de Noël,
Louis XVI finit de rédiger son testament et se prépare avec sérénité
à la suite de son procès, prévue pour le lendemain.
Est-ce
la "fatalité de race, d'éducation,
d'entourage" dont parle Michelet? "Chose
étrange, parmi ses nombreux mensonges (...), il ne se reprochait rien
et se croyait innocent", remarque l'historien. Et
c'est la conscience en paix et avec un courage placide que le roi affronte une
épreuve dont Danton a pourtant dit : "Si
le procès commence, il est mort".
Page MAJ ou créée le 2001