HENRI IV, SA VIE
MARGUERITE DE VALOIS, LA REINE MARGOT

 

HENRI IV SOUHAITE SE "DEMARIER" DE LA REINE MARGOT

En 1593, le conseiller Philippe de Mornay entame des démarches visant à faire annuler le mariage d'Henri IV et de Marguerite de Valois, "la reine Margot". C'est le début d'une longue procédure, retardée par la crainte que le roi n'épouse, comme il en manifeste l'intention, sa favorite Gabrielle d'Estrées.

Henri IV n'a pas de quoi se féliciter de son mariage, contracté en août 1572, avec la princesse Marguerite de Valois, fille d'Henri II et de Catherine de Médicis. Destiné à réconcilier catholiques et protestants, cette union a été, sur ce point, un échec total et a pour partie contribué à déclencher les massacres de la Saint Barthélemy. Par ailleurs, le Béarnais ne s'entend pas avec sa femme, réputée pour mener une vie dissolue et qui ne lui a pas donné d'enfant : désormais, les époux vivent séparés. Chassée de la Cour pour intrigues par Henri III, son frère, la reine Margot est, depuis 1587, reléguée au château d'Usson, en Auvergne.

Cette situation n'est pas digne d'un roi de France. En 1593, le conseiller privilégié du souverain, Philippe de Mornay, est chargé de "démarier" Henri IV, dans le but de le remarier ensuite. Une alliance avec une princesse européenne, au moment où le Bourbon est en passe d'en finir avec sa "reconquête" du royaume et tâche de s'assurer l'appui des puissances voisines, serait tout à fait opportune. Sur la liste des prétendantes figure Marie de Médicis, nièce du grand duc Ferdinand 1er de Toscane.
Mornay écrit à la reine Margot, qui se montre coopérative : en vue d'obtenir l'accord du pape, elle accepte de déclarer douter de la légitimité de son union avec le roi pour cause de défaut de dispense, consanguinité et différence de religion. Mais dans l'entourage du monarque, on craint que, une fois le divorce prononcé, celui-ci n'envisage d'épouser sa maîtresse, Gabrielle d'Estrées, et de légitimer les enfants qu'elle lui a donnés, si bien qu'on préfère ne pas hâter les démarches.
Les partisans du divorce repartent néanmoins en croisade. Après diverses consultations, on estime que la première procuration donnée par la reine Margot ne suffit pas pour ouvrir l'instruction. Le ministre Sully charge Martin Langlois, ancien prévôt des marchands, d'obtenir une seconde procuration. Mais, cette fois, la souveraine hésite. Comme beaucoup, elle est convaincue que le roi veut se marier avec Gabrielle d'Estrées et légitimer ses bâtards. Scandalisée par cette perspective, elle tergiverse pour empêcher Henri IV de vonvoler avec cette "bagasse". En fin d'année, elle envoie bien un consentement, mais elle n'y fait pas mention de la non-consommation de son mariage, un autre argument imaginé pour faciliter l'instruction.

Les choses en restent là, tandis que l'inquiétude grandit dans les cours européennes, auxquelles les informations fournies ne laissent aucun doute quant aux intentions du roi de France : "Le roi a la volonté de prendre femme, mais il n'en prendra pas une autre que la Gabrielle, sutout pouvant légitimer les enfants qu'il a d'elle, ce qui se heurtera peut-être à des difficultés insurmontables; toutefois on peut perdre l'espoir d'autres mariages", écrit, le 7 juillet 1598, un agent secret florentin, l'abbé Bonciani. L'ambassadeur Contarini fait part des mêmes craintes à Venise. "Les bruits qui courent sur le mariage du roi me déplaisent", constate, le 19 juillet, Jacques Bonjard, agent d'Henri IV en Allemagne. Dans l'entourage du souverain, des conseillers manifestent leur désaccord, certains discrètement, comme Sully, d'autres plus ouvertement, comme Nicolas de Sancy, ce qui lui vaut d'être disgracié et de céder sa place de superintendant des finances à Sully. Ces marques de désapprobation n'empêchent pas le baptême du petit Alexandre Monsieur, dernier enfant d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, d'être célébré en grande pompe, le 13 décembre 1598. Durant les cérémonies, la maîtresse du roi adopte une attitude de reine, recevant faveurs royales et allégeance des courtisans.
Sûre de l'influence qu'elle exerce sur Henri IV, Gabrielle d'Estrées se mêle du "démariage" du roi. Elle requiert l'appui auprès de Rome du duc Charles Emmanuel de Savoie, à qui elle promet de faire attribuer le marquisat. Le duc lui adresse de magnifiques présents, mais pour l'heure, rien n'est joué. Le pape Clément VIII n'a pas encore été officiellement saisi de la requête d'annulation canonique du mariage. Il a cependant parlé de cette délicate question avec les prélats français, Arnaud d'Ossat notamment, sans que rien ne soit tranché, ce dernier se montrant perplexe quant à la décision à prendre. Mi-février 1599, le marquis et diplomate Nicolas de Sillery part pour Rome, chargé de porter officiellement à Clément VIII, la demande de "démariage" présentée par le roi et par la reine.

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Page MAJ ou créée le 2002

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