LOUIS XIV, LES ARTS ET LES SCIENCES
PIERRE MIGNARD RAPPELE A PARIS PAR LOUIS XIV
En octobre 1657, alors qu'il vit depuis une vingtaine d'années à Rome, Pierre Mignard rentre à Paris : sa réputation de portraitiste est telle qu'il a été rappelé sur ordre de Louis XIV. Il obtient un succès considérable en devenant l'année suivante le peintre ordinaire de la reine-mère Anne d'Autriche. Dès lors, il ne va cesser de se disputer avec son rival Charles Le Brun les faveurs de la famille royale et des Grands de la Cour.
Né le 17 novembre 1612 à Troyes, Pierre
Mignard était destiné à devenir médecin. Mais, à l'instar d'un de ses frères,
Nicolas, il a révélé des dons exceptionnels pour les arts graphiques et a été
placé en apprentissage chez un peintre de Bourges, Jean Boucher. Un an plus
tard, il est rentré à Troyes et a entrepris de convaincre son père de l'envoyer
parfaire son art à Fontainebleau, où tous les grands artistes de son siècle
et du siècle précédent ont laissé leurs traces
Parvenu à ses fins, il a étudié
les peintures et sculptures de ses illustres prédécesseurs puis est revenu dans
sa ville natale, où il a été chargé, à l'âge de seulement quinze ans, de la la décoration
du château de Courbet appartenant au maréchal de Vitry.
Enchanté par son travail, le maréchal de
Vitry recommande chaudement le jeune atiste prodige au célèbre peintre parisien
Simon Vouet, qui le fait entrer dans son atelier, sans doute le plus réputé
de l'époque. Mignard continue sa formation de peintre auprès de Louis XIII,
dont il devient rapidement le protégé et qui se pique de vouloir lui faire épouser
sa fille. En dépit des avantages que cette union pourrait lui apporter, le jeune
homme refuse : il préfère partir pour l'Italie, afin d'y étudier les génies
de la Renaissance, et mieux vaut s'éloigner de son maître, mortellement vexé
et désormais peu désireux de favoriser sa carrière!
En 1636, à l'âge de vingt
six
ans, Mignard s'établit à Rome, où il commence par copier les peintures de la
famille Carrache au palais Farnèse, chef-d'oeuvre de décoration du début du
XVIIème siècle romain. Pour gagner sa vie, il réalise des portraits, dont l'un,
Portrait de Monsieur Arnaud, lui vaut l'honneur de voir le pape Urbain
VIII poser pour lui. Désormais, sa réputation de portraitiste est faite : il
va consacrer le reste de sa carrière italienne à ce genre très rémunérateur,
ainsi qu'à l'exécution de Vierges, à la grâce à la fois sensuelle et précieuse,
connues sous le nom de "mignardes".
Rappelé par Louis XIV, Mignard
ne se fait pas prier et rentre à Paris en octobre 1657. Un premier portrait
royal, commandé par le cardinal Mazarin pour être envoyé à l'infante Marie Thérèse
d'Espagne, est réalisé en à peine trois heures et suscite l'admiration de tous.
L'artiste obtient aussitôt un succès considérable en tant que portraitiste de
Cour, mais également pour ses décors d'églises et d'hôtels particuliers, ce
qui n'est pas pour plaire à l'omniprésent Charles Le Brun, favori du ministre
Colbert et grand superviseur de tous les chantiers royaux.
En 1663, Mignard exécute pour la reine-mère Anne d'Autriche, dont il est le peintre ordinaire depuis 1658, les fresques
de la coupole de l'église du Val de Grâce. Cette composition, pourtant assez
froide et maniérée, lui vaut de nombreux compliments et reste parmi ses plus
célèbres décors. Mais c'est dans l'art du portrait, alors presque inexistant
à cause du diktat de l'Académie posant en principe la supériorité de la peinture
d'histoire, seule digne d'intérêt, qu'il semble le plus à l'aise, se montre
le plus attachant et fait preuve d'une véritable originalité. Grâce à son expérience
italienne, il répond au goût de ses contemporains en représentant les grands
personnages de la Cour avec les attributs des divinités de la mythologie classique,
comme Le Comte de Toulouse en Cupidon ou La Marquise de Seignelay
en Thétis.
En 1689, le ministre Louvois ravive avec malignité la vieille
rivalité opposant Le Brun à Mignard : il commande au second une Tente de
Darius, sujet dont le premier a déjà tiré un chef d'oeuvre. Conscient de
l'importance du défi, Mignard réalise un tableau plutôt classique et linéaire,
aujourd'hui conservé au musée de Saint Pétersbourg, fort admiré en son temps,
mais qui manque cruellement du brio de la composition de son rival. Après la
mort de Le Brun, en février 1690, la protection de Louvois et de Madame de Maintenon,
l'épouse de Louis XIV, permettent à Mignard de devenir premier peintre du roi.
La même année, au cours d'une unique séance, il est nommé à la fois membre,
recteur, directeur et chancelier de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
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