LA MODE DES " TURQUERIES "
Monsieur Jourdain est anobli lors d'une cérémonie turque, mascarade orientale que Louis XIV a imposée à Molière. "Comme l'idée des Turcs, qu'on venait de voir à Paris, était encore toute récente, il crut qu'il serait bon de les faire paraître sur scène", écrit le chevalier d'Arvieux dans ses Mémoires. Le thème est à la mode. En 1668, Bassa Sigale, autrement dit Méhémet Bey, prince ottoman, a été reçu avec tous les honneurs. En novembre 1669, un envoyé du Grand Turc a lui aussi été accueilli avec un luxe inouï au château de Saint Germain, où il a séjourné sept mois. Mais cet étranger, qu'on a pris pour un ambassadeur alors qu'il n'était qu'un représentant quelconque, a eu le front de se moquer des fastes de la Cour. Il se peut que Louis XIV, vexé, ait alors eu l'idée de railler l'insolent et ses compatriotes. Des Turcs qui figurent déjà dans des pièces comme La Soeur, de Jean Rotrou, Champagne chez le coiffeur, de Boucher, dans un ballet que Lully a donné au roi en 1660, ou dans Le Sicilien de Molière. Et ces "turqueries", le public en raffole!
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