LOUIS XIII, LES PERSONNALITES
LE CARDINAL DE RICHELIEU

 

LE FUTUR CARDINAL DE RICHELIEU, CHEF DU CONSEIL DE MARIE DE MEDICIS

Le 19 mai 1617, Marie de Médicis nomme l'évêque de Luçon, le futur cardinal de Richelieu, chef de son Conseil. Mais le prélat doit également rendre compte au roi des agissements de la reine-mère. Et bientôt Louis XIII va soupçonner son espion d'être un agent double.

Le 3 mai 1617, la reine-mère Marie de Médicis a été exilée à Blois. Loin de la Cour, et surtout loin des allées du pouvoir, elle ronge son frein en faisant aménager l'aile du château qu'elle occupe, décorer richement ses appartements, bâtir une serre qui abrite des orangers, des jasmins et des myrtes. Mais ces occupations domestiques, pas plus que les concerts, les spectacles donnés par des comédiens italiens et les visites dans les couvents des alentours ne suffisent pas à dissiper son ennui et sa rage de ne plus tenir la place qui devrait être la sienne, la première, au côté du roi son fils.
Pour plaider sa cause, la souveraine envoie lettre sur lettre à Louis XIII, l'assurant de sa plus humble soumission. En vain. Le roi lui oppose un refus catégorique. Le cardinal de Luçon, le futur cardinal de Richelieu, qui a suivi Marie de Médicis à Blois sans enthousiasme, est l'un des rares à avoir compris qu'il faudra longtemps pour parvenir à une réconciliation et s'emploie à prêcher la patience.

La reine-mère est très attachée à ce prélat, qui lui montre respect et obéissance, semble n'avoir d'autre volonté que de suivre la sienne. Le 19 mai 1617, elle le nomme, par brevet, "chef de son Conseil et de ses affaires, pour tenir et avoir la garde de son sceau". Mais, dès le 10 mai, l'évêque de Luçon a écrit au secrétaire du roi, Claude Déageant : "La confiance qu'on a désiré que je prisse auprès d'elle (Marie de Médicis) est établie (...), je m'oblige au roi, sur ma tête, d'empêcher toute cabale, menée ou monopole ou, si je ne le puis, non seulement m'oblige-je à lui en donner avis, mais le lui donner à temps pour y apporter remède (...), m'assurant que mon affection sera connue de telle sorte au roi qu'il ne me laissera pas au rang des péchés oubliés". C'est donc qu'il est un espion au service de Louis XIII.
Soucieux de ne pas s'aliéner le jeune roi, Monsieur de Luçon s'est proposé pour maintenir la reine-mère dans l'obéissance et rendre compte de ses agissements à Charles Albert de Luynes, favori et conseiller du souverain. Bientôt, il se trouve en facheuse posture.
A Blois, sa modération lui vaut d'être isolé face au clan mené par l'abbé florentin Ruccellaï, "esprit chaud et bouillant" qui pousse Marie de Médicis à l'affrontement. A Paris, malgré la correspondance régulière qu'il entretient avec Déageant, Louis XIII et ses ministres se méfient de cet espion qui pourrait bien être un agent double. Qui sait si Luçon n'est pas un intrigant mû par ses seuls intérêts, qui trompe aussi bien le roi que sa mère? Si bien que toutes les manoeuvres de la reine-mère finissent par lui être imputées. Des contacts sont pris avec l'Espagne? On négocie la levée des troupes dans le Poitou? L'évêque de Luçon en est rendu responsable, et les membres du Conseil royal décident de le renvoyer.

Le 11 juin, par une lettre de son frère aîné, le marquis de Richelieu, l'évêque apprend sa disgrâce. Dès le lendemain, il demande un congé de huit jours à Marie de Médicis pour se rendre dans son prieuré de Coussay, près de Loudun, où l'appellent des affaires personnelles. Trois jours plus tard, Louis XIII l'assigne à résidence dans son diocèse de Luçon. La reine-mère, furieuse de perdre le chef de son Conseil, écrit au roi, proteste avec véhémence "qu'elle mourrait plutôt que d'endurer cet affront". Son fils refuse d'accéder à sa requête, arguant que Luçon est un homme faux, qui les trahit tous les deux : mais elle s'obstine à exiger le retour du prélat.
Pendant ce temps, l'évêque fait profil bas et termine la rédaction d'un ouvrage réfutant les thèses protestantes, Principaux Points de la foi de l'Eglise catholique défendus contre l'écrit adressé au roi par les quatre ministres de Charenton, publié à Poitiers le 9 octobre. Cependant, il n'a pas rompu tout lien avec la reine-mère, avec qui il échange des courriers, et à qui il rend peut-être même visite à Blois.
Impatient d'en finir, Louis XIII lui ordonne le 26 octobre de quitter immédiatement Coussay pour la Vendée et de ne plus sortir de son évêché sans autorisation. Le 2 novembre, le prélat s'incline devant la volonté du roi en répondant : "Je ne manquerai point de me rendre incontinent à Luçon". Marie de Médicis, elle, n'entend pas plier et ordonne à l'exilé de "continuer à lui donner ses conseils"...

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