LOUIS XIV, CHEF DE GUERRE
LE TRAITE DE WESTMINSTER : L'ANGLETERRE LACHE LA
FRANCE
(19 février 1674)
L'édifice diplomatique échafaudé par le marquis de Pomponne, secrétaire d'état aux Affaires Etrangères, est sur le point de s'écrouler. Voilà bientôt deux ans que la France est entrée en guerre contre la Hollande, et elle ne peut plus sauver son alliance avec l'Angleterre. Outre-Manche, l'opinion publique et le Parlement, inquiets devant les propositions hégémoniques de Louis XIV et son hostilité envers les protestants, vont contraindre le roi Charles II à signer une paix séparée avec les Provinces Unies le 19 février 1674 à Westminster.
Au printemps 1672, l'Angleterre s'est engagée
dans la guerre de Hollande au côté de la France. Dans le même
temps, le roi Charles II Stuart a fait publier Outre-Manche une déclaration
d'indulgence à l'égard des catholiques. Cette mesure a éveillé
l'inquiétude de la population anglaise, qui redoute de voir son pays
soumis à la tutelle de Rome et considère d'un mauvais oeil l'alliance
de son roi avec un monarque qui ne cache pas son aversion pour toute religion
autre que le catholicisme. La menace s'est encore alourdie depuis que le duc
d'York, le frère cadet de Charles II et le futur Jacques II, a convolé
avec la française Marie de Modène, petite-nièce du cardinal
Mazarin et catholique comme son époux. L'idée qu'un catholique
puisse régner sur l'Angleterre effraye un peuple en majorité protestant
et provoque la réaction de la Chambre des Communes. Après avoir
déclaré que si "autrefois,
l'Espagne était la nation la plus rigoureuse en religion à présent,
c'est la France", à l'automne 1673 les Communes
qualifient l'alliance française de grief. En novembre, Charles II décide
de passer outre et de révoquer le Parlement. Afin de soutenir sa politique
(et de la garder sous son influence) Louis XIV lui verse d'importants subsides.
Mais le Roi Soleil a vu ses finances cruellement rognées par l'effort
de guerrre et ne peut apporter une aide suffisante au roi d'Angleterre.
Sous
la vive pression de l'opinion publique et de l'opposition parlementaire, Charles
II est contraint de rappeler le Parlement, de renier la déclaration d'indulgence
de 1672 et d'approuver le Test Act, qui a pour but de combattre les dispositions
favorables aux catholiques en les éloignant des affaires et, surtout,
qui est dirigé contre Jacques d'York, lequel doit se démettre
de ses fonctions de grand amiral. Le souverain est également forcé
de conclure un traité séparé avec les Provinces Unies.
Tandis que l'ambassadeur d'Espagne à Londres lui transmet les propositions
de paix des Hollandais, il demande à Louis XIV de bien vouloir consentir
à la négociation particulière de l'Angleterre avec l'ennemi.
Mais, sans attendre de réponse,
Charles II soumet le projet de traité au Parlement, qui l'accepte : le
Roi Soleil est donc mis devant le fait accompli. "Je vous plains au lieu
de m'en plaindre. J'attends de votre affection que, lorsque vous ne pourrez
appuyer mes armes contre des ennemis qui cessent d'être les vôtres,
vous contribuerez avec plaisir dans la suite de cette affaire à me donner
des marques de votre affection", écrit-il au roi d'Angleterre le
1er février 1674.
Le 19 février, les plénipotentiaires
hollandais et anglais réunis à Westminster signent le traité
qui scelle la paix entre l'Angleterre et les Provinces Unies. Cet accord est
pour la France un coup d'autant plus dur que ses alliés sont invités
à suivre l'exemple des Anglais. De fait, Münster, Neubourg, Osnabrück,
le Palatinat et l'Electorat de Mayence vont tour à tour se détourner
de Louis XIV pour traiter avec l'Empereur Léopold 1er.
Abandonnée
par l'Angleterre et n'ayant plus comme alliés que la Bavière et
la Suède, la France est de plus en plus isolée face à la
coalition d'une bonne partie des Etats européens. Pour éviter
un désastre militaire, elle doit retirer ses troupes de Hollande. Le
Rhin et le front de l'Est vont désormais devenir la principal théâtre
des opérations.
Page MAJ ou créée le 2001