LOUIS XIII, LES ARTS ET LES SCIENCES
SIMON VOUET, PREMIER PEINTRE DU ROI
Pendant le premier quart du XVIIème siècle, la peinture française semble dominée par une certaine forme de maniérisme tardif hérité de la première école de Fontainebleau. En 1627, à la demande de Louis XIII, le peintre Simon Vouet rentre en France après un séjour de quelque quatorze années en Italie. Son retour va donner naissance à un nouveau mouvement pictural inspiré de l'art italien contemporain, alliant une facture classique à des couleurs claires et tranchées.
En 1627, Simon Vouet jouit en Italie d'un
renom tel que Louis XIII, qui pratique volontiers le dessin et la peinture,
ne peut manquer de le rappeler en France. Elève de son père, Laurent Vouet,
le peintre, né le 9 janvier 1590 à Paris, a fait précocement preuve de ses dons
et, à l'âge de quatorze ans, a été appelé en Angleterre pour y réaliser le portrait
d'une dame de qualite, Française en exil. Outre-Manche, il a exercé l'activité
de portraitiste puis, en 1611, a accompagné l'ambassadeur de France, Achille
Harlay, seigneur de Sancy, à Constantinople. Ayant décidé de poursuivre son
voyage jusqu'en Italie, il a débarqué à Venise en 1613 et s'est installé l'année
suivante à Rome, pour s'y fixer jusqu'à son retour en France quelque quatorze
ans plus tard.
D'abord peintre de portraits et de compositions religieuses,
Vouet a subi l'influence du réalisme et de la manière noire du Caravage, grand
peintre romain des premières années du XVIIème siècle. En 1623, quand son protecteur,
le cardinal Mafféeo Barberini, accède au trône pontifical sous le nom d'Urbain
VIII, sa réputation n'est plus à faire. Accumulant les succès, il est considéré
comme le chef de file de l'Ecole française à Rome et ouvre un atelier d'après
le modèle vivant, où tous ses compatriotes séjournant en Italie essaient d'être
reçus. En 1624, il est élu à la charge de "prince" (directeur) de
l'Académie romaine de Saint Luc, fait exceptionnel pour un artiste qui n'est
pas de nationalité italienne.
C'est donc un artiste à la réputation bien
établie que Louis XIII appelle en 1627 à Paris pour lui confier d'importants
travaux. Simon Vouet est logé au Louvre, est nommé premier peintre du roi et
reçoit une confortable pension. Sa manière, parfait compromis entre le baroque
italien et le clacissisme à la française, correspond au mieux à l'attente du
public parisien. Il est imédiatement submergé de commandes, d'oeuvres destinées
tant au roi qu'aux particuliers ou aux églises de la capitale. En 1641, le cardinal
de Richelieu lui commande une Présentation au Temple, composition soigneusement
architecturée et particulièrement réussie, aujourd'hui conservée au musée du
Louvre.
Mais c'est dans le domaine de la peinture décorative que Vouet apporte
les plus importantes innovations, jetant les bases d'un courant artistique français
qui va dominer la peinture pendant un siècle. Il donne la pleine mesure de son
talent à l'hôtel Seguier, à Paris, dont il décore la chapelle, la bibliothèque
et la galerie basse : les plafonds sont recouverts de peintures aux perspectives
accentuées, et certains personnages disposés dans une sorte de frise au bord
de la voûte semblent reposer sur la corniche. Bien que ce procédé créant l'illusion
ne soit pas inédit, il lui donne un nouveau souffle et une liberté jamais vue
jusque là.
A côté de son travail de décorateur, Vouet
reste un portraitiste de talent et peint plusieurs portraits de Louis XIII,
lequel l'apprécie tant, qu'il lui demande de lui donner des leçons de dessin.
Tous ces succès lui permettent, comme il l'a fait en Italie, d'ouvrir une école.
Les candidats affluent, et il va former toute une génération de jeunes talents
: les plus célébres des peintres du règne de Louis XIV, Charles Le Brun, Eustache
Le Sueur, Pierre Mignard et bien d'autres ont bénéficié de son enseignement.
Il encourage ses élèves à partir pour la Péninsule afin d'y parfaire leur art
et par l'étude des grands maîtres de l'Antiquité et de la Renaissance; lançant
ainsi la mode du voyage en Italie qui restera un passage obligé dans la carrière
de tous les artistes français jusqu'au XIXème siècle.
Néanmoins, la grande
ambition de Simon Vouet, pour laquelle il a oeuvré toute sa vie durant en créant
ses ateliers, une forme d'enseignement technique et historique dispensé à des
élèves soigneusement choisis et dignes de le recevoir, ne sera concrétisée que
par la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Hélas,
un an avant sa mort, le 30 juin 1649, et trop tard pour lui permettre de voir
la plupart de ses anciens élèves y être reçus!
Page MAJ ou créée le 2002