LOUIS VII LE JEUNE, LES PERSONNALITES
BERNARD DE CLAIRVAUX PRECHE LA SECONDE CROISADE
Pour l'Occident, la prise d'Edesse (l'actuelle Urfa turque) par les musulmans, en 1144, est une véritable catastrophe. Pour venir en aide aux Francs en difficulté en Terre Sainte, une deuxième croisade, prêchée par Saint Bernard à Vézelay, est lancée. Génial orateur, le moine cistercien convainc les foules et poursuit sa mission jusqu'en terre allemande.
Juché sur une estrade dressée au milieu
des champs, Bernard de Clairvaux lit la bulle du pape, Eugène III, qui exhorte les
Chrétiens à partir pour la deuxième croisade. La foule l'écoute avec la plus grande
attention. En ce jour de Pâques 1146, clercs et barons sont assemblés à Vézelay. Le
peuple s'est joint à eux au pied de la colline bourguignonne. La prédication a lieu en
plain air car la Basilique de la Madeleine est trop petite pour accueillir une si
nombreuse assistance.
Portant déjà la croix, la marque du croisé que lui a remis le pape, Louis VII, est là,
lui aussi, en compagnie de la reine Aliénor. La deuxième croisade est, en partie, mise
sur pied pour porter secours à l'oncle de la souveraine, Raymond de Poitiers, prince
d'Antioche. En Terre Sainte, la situation de ce dernier est devenue critique. Deux ans
auparavant, en novembre 1144, la prise et la mise à sac d'Edesse par les Turcs, menés
par Zengui, l'émir d'Alep, a fragilisé le pouvoir des Francs en Orient. Antioche est
aujourd'hui menacée.
Le pape Eugène III, un moine cistercien
formé spirituellement par Bernard de Clairvaux, a d'abord quelques réticences à appeler
à la croisade. En revanche, Louis VII est très enclin à monter une nouvelle expédition
militaire vers l'Orient. Réunis une première fois à Bourges, prélats et barons n'ont
pu se mettre d'accord.
Au début de l'année 1146, le pape, rallié à l'idée de la croisade, rédige plusieurs
bulles. Il s'agit de mobiliser de nouvelles troupes pour partir en Terre Sainte. Eugène
III fait de son ancien père spirituel le porte-parole de l'entreprise militaire et
religieuse. Pourtant, Bernard de Clairvaux, l'un des piliers de la Chrétienté au XII
ème siècle, aspire à quitter les soucis du siècle et à se retirer en son monastère.
Il en a fait la demande au pape. Mais, de nouveau rappelé par le souverain pontife, il
obéit et repart prêcher, mobiliser..
Pour la pâque, Louis VII a fait convoquer gens d'église et barons à Vézelay.
Prédicateur hors pair, génial orateur, Bernard de Clairvaux y donne le coup d'envoi de
la deuxième croisade. Devant la foule assemblée, il détaille les circonstances du sac
d'Edesse. S'appuyant sur les textes du pape, le prédicateur rappelle également les
avantages spirituels liés à la croisade, la remise des péchés et de leur pénitence.
Il ajoute à cette exhorte, une tonalité toute cistercienne, conseillant aux futurs
croisés l'austérité vestimentaire et le bannissement de la soie et de la fourrure.
Convaincant, le cistercien sait l'être.
Les acclamations de la foule, débordante d'enthousiasme, saluent la fin de sa
prédication. Chacun se précipite pour répondre à son appel. La reine Aliénor et ses
dames, elles aussi, veulent se joindre à la croisade. Des croix sont prêtes pour être
distribuées à ceux qui veulent devenir croisés. L'histoire a ses légendes. L'une
d'elles veut que, débordé par les demandes de la foule, le moine ait déchiré sa bure
pour fournir l'étoffe qui faisait défaut.
Vézelay est le coup d'envoi, la première étape. Bernard de Clairvaux multiplie ensuite
les déplacements, écrit de très nombreuses lettres. Le 12 mai, il est à Toul. Outre la
noblesse, le porte-parole du pape enrôle aussi le peuple. "Les bourgs et les
villages deviennent déserts, vous trouveriez difficilement un homme contre sept femmes.
On ne voit partout que des veuves, dont les maris sont encore vivants", raconte-t-il
au Saint Père dans une de ses missives.
Bernard de Clairvaux poursuit son périple en terre allemande. Il veut rallier les
féodaux germaniques à la deuxième croisade. En novembre 1146, il échoue une première
fois, face à l'empereur Conrad III Hohenstaufen qui refuse de se joindre à l'entreprise.
Conrad III vient d'installer une nouvelle dynastie sur le trône et estime sans doute
imprudent de partir au loin.
Le moine cistercien souhaite rentrer à Clairvaux. Les circonstances en décident
autrement. L'évêque de Constance veut le rencontrer, il y va. Et pour Noël,
l'empereur
convoque une assemblée à Spire. Pour s'y rendre, Bernard de Clairvaux retraverse
l'Allemagne. Lors d'un voyage triomphal, les foules le saluent comme un saint. A Spire, il
assiste à l'office et, mu par une soudaine inspiration, prend la parole. De nouveau, il
exhorte Conrad III. Cette fois, il trouve les mots pour convaincre et emporte enfin
l'adhésion de l'Empereur. Bernard de Clairvaux qualifie lui-même cet épisode de
"miracle des miracles".
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