L'ANGEVIN TIENT TETE AU PAPE
Pendant sept ans, Geoffroy Martel a gardé l'évêque du Mans, Gervais de Château du Loir, en captivité. Les prières et les menaces d'excommunication n'ont pu le contraindre à relâcher le prélat; même les interventions du pape Léon IX sont restées vaines. Dans une lettre adressée en 1052 au souverain pontife, l'Angevin se plaint de l'appui que Rome accorde à sa victime, "cet évêque criminel, cet homme indigne non seulement de sa charge épiscopale, mais de tout autre honneur, ce misérable, cette bête fauve, dont la langue venimeuse est en train de tout corrompre (...). Après tout, révérend père, je ne suis qu'un laïc, absorbé par les affaires de ce monde et j'aurais très bien pu ne pas me préoccuper des souffrances causées à l'Eglise du Mans par ta négligence et par celle des hommes qui président, sous ton autorité, aux destinées des églises", remarque-t-il avec hauteur. Ce langage (que cinquante ans plus tard, pas un seul baron n'osera tenir au pape) donne la mesure de la puissance de Geoffroy Martel et de son influence, qui s'étend bien au delà des frontières de ses vastes domaines.
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