LES CAPETIENS
HUGUES CAPET, SA VIE |
LA MORT D'HUGUES CAPET Homme prudent, habile et pieux, Hugues Capet s'éteint le 24 octobre 996, à l'âge d'environ cinquante cinq ans, victime de la variole. Son fils, qu'il a associé au trône depuis un peu plus de huit ans, devient roi sous le nom de Robert II le Pieux. Par cette passation de pouvoir en douceur, la dynastie des Capétiens s'établit plus solidement. A quelque cinquante cinq ans, Hugues Capet est déjà un vieil
homme, usé et fatigué, qui sent ses forces décliner. Aussi,
durant l'été 996, entreprend-il un voyage jusqu'aux confins de
la Bourgogne et de l'Aquitaine, au monastère de Souvigny, où repose
la dépouille de Saint Mayeul, le grand abbé de Cluny, qui a été
son ami et qu'il a tant admiré. En homme pieux, le souverain songe au
salut de son âme et attend de ce pélerinage un "réconfort
dans sa maladie". Peut-être aspire-t-il même à finir
ses jours en ce lieu saint, loin des pesantes responsabilités du pouvoir
et des tracas de la Cour. Durant quelques semaines, Hugues Capet se consacre à ses nombreuses
tâches royales, tout en se transportant, comme il en a l'habitude, de
domaine en domaine. Mais cette rémission est de courte durée.
En octobre, alors que la Cour se trouve aux environs de Melun, la santé
du souverain se dégrade brutalement. A tel point qu'il est obligé
de s'aliter. Mais les médecins appelés à son chevet sont
bien en peine de diagnostiquer sa maladie, encore moins de la soigner. D'autant
qu'une éruption de boutons purulents recouvre entièrement son
corps. Terrassé par la fièvre, le malade comprend que sa fin est
proche. Dans un ultime effort, il fait mander son fils Robert, l'héritier
du trône, avec qui il est en froid, car il désapprouve sa liaison
avec la belle Berthe, comtesse de Blois et veuve d'Eudes 1er. Sur son lit de
mort, il se réconcilie enfin avec le prince Robert. A sa demande, Hugues Capet se fait transporter dans la Beauce, en son château
des Juifs, nommé comme le lieu-dit où il a été érigé.
C'est là qu'il s'éteint le 24 octobre 996. Sa dépouille
est ensuite conduite à Saint Denis, la nécropole royale et ensevelie
dans la chapelle de la Trinité, où le souverain rejoint son père
Hugues le Grand, son grand oncle Eudes et Charles II le Chauve, le premier roi
des Francs de l'Ouest. Avec lui a pris fin l'épopée des Robertiens
et a commencé celle des Capétiens. Grâce à la clairvoyance
du monarque défunt, le prince Robert, qui devient Robert II le Pieux,
a été associé au trône un peu plus de huit ans plus
tôt. Il n'y a donc pas de crise de succession, mais une simple passation
de pouvoir, sans heurt ni contestation. Hugues Capet laisse l'image d'un homme
vif d'esprit, doté d'un corps vigoureux, comme le dépeint le moine
Glaber dans sa chronique. Surtout, les mots qui reviennent le plus fréquemment
sous la plume du chroniqueur Richer à son propos sont prudence, habileté,
piété. En ces temps où la force l'emporte sur toute autre
considération, le fondateur de la dynastie capétienne s'est distingué
comme "un esprit marqué par la raison" : il n'a rien décidé
sous le coup de la colère, de la douleur ou de la stupeur. Consultant
systématiquement ses familiers, il s'est montré homme de réflexion,
intelligent, il a toujours opté pour la meilleure voie à suivre,
mais, en cas de nécessité, n'a jamais hésité à
s'adapter aux circonstances. Page MAJ ou créée le |