LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE, CHEF D'ETAT |
COMPROMIS ET VOEU DE CROISADE Conclu à l'automne 1142 entre Louis VII et le comte Thibaud de Champagne, le traité de Vitry en Perthois n'a apaisé que temporairement le conflit religieux qui oppose le roi au pape Innocent II. Au printemps suivant, la querelle à propos de l'investiture de l'archevêque de Bourges n'a toujours pas été réglée et les terres du Capétien restent frappées d'interdit. Le roi de France est dans une impasse. Au printemps 1141, il a juré que Pierre de La Châtre, l'homme du pape élu contre sa volonté, n'occuperait pas le siège d'archevêque de Bourges. Et il entend tenir ce serment. Les cardinaux ont beau soutenir Macaire, l'abbé de Morigny envoyé à Rome par le roi, Innocent II, inflexible, refuse de lever l'interdit qui frappe le diocèse de Bourges. En outre, jaloux de l'autorité morale et de la renommée de Bernard de Clairvaux, qui prêche la réconciliation et dont l'abbaye passe pour la véritable "plaque tournante" de la Chrétienté, le pontife se défie du puissant abbé. Au point qu'il relance la querelle en enjoignant le sénéchal Raoul de Vermandois, dont il n'a pas voulu reconnaître le mariage en secondes noces avec Pétronille d'Aquitaine, de cesser toute relation adultérine avec la soeur de la reine Aliénor, sous peine de le frapper à nouveau d'excommunication. Conscient du fait que le traité de
Vitry, conclu avec Thibaud de Champagne, n'est qu'un marché de dupes,
le Conseil royal, dominé par les "durs" emmenés par
la reine, se répand en invectives contre le pape, contre le comte de
Champagne et sans doute aussi contre Bernard de Clairvaux. De son côté,
Louis VII prévient l'abbé bourguignon qu'en cas d'excommunication,
les hostilités reprendront aussitôt contre le comte Thibaud. Pendant
ce temps, la justice pontificale suit son cours. Lorsque Raoul de Vermandois
et Pétronille d'Aquitaine sont de nouveau excommuniés, le roi
considère le traité de Vitry comme rompu. L'évêque
de Paris vient de mourir. Le Capétien interdit au chapitre Notre Dame
d'élire son successeur. Celui de Châlons sur Marne, élu
depuis peu, n'a pas encore reçu l'investiture royale. Il refuse de la
lui accorder. Et il se prépare à la guerre. Le comte Thibaud s'empresse
de s'allier aux comtes de Soissons et de Flandre en négociant le mariage
de ses enfants. Voyant ainsi son vassal violer le serment d'allégeance
qu'il lui a prêté, Louis VII tempête! Les appels au calme
sont inutiles : les armées royales pillent déjà les campagnes
de Reims et de Châlons, et attendent l'ordre de passer à l'attaque. Finalement, la mort d'Innocent II, le 24 septembre
1143, permet de débloquer la situation. Le nouveau pape, Célestin
II, élève de Bernard de Clairvaux et de nature plus conciliante,
sait conjuguer rigueur et souplesse. S'il écrit à l'évêque
d'Arras pour stigmatiser l'attitude complaisante des évêques de
France à l'égard de la politique de Louis VII, il sait également
trouver le geste qui permet de désamorcer la crise : il lève l'interdit
qui pèse sur les domaines royaux depuis bientôt deux ans. Tout
n'est pas réglé pour autant. Le roi n'a toujours pas reconnu Pierre
de La Châtre archevêque de Bourges, même s'il autorise l'élection
d'un nouveau prélat à Paris et l'installation de celui qui est
élu à Châlons. En outre, le pape refuse de lever l'excommunication
lancée contre Raoul de Vermandois. Page MAJ ou créée le |