MONTSEGUR, FORTERESSE CATHARE
Dernier bastion du catharisme tombé sous
le règne de Louis IX, la citadelle de Montségur dresse sa massive silhouette
dans le ciel de l'Ariège. Sur un piton détaché du massif de Saint Barthélemy,
cet insolent nid d'aigle, chargé d'histoire et propice aux rêves mystiques,
fait aujiurd'hui figure de symbole de la "résistance" occitane.
Il y a plusieurs façons d'aborder Montségur.
Depuis l'ouest, par Foix et Lavelanet, on suit une route qui serpente paresseusement
dans les forêts de pins des contreforts pyrénéens. Le château apparaît au dernier
moment, entre deux arbres, juste avant que le chemin n'émerge des frondaisons
pour venir butter au pied du "pog", le piton rocheux au sommet duquel
trône la forteresse. C'est le trajet qu'ont emprunté les croisés au printemps
1243. De Puivert à l'est, la montagne qui porte Montségur est bien visible.
On gagne Belesta par la vallée avant de plonger dans les profondes gorges du
Lasset. La route suit le versant est du pog, surgit en contrebas du village
puis déroule ses lacets à flanc de colline jusqu'à l'ancien camp des croisés.
Le reste du chemin doit s'accomplir à pied, et trois quarts d'heure sont nécessaires
pour atteindre les portes de l'ancienne forteresse. Perché à 1 200 mètres d'altitude,
tel un vaisseau de pierre ancré entre ciel et terre, le château semble, aujourd'hui
comme jadis, défier le temps et les hommes.
Le château que l'on peut voir aujourd'hui
n'est pas celui qui soutint le siège de 1244. Au cours de son histoire, le site
de Montségur a été maintes fois remanié. Au XIIème siècle, l'Eglise s'inquiète
de l'importance que prend le catharisme dans le Languedoc. Le pape Inocent III
songe à la répression, et les rebelles à la loi de Rome, prenant conscience
de la menace, se préparent à une lutte qui leur semble inévitable. En 1204,
les membres de l'Eglise cathare de Mirepoix entrent en contact avec le seigneur
Raimond de Pereille, vassal du comte de Foix. Ils obtiennent que les ruines
sises au sommet du pog soient relevées. Montségur n'est alors qu'un gros donjon.
Une garnison s'établit dans la nouvelle forteresse, où des sympathisants du
catharisme viennent s'installer. Un village naît au pied des murailles. La croisade
menée par Simon de Montfort puis par Louis VIII fait affluer les réfugiés. En
1229, le traité de Paris-Meaux oblige les cathares à se cacher. Trois ans plus
tard, Guilhabert de Castres, un de leurs évêques, fait de Montségur le siège
de l'Eglise rebelle. Le château reste le seul refuge sûr de tout le midi. En
mai 1242, un détachement armé quitte Montségur pour Avignonet, où il massacre
un groupe d'inquisiteurs. En représailles, les troupes du roi et du pape mettent
le siège devant la forteresse. Au printemps 1244, l'armée croisée obtient la
reddition de la garnison et anéantit le catharisme dans un ultime bûcher. Louis
IX confie alors le château à la famille Lévis, qui le remanie à la fin du XIIIème
siècle, pour lui donner son apparence actuelle : une tour carrée adossée à un
haut rempart polygonal.
Au cours des siècles, Montségur perd de
son importance stratégique et finit par tomber en ruine. Au XIXème siècle, on
redécouvre les cathares, et le romantisme ne peut rester insensible à l'histoire
qu'a connue la citadelle cinq siècles auparavant. En 1862, les ruines sont classées
monument historique. En 1934, un étrange personnage fait son apparition sur
le pog. Otto Rahn est allemand et, ce que l'on ne sait pas alors, membre des
SS. Il rentre en relation avec Antonin Gadal, considéré comme le chef de file
du renouveau cathare, avec qui il parcourt les grottes de la région à la recherche
du Graal que les hérétiques auraient, selon lui, détenu... Quelques années plus
tard, Rahn rédige un ouvrage dans lequel il associe Montségur au "Montsalvat"
(le château de Graal) du Perceval de Wagner. Montségur cristallise ainsi
bien des fantasmes. Le jour du solstice d'été, dans le donjon, le soleil est
dans l'alignement exact des meurtrières se faisant face. Certains y ont vu la
preuve que le château était un temple et que les cathares vouaient un culte
au soleil... L'archéologie a permis d'écarter ces thèses. L'édifice où se produit
ce phénomène date de l'époque de Louis IX et n'a donc rien de cathare.
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