PHILIPPE 1ER, CHEF DE GUERRE
LES CROISES S'EMPARENT DE NICEE
(19 JUIN
1097)
Peu après avoir quitté Constantinople, l'armée crosisée arrive en vue de Nicée, première étape en Asie Mineure sur la route de la Terre Sainte. Le 19 juin 1097, après un mois de siège, la cité sera reprise aux Turcs Seldjoukides et remise à l'empereur d'Orient Alexis 1er Comnène.
Début mai 1097, l'armée de la première croisade, réunissant quelque 4 500 chevaliers et 30 000 fantassins, quitte Constantinople, poursuit son chemin vers la Terre Sainte en franchissant le détroit du Bosphore et en pénétrant en Asie Mineure. Avant de traverser le plateau d'Anatolie, les Francs ont pour objectif de reprendre Nicée, située à quelques lieues de la capitale de l'Empire d'Orient et tombée aux mains des Turcs Seldjoukides en 1071. Ils n'ont pas que pieuses préoccupations et espèrent non seulement se rendre maîtres de la riche citée, où règne le sultan d'Anatolie Kilij Arslan, mais aussi s'emparer d'un considérable butin, même si conformément à l'accord passé avec l'Empereur d'Orient, le basileus Alexis 1er Comnène, ils devront remettre la ville aux Byzantins.
Le 14 mai, les croisés arrivent devant Nicée. Le comte
de Toulouse, Raymond de Saint Gilles, est inquiet : le siège risque d'être plus
long que prévu tant la place est bien défendue, ceinte par de solides remparts
flanqués de puissantes tours et, en outre, protégée à l'ouest par le lac Ascanios.
Profitant de l'absence de Kilij Arslan, qui guerroie contre ses rivaux danishmendites
à Mélitène, ils engagent le combat le 21 mai.
"Pendant
deux jours, nous abordâmes la ville avec tant de courage et d'ardeur que nous
sapions ses murailles", rapporte un chroniqueur anonyme. Parvenant
à passer la porte du Midi, l'un des secteurs les mieux protégés, les hommes
d'Adhémar de Monteil, légat du pape Urbain II, et l'évêque du Puy, sont tout
prêts de pénétrer dans la cité. Pour les Turcs, la situation est critique. Le
sultan Kilij Arslan, qui jusque-là a sous estimé la menace, se précipite au
secours des assiégés; d'autant que sa jeune épouse, sur le point d'accoucher,
est parmi eux. Jusqu'au soir, la bataille fait rage. "De
nouveaux Turcs vinrent au secours des premiers, pleins d'alégresse et tout joyeux
d'un victoire certaine. Remplis de joie, ils commencèrent à descendre progressivement
du faîte d'une hauteur, mais à mesure qu'ils descendaient, ils restaient sur
place, la tête coupée par la main des nôtres", précise le chroniqueur.
Persuadé qu'il ne pourra pas avoir raison de l'armée croisée, le sultan rompt
le combat et envoie à Nicée un message conseillant aux défenseurs d'agir selon
leur intérêt : ce qui signifie qu'il vaut mieux, tant pour les musulmans que
pour les Grecs et les Chrétiens orthodoxes, se livrer à l'Empereur Alexis 1er
qu'aux Francs.
Tandis que des négociations s'engagent entre des représentants du basileus et les assiégés, les croisés se préparent à l'assaut final. N'hésitant pas à se livrer à un macabre stratagème, ils utilisent leurs machines de guerre pour projeter à l'intérieur des remparts les têtes des Turcs qu'ils ont décapités d'un coup d'épée. D'autres têtes sont portées à l'Empereur Alexis 1er, qui se dit ravi de ces trophées, témoignage de de sollicitude et gage de victoire. Courageusement, Nicée résiste. Si les Francs parviennent à entamer la muraille, les brèches sont aussitôt comblées : "Au cours de la nuit, les Turcs se levèrent en masse et réparèrent le mur si solidement qu'il fut désormais impossible de leur causer le moindre dommage de ce côté", explique notre témoin. Les barons croisés font élever de hautes tours en bois équipées de catapultes et tentent de resserrer le blocus. En vain : le ravitaillement continue à arriver par le lac Ascanios. Alexis 1er envoie des navires par voie de terre, tirés pendant quatre jours par des attelages de boeufs. Le 17 juin, les bateaux byzantins sont mis à l'eau : cette fois, Nicée est totalement coupée de l'extérieur. Le lendemain, la flotte de l'amiral grec Butumitès passe à l'attaque, tandis que les croisés se lancent à l'assaut des remparts. Terrorisée à l'idée d'être massacrée par les Francs, la population de Nicée finit par s'en remettre au basileus, qui accepte sa reddition. Le 19 juin 1097, la garnison turque capitule alors que les étendards impériaux bleu et or flottent déjà fièrement sur les remparts. Pour les croisés, la route vers Jérusalem est encore longue, mais la prise de Nicée semble augurer d'éclatantes victoires à venir.
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