LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE,
Chef d'Etat |
De longs préparatifs A peine devenu pape à la fin de l'année 1187, Clément III fait de la croisade le but principal de sa politique pontificale. Il parvient à faire la paix avec l'empereur Frédéric 1er Barberousse, lequel fait voeu de croisade. Les rois de France et d'Angleterre ne peuvent faire autrement que suivre son exemple, bien qu'à leur corps défendant. C'est ainsi que, lors de l'assemblée de Gisors, le 21 janvier 1188, Philippe II Auguste prend la croix en même temps qu'Henry II Plantagenêt. Les Etats latins sont en péril : en juillet 1187, Saladin, neveu du maître d'Alep, l'a emporté sur Gui de Lusignan. La plupart des chevaliers latins ont disparu dans ce combat; les villes d'Acre, de Jaffa, de Beyrouth et de Jérusalem sont tombées. Les Etats francs sont réduits à une bande côtière. L'empereur Frédéric 1er Barberousse a pris la croix au cours de la diète tenue à Mayence au printemps 1188 et, avec beaucoup de chevaliers et de prélats, a réuni sans attendre une grande armée, qui s'est mise en route dès le mois de mai 1189. Philippe II Auguste et Henry Plantagenêt, sous l'influence du cardinal d'Albano, légat du pape, prennent la croix le 21 janvier 1188, lors de l'assemblée de Gisors. Ils sont émus par les prières des émissaires venus de Terre Sainte, et par l'enthousiasme des hommes d'Eglise et des chevaliers, qui font le voeu de partir en croisade en grand nombre. Mais les deux rois se méfient l'un de l'autre et hésitent à partir. Philippe Auguste, notamment, est plus l'homme d'une politique pratique et lucrative que d'aventures héroïques. En 1189, il écrit au nouveau roi d'Angleterre, Richard 1er Coeur de Lion : "Votre amitié saura que nous brûlons du désir de secourir la terre de Jérusalem et que nous faisons les voeux les plus ardents pour y servir Dieu". Mais en réalité, il part à regret et à reculons! Instruit par les premières années de son règne, il sait qu'aucun acte royal n'est neutre et que son absence du royaume risque d'avoir de lourdes conséquences. Aussi, avant de quitter Paris, en 1190, en prévision des désordres possibles, fait-il commencer la construction d'une enceinte continue autour de la capitale. Des travaux analogues sont commandés dans les autres villes importantes du domaine royal. Enfin, le Capétien rédige son testament, par lequel est organisé le gouvernement de la France pendant la croisade. La reine Isabelle de Hainaut venant juste de mourir, la régence
est légalement dévolue à la reine douairière Adèle
de Champagne et, comme la tradition le veut, le roi adjoint à sa mère
son oncle l'archevêque de Reims, Guillaume aux Mains Blanches. Les deux
régents de droit sont donc précisément ceux dont Philippe
Auguste a rejeté la tutelle au début de son règne. Aussi
prend-il dans son testament toutes les précautions imaginables pour les
empêcher d'abuser du pouvoir. Ils ne sont pas ainsi seuls à être
investis de l'autorité : le roi leur donne comme auxiliaires "ceux
qui seront présents au palais", des membres du conseil privé,
clercs, chevaliers et bourgeois, notamment un moine de Grandmont, frère
Beranrd de Coudrai, un administrateur, Pierre le Maréchal, un chevalier,
Guillaume de Garlande, un clerc de la chapelle, Adam. Ces hommes de confiance
devront aider et, peut-être, surveiller les régents... Philippe
Auguste a confié le trésor aux Templiers, et les clefs en sont
remises non aux régents, mais à Pierre le Maréchal et à
six notables de Paris. Ce sont aussi ces bourgeois qui ont la garde du sceau
royal. Page MAJ ou créée le |