LES CAPETIENS
CHARLES IV LE BEL, SA VIE

 

LE SACRE DE CHARLES IV LE BEL

Début janvier 1322, Charles IV le Bel, le dernier des fils de Philippe le Bel, succède à son frère aîné Philippe V le Long, mort sans héritier mâle. Le 21 février, il va être sacré à Reims par l'archevêque de Reims, Robert de Courtenay.

Philippe V le Long est mort dans la nuit du 2 au 3 janvier 1322 sans laisser d'héritier mâle. Son frère cadet, le comte Charles de La Marche, dernier fils survivant de Philippe le Bel, oublie brusquement qu'en 1316, dans les mêmes circonstances, il s'est prononcé en faveur de sa nièce Jeanne de Navarre, fille de Louis X le Hutin, lui aussi mort sans héritier mâle. Mais aujourd'hui, c'est sans aucune hésitation qu'il se fait proclamer roi sous le nom de Charles IV. Il est soutenu par les légistes qui, pour la plupart, repoussent l'idée de confier les destinées du royaume à une femme, redoutant que, par le biais du mariage, la Couronne ne tombe entre des mains étrangères. Jeanne de France, l'aînée des filles de Philippe V, est donc écartée du trône bien qu'aucun texte ne s'oppose à la succession en ligne féminine.

Le sacre de Charles le Bel étant prévu pour le 21 février, la ville de Reims dispose d'un bon mois pour préparer les festivités, qui dureront trois jours. Il lui faut aussi réunir l'argent nécessaire à ces lourdes dépenses, et ce au grand dam des bourgeois : car, depuis la mort de Philippe le Bel huit ans plus tôt, c'est le troisième de ses successeurs qu'on s'apprête à sacrer. Malgré l'état déficient des finances de la cité, pas question de faire des économies et de lésiner sur le cérémonial. On réussit à amasser des quantités impressionnantes de vivres, pas si faciles de trouver en hiver. Des dizaines de boeufs, de veaux et de porcs, des centaines de moutons et de lapins, un millier de chapons et d'oisons, et même plusieurs milliers de poules et de poulets sont préparés en prévision du festin. La municipalité passe commande de deux mille fromages et de plus de trois cents tonneaux de vin. Les pâtissiers s'affairent, édifient de fragiles et délicieux châteaux en pâte d'amande. Pendant ce temps, la ville se pare de draperies et de soieries tendues aux façades des maisons. Des arcs de triomphe sont érigés; les portes sont décorées et surmontées des armoiries royales.
La veille du sacre, Charles le Bel fait son entrée solennelle à Reims. Alors qu'il se rend au palais archiépiscopal, où il doit loger, il assiste à des représentations théâtrales, à des mystères et à de multiples divertissements. Il est accompagné des seigneurs et des belles dames de la Cour dont les riches parures offrent un spectacle chatoyant et coloré. Le bon peuple dévore ces merveilles des yeux : d'autant que le roi a fait habiller de neuf ses sergents d'armes, ses chambellans et ses veneurs.

Après un repas pris en compagnie de ses officiers et des moines du chapitre, le roi se rend à la cathédrale pour se recueillir et faire oraison. Dans le sanctuaire déjà paré pour les célébrations du sacre, une grande estrade se dresse au milieu du choeur. C'est là que l'archevêque de Reims, Robert de Courtenay, explique à Charles le Bel le cérémonial qu'il devra suivre le lendemain. Le souverain a déjà assisté au sacre de ses défunts frères Louis X le Hutin et Philippe V le Long, mais cette fois il tiendra le premier rôle.
Le 21 février, allongé sur son lit de parade décoré aux armes de France, revêtu d'une longue robe de velours et les mains jointes sur la poitrine, il est conduit en procession par les évêques, qui s'arrêtent plusieurs fois pour prier. A son arrivée dans la cathédrale, où une foule nombreuse se presse, il prend place sur le trône, puis les cérémonies commencent par un vibrant Te Deum. Tandis que l'archevêque Robert de Courtenay lui pose les questions rituelles, Charles promet solennellement de protéger l'Eglise et le peuple, de redresser les iniquités, de faire régner la justice et la paix. Il scelle son serment au bas d'un parchemin qu'il remet au prélat. Après quoi il s'agenouille devant l'autel et défait sa robe. C'est en chemise que, humblement, il baise l'épée d'or du sacre, puis reçoit par sept fois l'onction sacrée. Il se voit enfin remettre les insignes de la royauté, le sceptre d'or et la main de justice en ivoire. Il ne lui reste plus alors qu'à être couronné par l'archevêque et par les Grands. Quand s'élève le traditionnel Vivat Rex in aeternum, les cloches se mettent à carillonner joyeusement, tandis que le nouveau souverain se dirige vers le parvis, où la foule l'attend pour l'acclamer.

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