LES CAPETIENS
LOUIS VI LE GROS ET LES PERSONNALITES

 

GUILLAUME LE CONQUERANT, VAINQUEUR A HASTINGS

La construction de la Normandie achevée, Guillaume le Bâtard, brigue le titre de roi d'Angleterre. A l'automne 1066, la plus importante expédition amphibie menée depuis l'Antiquité prend terre à Pevensey, dans le Sussex. Point d'orgue de son entreprise, la bataille d'Hastings lui permet de se rendre maître du terrain. C'en est fait d'Harold II, dernier roi anglo-saxon, l'Angleterre est désormais sous domination normande.

Ils sont Bretons, Français, Flamands, et bine sûr, Normands, de loin, les plus nombreux. La colonne armée, forte de 7 000 hommes, se met en branle au petit matin du 14 octobre 1066. Elle s'éloigne de la côte pour rejoindre, plus au nord, les collines entourées de marécages de Battle Hill. Fidèle à sa réputation de meneur d'hommes, Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, chevauche en tête. L'étendard papal, le Vexillum Sancti Petri, flotte au vent. Fort du soutien du pape Alexandre II et de l'empereur Henri IV, c'est en héritier légitime, et non en conquérant, que Guillaume a abordé la terre anglo-saxonne pour en découdre avec Harold.
Ce dernier, en janvier, quelques heures à peine après la mort d'Edouard le Confesseur, s'est fait donner le titre de roi d'Angleterre. Pour Guillaume, il n'est rien d'autre qu'un usurpateur. Reprendre ce qui est, à ses yeux, lui revient de droit , tel est l'enjeu de la bataille dans laquelle le Bâtard va lancer ses troupes.
Harold a déjà posté ses hommes sur les hauteurs d'Hastings privant ainsi son adversaire du choix du terrain. Corps d'élite de l'armée anglo-saxonne, les Housecarls occupent la première ligne. Ils sont là près de 2 000, armés d'une épée et de la grande hache qui se manouvre à deux mains. Derrière eux, la piétaille, environ 6 000 hommes, est déployée sur une dizaine de rangs. Les chevaux sont absents de ce dispositif. Les Anglo-Saxons ne connaissent pas l'art équestre dans le combat et ils vont en payer le prix fort.

L'armée de Guillaume compte plus de 7 000 hommes. Les Bretons occupent l'aile gauche, au sud-ouest ; les Flamands et les Français l'aile droite ; les Normands sont au centre. A l'avant un millier d'archers s'apprêtent à engager les hostilités. A l'arrière, les fantassins sont 4 000 à brandir piques et javelots. Enfin, plus de 2 000 cavaliers complètent le tableau. Soudain, la vois rauque de Guillaume retentit depuis le poste de commandement établi, en retrait, sur les pentes de Telham Hill. Immédiatement, les archers s'avancent à portée de tir et envoient une volée de flèches. En pure perte. L'ennemi les surplombe et le tir perd en précision. L'infanterie lourde prend aussitôt le relais, s'efforçant de gravir les pentes de Battle Hill. Mais une pluie de projectiles divers, flèches, lances légères, pierres coupantes fixées dans des bâtons fendus, s'abat sur les Bretons. Les Normands, freinés dans leur ascension par une pente plus abrupte, laissent ainsi aux Anglo-Saxons le temps d'amorcer une manouvre d'encerclement des Bretons qui reculent en désordre. Les Normands se voyant à leur tour découverts sur leur flanc gauche battent en retraite. Dans un effet boule de neige, la désorganisation touche à son tour l'aile droite. Guillaume doit à tout prix reprendre ses troupes en main. Ne rechignant pas à donner de sa personne, il s'empresse de quitter son poste de commandement pour gagner le champ de bataille.

Mal lui en prend car un javelot atteint mortellement son cheval. Aussitôt la rumeur se répand : "Guillaume est mort !" C'est la débandade. Profitant de la déroute de l'adversaire, l'impulsif Harold ordonne une contre-attaque, tant il croit la victoire à sa portée. Une partie de ses troupes quitte leur position à flanc de colline pour donner la chasse aux Bretons et aux Normands. Erreur fatale ! Entre-temps, Guillaume s'est emparé de la monture d'un chevalier battant en retraite, a relevé le nasal de son casque afin que tous le reconnaissent. Il lance aussitôt sa cavalerie dans la bataille. La première tentative de contre-attaque anglo-saxonne est écrasée. Ce ne sera pas la seule.
Dans l'après-midi, la cavalerie normande est engagée en masse. A plusieurs reprises, les troupes du duc battent en retraite. Celles d'Harold se risquent à nouveau à quitter les hauteurs pour se lancer à la poursuite des Normands. A chaque fois, la cavalerie fait demi-tour et décime ses poursuivants. La feinte est payante. En fin d'après-midi, les Anglo-Saxons affichent de lourdes pertes. Harold est tué sous les coups de Guillaume et de ses compagnons qui ont réussi à forcer le passage jusqu'à son poste de commandement.
Guillaume n'est plus le Bâtard. Il est désormais le Conquérant, en attendant d'être couronné roi d'Angleterre, le jour de Noël 1066, à l'église abbatiale de Westminster.

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