LES CAPETIENS
LOUIS VIII LE LION CHEF DE GUERRE

 

LA DEFAITE DE LINCOLN : LE PRINCE LOUIS DOIT RENONCER A LA COURONNE D'ANGLETERRE

Héritier de la Couronne de France, le futur Louis VIII espère bien également ceindre celle d'Angleterre. A l'appel des barons anglais, il est entré dans Londres, en mai 1216, en prince libérateur. Quelques mois plus tard,  la mort du tyran Jean Sans Terre l'assure en principe, du trône d'Angleterre. Mais il n'en est rien. Débarrassés d'un roi honni, la noblesse et le clergé anglais se hâtent de placer le jeune Henry, héritier du Plantagenêt, sur le trône. Les défections succédant aux défaites militaires, Louis voit ses prétentions à la Couronne d'Angleterre anéanties.

Le prince Louis est accablé. Il a conquis l'Angleterre en libérateur et voilà que la mort de Jean Sans Terre ruine toutes ses espérances. Ceux qui avaient requis son aide, ainsi que le pape et son légat Galon, s'emploient désormais à restaurer le pouvoir des Plantagenêt. Alors que Guillaume le Maréchal est nommé Régent, il est entendu que la couronne ira à Henry, le fils de Jean Sans Terre. Le 28 octobre 1216, évêques et barons anglais font serment d'allégeance au jeune roi de neuf ans qui est sacré à l'abbaye de Westminster.

Ce retournement de situation place le futur Louis VIII dans une position délicate. La mort de Jean Sans Terre le prive de son meilleur argument. Désormais l'Angleterre n'est plus gouvernée par un roi honni de tous. Le légat Galon déclare que "les péchés du père ne peuvent retomber sur le fils". Le pape Honorius II reconnaît le jeune Henry comme "son très cher fils, pupille du Saint Siège et croisé". Son adversaire ainsi légitimé au plan religieux, Louis perd le soutien de onze évêques et les défections se font de plus en plus nombreuses. Cependant, le futur roi de France ne perd pas espoir. Il tient encore Londres, la basse vallée de la Tamise, l'est du pays et la majeure partie du littoral. Ses adversaires ont conservé l'ouest et des places fortes telles que Douvres ou Lincoln. Alors que Guillaume le Maréchal propose une amnistie à ceux qui rallieront le parti  du Plantagenêt, Louis cherche à tout prix à éviter les défections de ses alliés. Il adopte finalement une position défensive face à un peuple pour lequel une guerre civile ne se justifie plus.
Le ralliement de la noblesse anglaise au parti du jeune Henry III n'est que partiellement acquis. Louis en profite pour accentuer la pression sur deux objectifs militaires : la forteresse de Lincoln et le port de Douvres. Mais les Français sont trop peu nombreux et la poursuite de la guerre nécessite des renforts. Très vite, Louis comprend qu'il ne peut compter que sur l'aide de son père, Philippe Auguste. Celui-ci, sceptique sur les chances de réussite de son fils est soucieux de conserver de bons rapports avec Rome. Menacé d'excommunication par le pape s'il ne quitte pas l'Angleterre, Louis est de plus en plus isolé.

Déterminé à aller jusqu'au bout, Louis repasse à l'action et entame pour la quatrième fois le siège de Douvres. Pendant ce temps, le gros de son armée assiège Lincoln. C'est là que Guillaume le Maréchal lance ses troupes à l'assaut, le 20 mai 1217. Les partisans de Louis, anglais et français, s'opposent sur la stratégie à adopter. Refusant le combat en rase campagne, ils se replient dans la cité. Mais ils ne peuvent empêcher l'adversaire d'y pénétrer et se retrouvent pris dans une souricière. Quatre cents chevaliers français sont faits prisonniers. Pour Louis, cette défaite est militairement désastreuse. Des pourparlers de paix sont engagés, mais le légat Galon reste intraitable. En homme d'honneur, le prince décide de poursuivre le combat. Mais les forces lui manquent et cette fois, il ne peut plus compter sur l'appui de son père qui voit dans la défaite de Lincoln la fin de l'épopée anglaise. Une dernière fois, Blanche de Castille, son épouse, tente d'obtenir de nouveaux renforts du roi de France. Le 24 août 1217, une flotte française, commandée par Eustache le Moine et rassemblant une dizaine de grands vaisseaux et une soixantaine de barques, appareille de Calais. Mais Louis a été lâché par les barons qui tiennent les cinq ports du sud de l'Angleterre. Les vaisseaux d'Henry III ont ainsi tout loisir de fondre sur la flotte française. A l'issue d'un violent combat naval, tous les chevaliers français sont capturés et Eustache le Moine décapité. Vaincu sur terre et sur mer, Louis abandonne la partie. Le 11 septembre, il signe le traité de Lambeth. Celui-ci garantit l'amnistie totale des nobles qui ont pris son parti (les ecclésiastiques ne l'obtiendront pas), la restitution réciproque des prisonniers, la reconnaissance des privilèges accordés par la Grande Charte. Enfin, pour son départ d'Angleterre, Louis obtient une généreuse indemnité de 10 000 marcs.

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