LES CAPETIENS
HENRI 1ER, CHEF D'ETAT

 

HENRI 1ER CEDE LA BOURGOGNE EN APANAGE
(JUILLET 1034)

Pendant quatorze ans, Robert II le Pieux doit batailler ferme pour se rendre enfin maître du duché de Bourgogne, en janvier 1016. Après sa mort, une vingtaine d'années plus tard, et à la suite des intrigues de la reine Constance, son fils et successeur Henri 1er va défaire sa grande oeuvre. La Couronne de France va ainsi perdre le riche duché, cédé en apanage à Robert, le plus jeune des fils du roi.

En 1005, après s'être imposé face au comte Otton Guillaume de Mâcon, fils adoptif du du duc Henri le Grand, Robert le Pieux s'est rendu partiellement maître de la Bourgogne, province sur laquelle il exerce, en personne, le Gouvernement. Mais Brun de Roucy, l'évêque de Langres, a refusé de se soumettre à son autorité et le conflit, auquel aucune solution définitive n'a encore pu être trouvée, renaît de façon sporadique.

En janvier 1016, Brun de Roucy rend l'âme. Son successeur, Lambert de Vignory, s'empresse de remettre les clés de Dijon au roi. Celui-ci entre en vainqueur dans la cité, dont il fait la capitale du duché bourguignon. Le comte Otton Guillaume de Mâcon ayant définitivement renoncé à ses prétentions, nul n'entend plus contester le titre ducal à Robert le Pieux, et la question est close après quatorze longues années de guerre. La Bourgogne, désormais totalement partie intégrante du domaine royal, n'est en outre plus susceptible de tomber dans la mouvance de l'Empire germanique.
Fort de son succès, tant politique que militaire, Robert le Pieux remet le duché de Bourgogne à son deuxième fils, le futur Henri 1er. Mais il ne lui en confie toutefois l'autorité qu'à titre nominal et continue à gouverner personnellement la riche province. Le dimanche de Pentecôte 1017, le roi, comme son père Hugues Capet l'avait fait pour lui en 987, associe au trône Hugues Capet, son fils cadet, âgé de dix ans.
Mais en 1024, Hugues meurt soudainement, réduisant à néant les dispositions prises par Robert le Pieux pour sa succession. Le dimanche 15 mai 1027, à la cathédrale de Reims, Robert le Pieux fait couronner l'aîné de ses fils survivants, Henri 1er. Celui-ci, âgé de près de dix huit ans, est non seulement duc de Bourgogne, mais est aussi promis à devenir roi de France et à recevoir un héritage sur lequel son père exerce encore fermement son autorité. Mais l'intervention intempestive de la reine Constance de Provence va ruiner la belle ordonnance des arrangements prévus par Robert le Pieux. L'autoritaire et acariâtre souveraine accuse Henri d'être "dissimulé, indolent, efféminé et totalement porté à négliger les intérêts de son père". Contre son époux, elle soutient Robert, le troisième de ses fils et son préféré, âgé de bientôt quinze ans. Selon elle, celui-ci a toutes les qualités requises pour régner.

La querelle, dans laquelle la reine, multipliant les intrigues, va entraîner la majeure partie des grands vassaux, va tourner à la rébellion féodale et durer jusqu'à la mort de Robert le Pieux, le 20 juillet 1031. Henri 1er, à son avènement, doit se battre pour son trône et juguler l'opposition de sa mère et de la ligue formée par les féodaux qui ont pris parti pour son jeune frère Robert, à qui ils veulent donner la Couronne. Selon le moine Raoul Glaber, ce n'est qu'à la mort de la reine Constance, en 1032, qu'une solution est trouvée au conflit qui oppose les fils de Robert le Pieux. En juillet, pour y mettre fin et obtenir la paix, Henri 1er cède le duché de Bourgogne en apanage à son cadet, en pleine propriété et en tant que fief héréditaire. Le duc Robert donne ainsi naissance à une nouvelle tige de la Maison de Bourgogne. Sa lignée s'éteindra en 1361 mais régnera sur le Portugal jusqu'en 1385, par l'intermédiaire de la branche cadette issue de son petit-fils, le comte Henri de Lusitanie.
Henri 1er défait ainsi le grand oeuvre de son père, qui a tant batailler pour intégrer la Bourgogne au domaine royal. La Couronne de France perd le duché qui, s'il reste soumis à l'autorité d'un Capétien, n'est cependant plus en aucune manière sous son contrôle.

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