LES CAPETIENS
PHILIPPE
III LE HARDI, SA VIE
Marie
de Brabant
PHILIPPE LE HARDI EPOUSE MARIE DE BRABANT
Veuf d'Isabelle d'Aragon depuis juillet 1271, Philippe III le Hardi songe à se remarier, d'autant qu'une nouvelle union lui permettrait de renforcer ses alliances. C'est ainsi que le 21 août 1274, il va épouser Marie, la soeur du duc Jean de Brabant.
Philippe III le Hardi a perdu sa première épouse,
Isabelle d'Aragon, en juillet 1271, sur le chemin du retour de la huitième
croisade. Quatre fils étant nés de cette union, le roi n'a aucune
inquiétude à avoir sur l'avenir de la Couronne. Cependant il ne
souhaite pas vivre seul et cherche à se remarier. Or il se trouve que
le duc Jean de Brabant a une soeur, Marie. Cette jeune fille, qui va sur ses
vingt ans est fort réputée pour sa beauté et sa grâce.
De nombreux prétendants lui font une cour assidue, parmi lesquels les
comtes de Flandre, du Hainaut et de l'Artois, qui se sont déclarés
et ont demandé sa main à son frère.
D'autres seigneurs
brûlent eux aussi en secret pour la belle Brabançonne : admis à
la Cour de Bruxelles, mais moins puissants, ils ne se considèrent cependant
pas d'aussi haut lignage pour être des partis convenables. Le comte de
Namur fait partie de ces amoureux transis qui osent à peine lever les
yeux sur Marie de Brabant. Jeune homme valeureux et de noble figure, il est
l'un des plus ardents soupirants de la princesse. Et, contrairement à
ses rivaux, il est aimé en retour.
Finalement, l'amour est le plus fort, et le comte de Namur
ose demander la main de Marie de Brabant. Le duc Jean l'estime et souhaite lui
être favorable. Si bien qu'il ne diffère sa réponse que
d'une journée, le temps pour lui de connaître les intentions et
les sentiments de sa soeur, qu'il aime tendrement et désire rendre heureuse.
Soulagé, le comte de Namur attend la décision de son suzerain
en toute confiance...
Mais, ce même jour, un ambassadeur de Philippe
le Hardi, qui entretient alors des relations assez froides avec le duc de Brabant,
arrive à la Cour de Bruxelles. Le roi de France l'a chargé d'offrir
la paix au duc Jean et de conclure un traité dont la première
condition sera son mariage avec Marie. Cette offre venant d'un des plus puissants
souverains d'Occident est fort séduisante. Philippe le Hardi est un seigneur
puissant, avec qui il est du plus haut intérêt de nouer une relation
militaire, politique et matrimoniale. Le duc de Brabant est en outre extrêmement
flatté d'être ainsi sollicité. Il reçoit l'ambassadeur
du Capétien avec éclat et répond conformément aux
désirs de Phiippe le Hardi. En de telles circonstances, il ne se préoccupe
plus du tout des sentiments de sa soeur. Il ne songe pas un seul instant à
la consulter, et c'en est fini des espoirs du comte de Namur. Les adorateus
de Marie de Brabant ne peuvent que s'incliner devant la décision du prince
et, devant un rival trop puissant, sont contraints de se retirer en silence.
Le traité de paix et d'alliance est très vite conclu.
Peu après,
la fiancée, ravalant ses larmes, quitte Bruxelles, accompagnée
par l'ambassadeur de France, par les dames de sa cour et par une suite nombreuse
et brillante.
Dès son arrivée à la Cour du Capétien,
Marie de Brabant, bien qu'un peu mélancolique, charme tout le monde par
sa beauté. Comme dans son pays natal, elle conquiert tous les coeurs.
Philippe le Hardi tombe aussitôt vivement amoureux de cette jeune princesse
de neuf ans sa cadette, à qui, après quelque temps, il parviendra
à faire oublier le visage aimable du comte de Namur.
Les noces sont
célébrées le 21 août 1274 dans la magnificence, le
roi désirant que tous prennent part au bonheur du couple royal. A cette
époque, la Cour de France est encore assez austère, et l'on n'y
badine pas avec la fidélité conjugale : l'influence des moeurs
méridionales, des troubadours et des "cours d'amour" ne se
fera sentir que bien après le rattachement du Languedoc au royaume de
France. La foule nombreuse assistant à la cérémonie, la
pompe des célébrations, la magnificence et la longueur des réjouissances
sont destinées à souligner le caractère exceptionnel des
liens contractés par les époux et à contribuer à
les faire respecter toute la vie. Le mariage est, au même titre que le
baptême, un sentiment religieux nécessitant le libre consentement
des époux, recueilli par le prêtre, et leur fidélité.
Aussi, pendant toute la cérémonie et les fêtes, les religieux
sont-ils constamment présents afin de prononcer de nombreux sermons et
de bénir la chambre nuptiale.
Le 25 juin de l'année suivante,
Marie de Brabant sera couronnée à la Sainte Chapelle du palais
de l'île de la Cité et deviendra ainsi pleinement reine de France.
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