LES CAPETIENS
PHILIPPE III LE HARDI, CHEF D'ETAT

 

PHILIPPE III LE HARDI SE PROCLAME REGENT DE NAVARRE

Le royaume de Navarre, fondé au IXème siècle et campé au coeur des Pyrénées, est soumis aux pressions, souvent antagonistes, de ses voisins castillans, argonnais et français. Les rois de Navarre, installés dans leur capitale, Pampelune, ont longtemps résisté. Mais, bientôt, le petit royaume va passer sous influence française.

Le 21 juillet 1274, lorsque Henri 1er le Gros, roi de Navarre, comte de Champagne et de Brie, meurt, il laisse comme seule héritière une petite fille âgée d'un an à peine, Jeanne. Alors que Castillans et Aragonnais se ruent immédiatement sur son royaume, sa veuve, Blanche d'Artois, cousine du roi Philippe III le Hardi, désirant protéger son enfant  de la convoitise de ses puissants voisins espagnols, s'en va chercher asile et protection en France.
Réfugiée à la Cour de Philippe le Hardi, la reine Navarre, malgré son très jeune âge, est déjà un parti très convoité. Dès le berceau, elle a été fiancée par son père à un prince d'Outre-Manche. Mais, aujourd'hui, les Anglais sont loin. Et les Espagnols beaucoup trop près... Aussi Blanche d'Artois juge-t-elle opportun de promettre la main de Jeanne au fils du roi Pierre III d'Aragon. Mais, Philippe le Hardi, lui, décide que le royaume de Navarre doit rester aux mains de la famille capétienne.

En vertu du traité signé en mai 1275 à Orléans, le roi de France s'engage à aider les Navarrais à se défendre contre leurs voisins espagnols. En échange de quoi, Jeanne épousera son second fils, prénommé Philippe. En 1276, à la mort du dauphin Louis, celui-ci devient l'héritier du trône de France; ainsi Navarre, Champagne et Brie sont-elles promises à être réunies au domaine royal... Philippe le Hardi exige aussitôt que sa petite cousine lui soit confiée et soit éduquée à la Cour, comme il sied à une future reine de France.
Tandis que Jeanne et le futur Philippe le Bel partagent études et divertissements, le roi se proclame Régent de Navarre au nom de sa pupille. Par ailleurs, il charge des gouverneurs français d'administrer le royaume pyrénéen. Bien qu'ils soient installés à Pampelune, ceux-ci ne respectent ni les lois ni les traditions locales, heurtant le nationalisme des Navarrais.
Bientôt, une vive opposition naît à Pampelune entre pro et anti-français. Les premiers, habitant les faubourgs Saint Sernan et Saint Nicolas, jouissent d'exemptions de taxes. Les seconds, qui vivent à Navarreira (le quartier de la cathédrale des Vieux Basques), jaloux des privilèges de ceux qu'ils surnomment les Francos, cherchent à s'allier aux Catalans et finissent par se révolter. Pendant toute une année, la guerre civile va faire rage.

Philippe le Hardi, qui n'entend pas laisser la Navarre sortir de l'orbite française, envoie Eustache de Beaumarchais, épaulé par son cousin Robert II d'Artois, l'oncle de la petite reine Jeanne, mater la rébellion. Avec l'aide des Francos, les hommes du roi assiègent le quartier de Navarreira et, dès la fin de l'année 1276, la région est pacifiée.
 Mais les Navarrais ne s'en tiennent pas là. Tous partis confondus, ils veulent désormais faire respecter leur droit coutumier. Ils envoient des ambassadeurs en France plaider leur cause auprès de Philippe le Hardi et de leur reine légitime. Ils insistent également pour que Jeanne de Navarre et son fiancé, le dauphin Philippe, reçoivent le sacre et viennent résider dans leur capitale, Pampelune. Mais, Jeanne ne se rendra jamais dans son royaume, qu'elle se contentera d'apporter en dot à son époux, comme la Champagne et la Brie, lors de son mariage, le 16 août 1284.
Devenu roi de France, Philippe le Bel repoussera ce voyage et se sacre en Navarre faute de temps. Mais il ne négligera pas pour autant de respecter les coutumes de ses sujets pyrénéens. Le jour de son couronnement, il sera le premier souverain français à signer " Roi de France et de Navarre" et à ajouter sur sa bannières aux lys de France les chaînes entrecroisées des armes des Navarrais. Quant aux missives adressées aux Navarrais, il les signera "Moi qui règne en étranger en Navarre, tenant ce royaume par héritage de ma femme".

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