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URBAIN II LANCE LA PREMIERE
CROISADE
Depuis Byzance, l'empereur Alexis
Commène a lancé un appel au secours au Saint Siège. Les Turcs Seldjoukides, qui se sont
emparés de Jérusalem en 1078, sont une terrible menace pour la chrétienté d'Orient.
Fin novembre 1095, un concile réunit, à Clermont, une assistance nombreuse de clercs et
de chevaliers. Dans son discours de clôture, le pape Urbain II donne le coup d'envoi à
l'une de plus grandes aventures militaires et spirituelles du Moyen Age : la Croisade.
Hors les murs de Clermont, la foule s'est
réunie. Attentivement, elle écoute le pape Urbain II qui clôt un concile qui a duré
moins d'une dizaine de jours. Ce 27 novembre 1095, les mots du chef de la chrétienté ont
une résonance particulière. Pour la première fois publiquement, Urbain II appelle les
fidèles à aller secourir leurs frères d'Orient, à prendre les armes pour servir le
Christ contre les infidèles, à se rendre en Terre Sainte pour délivrer le Saint
Sépulcre. Il donne ainsi le coup d'envoi à ce qu'on appellera plus tard la croisade.
Urbain II emporte l'adhésion de la foule. En réponse à son discours, un cri s'élève :
"Dieu le veut!" Trois mots qui deviennent instantanément la formule de
ralliement à la croisade. Le pape tourne alors les yeux vers le ciel, selon Robert le
Moine, l'un des témoins oculaires de la scène, et rend grâce à Dieu.
Un homme s'avance vers Urbain II et
s'agenouille devant lui, l'évêque du Puy, Adhémar de Monteil. Cet ancien chevalier est
le premier ainsi à répondre à l'appel du pape, demandant à être consacré pour
prendre le départ vers la Terre Sainte. Devenu légat du pape, il sera l'un des piliers
de la première croisade et aura sur elle l'autorité spirituelle.
Le prélat fait aussitôt des émules. De nombreux chevaliers demandent, eux aussi, à
être consacrés, manifestant leur adhésion au projet et leur volonté de participer à
l'expédition religieuse et militaire. Dans son exhorte, Urbain II, reprenant les mots de
l'Evangile, a lancé : "Que chacun renonce à soi-même et se charge de sa
croix"! Le signe de la croix devient donc l'emblème de l'aventure spirituelle de
l'Occident en Terre Sainte... Toutefois, la légende veut qu'une étoffe rouge en forme de
croix, en souvenir des paroles du pape, soit cousue sur le vêtement du croisé.
Urbain II peut être soulagé et satisfait. Il a rallié la chrétienté à son
entreprise. Sa décision de lancer la croisade était-elle programmée? S'est-il laissé
aller à l'enthousiasme du moment et déterminé à la dernière minute? Deux points
essentiels sont établis. Il n'existe aucune trace écrite prouvant qu'Urbain II a
arrêté de donner le coup d'envoi de l'expédition à Clermont. Mais il est certain aussi
que l'idée de croisade est dans l'air du temps et que le pape, juste avant l'ouverture du
concile, a rencontré plusieurs des personnages clés de la future croisade.
Ouvert le 18 novembre, le concile de
Clermont a officiellement deux objectifs. Tout d'abord, il s'agit de réorganiser l'Eglise
de France. Très respecté et très estimé, Urbain II, Français de noble extraction,
poursuit l'oeuvre de réforme lancée par l'un de ses prédécesseurs, Grégoire VII.
L'Eglise a entrepris de lutter contre la simonie et de rétablir la discipline
ecclésiastique. D'autre part, le concile doit examiner la situation du roi de France.
Philippe 1er a été excommunié car il a enlevé Bertrade, épouse de l'un de ses
vassaux, le comte d'Anjou, qui est désormais sa compagne. De la future croisade, il ne
semble pas être question... L'assistance au concile est nombreuse. Plusieurs centaines de
clercs et de chevaliers ont fait le déplacement jusqu'à Clermont. Devant cette
affluence, l'hébergement en ville n'a pas suffi. Il a fallu dresser un camp de toile dans
la plaine, là où le pape va convoquer la foule et prononcer sa harangue.
Les mois précédant le concile, Urbain II a donc voyagé à travers la France. Il a
notamment rendu visite à Adhémar de Monteil, l'évêque du Puy, et à Raymond de Saint
Gilles, le comte de Toulouse, qui sera l'un des chefs militaires de la première croisade.
Le pape a également séjourné à l'abbaye de Cluny. Il est un ancien moine clunisien,
tout comme Grégoire VII qui, le premier, a formulé l'idée d'une expédition militaire
et religieuse en Orient. Phare de la Chrétienté, Cluny a aussi organisé le pèlerinage
à Saint Jean de Compostelle, fer de lance de la reconquête de l'Espagne sous domination
musulmane. Ces déplacements et ces rencontres ressemblent fort à une préparation du
discours de Clermont...
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