PEPIN LE BREF, CHEF D'ETAT
CARLOMAN LAISSE LE POUVOIR A PEPIN LE BREF
(747)
En 747, après avoir exercé le pouvoir conjointement avec Pépin le Bref pendant six ans, Carloman décide de se retirer du monde à l'abbaye du mont Soracte. Il renonce au pouvoir en faveur de son frère cadet, qu'il laisse désormais seul maître des destinées du royaume franc.
Depuis la mort de Charles Martel, et, conformément à la volonté de l'unique maire du palais et maître tout puissant du royaume franc, ses fils, Carloman et Pépin le Bref, règnent conjointement. En 741, l'aîné a hérité de la Souabe, de la Thuringe et de l'Austrasie. Le cadet a reçu la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Entre eux, point de qurelles fratricides, comme celles qui, au cours des siècles précédents, ont divisé les princes mérovingiens. Solidaires, les deux frères ont ensemble pris les armes pour mater la rébellion des Aquitains et des Germains.
Maire du palais d'Austrasie, Carloman gouverne en souverain,
mais sans avoir jamais pris le titre de roi. A ce prince puissant la victoire
des armes a maintes fois souri, et rien ne semble pouvoir lui résister.
Pourtant, Carloman est un homme assailli par le doute. Peut-être même
le spectacle de la guerre et des sanglants règlements de compte avec
les adversaires de la famille Pippinide lui parraissent-ils de jour en jour
plus ignobles et insurppotables... L'aîné des fils de Charles Martel
se tourne vers la religion, qui, insensiblement, devient son principal centre
d'intérêt.Certes, il a compris, comme son frère, qu'il lui
est indispensable d'appuyer son pouvoir sur l'autorité et le prestige
de l'Eglise franque. Le 21 avril 742, il a réuni son premier concile,
puis a énergiquement soutenu Boniface dans sa réforme de l'organisation
et des moeurs du clergé franc. De même, il a aidé "l'apôtre
de la Germanie" dans son oeuvre missionnaire. En 744, il a présidé,
toujours avec Boniface, à la fondation de l'abbaye de Fulda, dans la
Hesse, à laquelle il a cédé des domaines.
Mais ses égards pour l'Eglise ne sont pas seulement ceux d'un souverain
avisé. Homme à la fois désormais chevillée au corps,
Carloman songe à se retirer du monde...
En 747, rien ne laisse présager l'avenir. D'une main ferme, Carloman
et Pépin le Bref gouvernent maîtres, l'un dans l'est du royaume
franc, l'autre dans l'ouest. Entre eux règnent toujours le concorde et
l'harmonie. Pourtant, l'aîné, âgé de 32 ans, fait
montre d'une grande piété et tend à se désintéresser
des affaires de l'Etat. Cette année là, il abandonne une bonne
pertie de ses terres sises dans la vallée de la Meuse à l'abbaye
de Stavelot Malmédy. Cette donation est-elle le signe qu'il a pris la
décision de se consacrer à Dieu?
Qualifiée de "spontanée" par les
chroniqueurs carolingiens, la décision de Carloman paraît ne pas
avoir été influencée par Pépin le Bref. Dans les
annales on ne relève nulle trace de soulèvement ou de révolte
de l'aîné vis-à-vis du cadet. Le maire du palais d'Austrasie
a, semble-t-il, annoncé officiellement et fort calmement son désir
de se retirer du monde comme l'aboutissement d'une longue réflexion intérieure.
Abandonnant ses titres et ses charges, il renonce au pouvoir en faveur de Pépin
le Bref. Quittant la Cour et les siens, il se rend à Rome pour être
consacré par le pape Zacharie, puis se retire dans le monastère
qu'il a fait construire au mont Soracte.
Si elle n'est pas contestée par Pépin le Bref, la décision
de Carloman ne plaît pas à tous, en particulier à Drogon,
l'aîné de ses fils. A peine son père a-t-il quitté
la Cour que le jeune prince s'empresse de réclamer son héritage.
Mais, Pépin le Bref réagit promptement et neutralise aussitôt
son gourmand neveu. Quant à Griffon, né du second mariage de Charles
Martel, il n'a reçu en 741 que quelques domaines et a toujours considéré
qu'il a été lésé par ses demi-frères. Jugeant
inadmissible que Pépin le Bref règne sur la totalité du
royaume franc, il s'emploie à fomenter la révolte des Bavarois
et des Saxons. La réaction de Pépin est aussi brutale qu'efficace
: les Saxons sont astreints à payer un tribut annuel de 500 vaches et
les Bavarois sont soumis à l'autorité de Tassilon III, un des
petit-fils de Charles Martel, qui est placé sous la tutelle de comtes
francs. Une fois ces rébellions matées, Pépin le Bref peut
régner en maître unique et tout puissant sur le royaume franc,
après avoir contraint les fils de Carloman à se faire moines.
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