LES CAROLINGIENS

CHARLES II LE CHAUVE, LES ARTS ET LES LETTRES

 

UN ROI LETTRE

Formé par l'érudit, Walahfrid, Charles le Chauve ouvre sa Cour à de nombreux lettrés : des philosophes, des savants, des poètes mais surtout des historiens et des théologiens, qui, par leurs oeuvres, contribuent à raconter l'histoire de son règne tumultueux.

Depuis qu'il y a été couronné roi de France, Charles le Chauve vit en son palais de Quierzy sur Oise, entouré de nombreux érudits et savants. Aucune autre Cour ne saurait rivaliser avec la sienne. Il est en cela le digne héritier de son grand-père, Charlemagne, qui avait su attirer et retenir en son palais d'Aix la Chapelle, les grands esprits de son temps. Quatrième fils de Louis le Pieux, Charles a bénéficié, enfant, de l'attention extrême de sa mère, la reine Judith, qui a su l'intéresser aux choses de l'esprit. Sa formation intellectuelle, le roi a la chance de la devoir à un érudit de renom : Walahfrid, parfois appelé Walahfrid Strabo ou Gaufroy le Louche. Les poèmes et les ouvrages théologiques de ce moine bénédictin connaîtront un immense succès durant tout le Moyen Age. Outre plusieurs Vies des Saints, en prose et en vers, il traduit en latin, entre autres, une version abrégée de La vie de Charlemagne d'Eginhard. Ancien élève des abbayes de Saint Gall et de Saint Fulda, Walahfrid est le précepteur du jeune Charles de 829 à 838. Il juge sa mission relativement aisée, puisque, outre sa précocité intellectuelle, il loue "la force et la grâce" de son élève.

Bien d'autres lettrés éclairent la Cour et le règne de Charles le Chauve. Ainsi le philosophe et théologien d'origine irlandaise, Jean Scot Erigène, qui maîtrise admirablement le grec, enseigne les arts libéraux et la théologie. Mais ce sont ses traductions en latin des oeuvres de Denis l'Aréopagite et de Maxime le Confesseur qui contribuent à sa renommée. Sa grande érudition pousse Charles le Chauve à le nommer à la tête de l'Ecole Palatine.
Le chroniqueur Franc Nithard est le cousin germain de Charles le Chauve, le petit-fils de Charlemagne et le fils du célèbre poète Angilbert, surnommé "l'Homère de la Cour de Charlemagne". Son sens avisé et aigu de la diplomatie incite à plusieurs reprises Charles le Chauve à lui confier des missions d'importance. S'en acquittant avec succès, Nithard devient l'un des plus influents conseillers du roi. Connaissant et étudiant les oeuvres des auteurs anciens (Salluste, Tite Live, Virgile, Tacite ou Cicéron), Nithard entreprend d'écrire en latin, à la demande de Charles le Chauve, une Histoire des fils de Louis le Pieux. Un ouvrage pour lequel il se sert, comme l'a fait Eginhard pour sa Vie de Charlemagne, de ses notes personnelles et de documents officiels.

Hincmar, archevêque de Reims de 845 à 882, va exercer une influence considérable sur Charles le Chauve, dont il devient le conseiller après la disparition de Nithard, et dont il sera également, plus tard, l'exécuteur testamentaire. Forte personnalité, Hincmar est le fondateur de l'hôpital Saint Bernard et du collège des Bons Enfants. A la demande du roi, il s'attelle à l'écriture de nombreux livres.  Dans Miroir des princes, compilation des oeuvres de Saint Augustin, de Saint Ambroise et de Saint Grégoire, il fait non seulement le point sur la royauté mais aussi sur le droit du souverain à punir ou gracier ceux qui l'ont offensé. Cet essai a vraisemblablement été inspiré par le supplice des yeux crevés que Charles le Chauve fait subir, en 873, à son fils rebelle Carloman. Dans un ouvrage, écrit en 875, Hincmar demande aux hautes autorités de l'Eglise de protéger la reine Richilde, ainsi que le royaume, pendant l'absence de Charles, parti  pour l'Italie où le pape Jean VIII va le sacrer empereur. Son De ordine palatii est un tableau des institutions carolingiennes.
Contrairement à ce qu'aurait pu laisser présager l'Ecole Palatine fondée par Charlemagne, les lettrés de la Cour de Charles le Chauve ne se laissent pas tenter par l'aventure de la littérature courtoise. Ces beaux esprits s'attachent presque exclusivement aux questions religieuses. Et, lorsqu'un humaniste comme Loup, abbé de Ferrières, décide de faire partager ses études sur les oeuvres de l'Antiquité, c'est uniquement au travers d'une riche correspondance, qu'il entretient notamment avec Eginhard ou avec Alcuin.

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