LES CAROLINGIENS

CHARLES II LE CHAUVE, CHEF D'ETAT

 

LE TRAITE DE VERDUN : L'EMPIRE CAROLINGIEN ECLATE
(AOUT 843)

Lothaire, Louis le Germanique et Charles Chauve sont en guerre pour la succession de leur père, Louis 1er le Pieux. L'alliance des deux derniers, entérinée par le serment de Strasbourg, en 842, laisse entrevoir un règlement du différend entre les rois frères. Celui-ci intervient finalement en août 843, avec la conclusion du traité de Verdun.

En 840, à la mort de Louis 1er le Pieux, héritier de l'empire de Charlemagne, s'engage une véritable guerre de succession. Ses fils, Lothaire, Louis le Germanique et Charles le Chauve sont en conflit permanent. Louis et Charles ont décidé de s'unir contre Lothaire, leur aîné, après lui avoir victorieusement livré bataille à Fontenay en Puisaye. Ils scellent leur indéfectible alliance lors du serment qu'ils échangent à Strasbourg, le 14 février 842. Mais Lothaire n'est pas résolu à renoncer à sa couronne impériale. La présence des armées de ses frères dans les environs de Strasbourg et la menace qu'elles représentent le contraignent à quitter Aix la Chapelle où il s'est installé. Dès son départ, Louis et Charles se rendent à Aix et prennent possession du palais. Pour eux, les choses sont claires : Lothaire, défait à Fontenay, a été jugé par Dieu pour ses crimes. Ils l'accusent en outre d'avoir essayé de les spolier de leur héritage, de s'être rendu coupable de pillages et de meurtres. En conséquence, ils estiment qu'il lui est désormais impossible de régner. Soutenus par les évêques du palais d'Aix, Louis et Charles choisissent douze fidèles auxquels ils distribuent, de manière équitable, les possessions de leur aîné. Mais cette façon de faire suscite un tollé parmi les Grands. Soucieux de maintenir la paix, Charles et Louis font alors savoir à Lothaire qu'ils sont prêts à conclure un arrangement, à savoir un partage raisonnable de l'empire en trois parties.

Pendant ce temps, au nord, les Normands poursuivent leur avancée en Francie, pillant ports, villes et monastères. Au Sud, les Maures ravagent la Provence et une partie de l'Italie méridionale. A l'est, en Germanie, les Saxons infligent de sérieux revers à Louis. A l'ouest, les Aquitains viennent de conclure avec les Bretons une alliance contre Charles. L'empire menacé de toutes parts, il devient urgent de régler une fois pour toutes les querelles entre les trois frères. Finalement, Lothaire accepte la proposition de Louis et de Charles. Le 15 juin 842, les trois frères, ennemis depuis tant d'années, se retrouvent près de Mâcon. Ils s'y jurent "une paix perpétuelle". Des émissaires sont immédiatement dépêchés pour annoncer la bonne nouvelle. Il va cependant leur falloir plus d'un an pour se mettre d'accord sur un partage raisonnable et respectueux des intérêts de chacun. En août 843, près de Verdun, les petits-fils de Charlemagne signent un traité prévoyant la répartition des terres de l'empire carolingien.

Bien qu'il ne reste aucune trace du traité de Verdun, il est cependant possible d'en restituer les grandes lignes.
Lothaire conserve son titre d'empereur. Son empire, coincé entre les royaumes de ses deux frères, s'étend de la Méditerranée à la mer du Nord, englobe l'Italie, les Alpes et toute la région s'étendant du Rhône à la Frise, soit une bande de terre de 200 kilomètres de large et de 2 000 kilomètres de long. En outre, Lothaire conserve les deux capitales importantes que sont alors Rome et Aix la Chapelle. Ses frères, quant à eux, se partagent le reste de l'empire. A Charles le Chauve revient un territoire correspondant à peu près à la Gaule de Clovis, augmenté de la Marche d'Espagne, réunissant la Catalogne, la Navarre et l'Aragon. Ce royaume, baptisé Francia occidentale, représente la majeure partie de la France actuelle. Louis le Germanique reçoit toute la partie orientale de l'empire, appelée Francia orientale. Ce territoire comprend la Saxe, l'Austrasie, l'Alémanie et la Bavière, préfiguration de ce que sera bien plus tard l'Allemagne. Si les problèmes de succession de Louis 1er semblent enfin résolus, la suite de l'histoire va montrer combien ce partage, apparemment censé, causera au cours des siècles suivants maintes tragédies. Les deux royaumes dévolus à Louis le Germanique et à Charles le Chauve n'auront, en effet, de cesse d'absorber la Lotharingie, l'empire de Lothaire. Quoi qu'il en soit, le traité de Verdun sonne définitivement le glas de l'unité de l 'empire constitué par Charlemagne.

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