CHARLES II LE CHAUVE, SA VIE

 

LA NAISSANCE DE CHARLES LE CHAUVE

Le 13 juin 823, la naissance du futur Charles II le Chauve, cadet des fils de Louis 1er Le Pieux, suscite chez les Grands l'espoir d'une restauration de l'Empire franc menacé de division. L'impératrice Judith de Bavière et ses partisans ont la certitude que le nouveau-né est promis à un grand avenir et confient son éducation aux maîtres les plus renommés du temps.

Fils de l'Empereur Louis 1er le Pieux et de sa seconde épouse, Judith de Bavière, le futur Charles II le Chauve voit le jour le 13 juin 823 au palais impérial de Francfort sur le Main et reçoit le prénom de son grand-père, le glorieux Charlemagne.
Cette année là, si l'on en croit la rumeur publique, divers prodiges se produisirent dans l'Empire... C'est ainsi que "dans l'abside de l'église Saint Jean Baptiste, à Côme, une Vierge à l'Enfant qui figurait sur une Adoration des mages noircie et presque effacée par le temps resplendit pendant deux jours au point de rendre au tableau mieux que sa beauté première", rapportent les Annales Royales.

Aux scènes de ces oeuvres d'inspiration religieuse les chroniqueurs associent celles de la naissance du petit Charles : l'impératrice Judith de Bavière berçant son fils, les fidèles et les grands lui prêtant hommage. Ce "miracle" fait éclore l'espoir de voir renaître la splendeur d'un Empire déjà très menacé par le partage opéré par Louis le Pieux entre ses trois premiers fils, Lothaire 1er, Pépin d'Aquitaine et Louis le Germanique.
Mais tout le monde ne considérait pas l'heureux événement d'un si bon oeil. Aussitôt après la naissance de Charles, des partisans de Lothaire 1er, Empereur associé, se rassemblèrent. Selon le chroniqueur Nithard, Louis le Pieux était inquiet pour son dernier-né parce qu'il avait déjà divisé la totalité de l'Empire entre ses autres fils. "Alors Louis plaida devant ses fils en faveur de ce fils là! Lothaire finit par accorder sous la foi du serment que son père pût donner (à Charles) toute part du royaume qu'il voudrait; en outre, lui (Lothaire) serait son ange et son protecteur contre tous ses ennemis, maintenant et dans l'avenir". Choisi comme parrain de Charles, le fils aîné de Louis le Pieux n'aura cure de tous ces serments. Et en 829, le nouveau partage de Worms, destiné à assurer l'avenir de son filleul, sera à l'origine d'une guerre fratricide.
Bien que cadet, Charles reçoit une éducation particulièrement soignée. Son père prend en charge son développement physique et lui communique sa passion pour la chasse. Il lui transmet également sa dévotion particulière pour Saint Denis; si bien que l'enfant lit les Psaumes et les Livres de l'Ancien Testament.

Très attentive à la formation intellectuelle de son fils, l'impératrice Judith fait appel à des maîtres de qualité. Frechulph, l'évêque de Lisieux, rédige une chronique spécialement destinée à l'instruction du jeune prince. A l'âge de sept ans, Charles est confié à un précepteur de renom : Walafrid Strabon, moine de Reichenau, en Alémanie. Ami de Thégan, auteur d'une histoire des premières années du règne de Louis le Pieux, ce poète précieux, très attaché au mythe impérial, descend en droite ligne du groupe littéraire formé par Charlemagne sous le renaissance carolingienne et a étudié dans la grande école monastique de Fulda. Il est l'auteur d'une Glose, qui contient des commentaires de la Bible sur lesquels se fonderont plusieurs siècles durant les interprétations du livre sacré. Charles étudie pendant neuf ans sous la direction de cet éducateur inspiré, convaincu de la grande destinée qui attend son élève.
Derrière Walafrid et les autres clercs savants qui entourent le cadet des fils de Louis le Pieux se dessine également la silhouette de Raban Maur, abbé de Fulda. Ce grand lettré a publié une Education des clercs et une encyclopédie, De Rerum Naturis, qui fera référence jusqu'au XIIIème siècle. Les idées de celui qui sera le maître à penser de toute une génération influencent largement le futur Charles le Chauve. Tout au long de sa vie, le souverain manifestera un vif intérêt pour la théologie et les questions politiques. Fin connaisseur du droit romain, il conservera de ses années d'enfance une vaste culture qui, unanimement reconnue, fera de lui un véritable Empereur philosophe.

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