LES CAROLINGIENS

CHARLEMAGNE, CHEF D'ETAT
Le pape Léon III

 

 L'ATTENTAT CONTRE LE PAPE

Elu successeur du pape Adrien 1er, Léon III cristallise la haine de l'aristocratie romaine. L'accusant des pires maux, ses opposants s'attaquent directement à sa personne. Molesté, puis enlevé et enfermé dans un monastère, le pontife réussit à prendre la fuite et court se réfugier auprès de Charlemagne, auquel il demande protection et justice.

D'origine modeste, jouissant de peu de prestige personnel et ayant derrière lui une carrière ecclésiastique relativement terne, le nouveau pape Léon III ne semble pas près d'éclipser son prédécesseur, le brillant Adrien 1er. Pourtant, le 26 décembre 795, le souverain pontife a été élu à l'unanimité. Malgré les manoeuvres des membres de la famille de feu Adrien, qui n'ont désormais d'autre objectif que de contester l'autorité et la légitimité du Saint Père et de rallier à leurs vues l'aristocratie romaine. Que pense Léon III de la fragilité de son pouvoir? Peu lui chaut. Il se préoccupe alors, en ce début d'année 796, de faire la preuve de son infaillible soumission au roi des Francs.

Léon III s'empresse d'adresser à Charlemagne le procès-verbal de son élection et, par la même occasion, les clés de Saint Pierre, qu'avaient déjà reçues le père et le grand-père de Charlemagne. Il lui envoie également l'étendard de Rome, façon simple de rappeler au roi que son titre de "patrice des Romains" et son statut de maître temporel de Rome. Léon III prie en outre Charlemagne de lui envoyer, au plus vite, un émissaire qui recevra, en son nom, le serment de fidélité du peuple romain. Ces liens étroits que tente de nouer Léon III avec Charlemagne augmentent bien évidemment l'hostilité de la noblesse romaine à son égard.
Charlemagne répond favorablement à la requête de Léon III et délègue à Rome son ami Angilbert. Celui-ci est chargé de remettre au pape une missive l'assurant de la détermination du roi "à défendre à jamais le Saint Siège de l'Eglise romaine". Mais, déjà, les rumeurs vont bon train. On accuse Léon III des pires indignités. On murmure qu'il ne serait qu'un être sans morale, un débauché, indigne de la haute fonction qui lui a été dévolue. Prudent, Charlemagne recommande à Angilbert de rappeler au pape à quel point il est essentiel qu'il "observe de la dignité dans sa conduite" et qu'il s'attelle "à détruire la simonie qui infeste en plusieurs lieux le corps de l'Eglise". A Rome, l'opposition travaille activement à la perte de Léon III. Pour se défaire de cet "indésirable", elle attend juste le moment propice...

Le 25 avril 799, les adversaires de Léon III passent à l'action. En ce jour de la Saint Marc, le souverain pontife, vêtu de tous ses ornements sacerdotaux, se rend au Latran où il doit célébrer la procession des Litanies majeures. En chemin, il est interpellé par une bande d'hommes masqués et armés de bâtons. Il est violemment jeté à bas de sa monture, roué de coups et ses vêtements sacerdotaux lui sont arrachés. Sacrilège! On lui aurait même crevé les yeux et arraché la langue! Sans plus d'égard pour leur victime, les gredins se saisissent de la personne du pape qu'ils conduisent au couvent Saint Etienne et Saint Sylvestre. C'est là que les commanditaires de l'horrible outrage font leur apparition. Le primicier Paul et le sacellaire Campulus, tous deux neveux du défunt pape Adrien 1er, déclarent avoir agi pour le compte d'aristocrates romains, déterminés à déposer Léon III. Comme le couvent semble peu sûr, le captif est transféré dans une autre cachette : le monastère Saint Erasme. Mais Léon III n'est pas abandonné par ses fidèles. En pleine nuit, une poignée d'entre eux, dirigée par Albinus, fait irruption dans le monastère. Sans trop de difficultés, ils parviennent à délivrer le malheureux pontife qu'ils conduisent illico au Latran. pendant qu'à Rome, secouée par des émeutes provoquées par la noblesse, règne la confusion la plus totale, Wiginis, duc de Spolète, accourt au Latran, où se présente le comte Germaire. Quelques mois auparavant, alerté par les insistantes rumeurs concernant l'indignité du pape, Charlemagne l'a dépêché à Rome afin qu'il lui rende compte de la situation. L'infortuné Léon III n'a qu'une requête à formuler : que Germaire le conduise au plus vite auprès de Charlemagne. Sous bonne escorte, le pape prend la route de Paderborn, en Saxe, où le roi des Francs l'attend...

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