LES CAROLINGIENS

CHARLEMAGNE, CHEF D'ETAT

 

PEPIN EST COURONNE ROI D'ITALIE, CHARLEMAGNE CONTINUE A REGNER
(15 AVRIL 781)

Le 15 avril 781, Charlemagne fait couronner son fils Carloman, rebaptisé Pépin, roi d'Italie par le pape Hadrien 1er. Pépin est désormais le fidèle représentant de son père dans la Péninsule, où il applique strictement la politique prescrite par le roi des Francs. Charlemagne apaise ainsi les Lombards tout en maintenant sa domination sur leur royaume.

Depuis qu'il a vaincu Didier et pris son titre de roi des Lombards, Charlemagne, occupé par ses campagnes contre les Saxons, ne s'est plus rendu en Italie. Mais il n'oublie pas la Péninsule, pour laquelle il nourrit des projets qui vont se concrétiser en 781. Fin 780, le roi des Francs quitte Worms et franchit les Alpes en compagnie de son épouse, la reine Hildegarde et de trois de ses enfants. Il fête Noël à Pavie. Au printemps, il traverse Parme et, de là, gagne Rome où le pape Hadrien 1er le reçoit avec tous les honneurs dus à sa puissance. On a l'impression de revivre la visite faite à la Ville Eternelle sept ans auparavant, lorsque Charlemagne s'y est rendu en plein milieu du siège de Pavie. Comme la première fois, il fait coïncider son arrivée avec les fêtes de Pâques. Comme la première fois, le but avoué de ce "pélerinage" est de se recueillir sur le tombeau des Saints Apôtres. Mais, toujours comme la première fois, son dessein est également politique.

Le 15 avril 781, dimanche de Pâques, le souverain pontife porte sur les fonts baptismaux le fils cadet du roi des Francs. Il change son prénom de Carloman pour lui attribuer celui de son grand-père, Pépin. Le pape donne l'onction royale au petit prince et lui met la couronne sur la tête. En échange de ce "service", Charlemagne lui octroie la Sabine et un canton de la Toscane lombarde. Puis le roi des Francs annonce officiellement sa décision, ainsi avalisée par Hadrien 1er, de confier à son fils le Gouvernement de l'Italie.
Pépin devient donc roi des Lombards, son titre officiel, ou roi d'Italie, comme on a coutume de l'appeler. Charlemagne, quant à lui, reprend la route du Nord en passant par Florence, Pavie et Milan. En juillet, il est de retour en Francie. Est-ce à dire qu'il renonce à régner sur la Péninsule, qui tient une place capitale dans ses projets d'unification de son royaume? Il n'en est évidemment pas question. Tout d'abord, Pépin est âgé de quatre ans... Auprès du jeune roi, Charlemagne a délégué avant de partir le plus avisé de ses conseillers, Adalhard, officiellemnt précepteur de l'enfant. En réalité, Adalhard exercera la régence du royaume lombard, et ce en fonction des ordres de son souverain, le roi des Francs.

Comme par le passé, Charlemagne continue à s'intituler roi des Francs et roi des Lombards. Et même s'il associe son fils à ses décisions et aux actes qui en découlent, il promulgue toujours les lois, nomme et révoque les fonctionnaires. Lorsqu'il est là, il légifère et rend la justice; lorsqu'il est absent, il envoie des instructions aux fonctionnaires chargés d'administrer la Péninsule où séjournent certains de ses proches. Laïcs et ecclésiastiques s'adressent à lui pour obtenir le renouvellement de leurs privilèges. Dans ses textes, Charles parle volontiers de ses "prédécesseurs" les rois lombards. Et ce n'est certes pas un lapsus.
Plus tard, dans ses propres capitulaires, Pépin d'Italie déclare agir "suivant les ordres de son père". Si l'on place côte à côte ses prescriptions et celles établies dans le royaume franc, on constate qu'elles sont à peu près similaires. Les relations restent étroites, via de nombreuses ambassades, entre le père et le fils. Pépin adresse à Charlemagne, des compte rendus détaillés des événements qui se produisent sur son territoire. Ses troupes participent aux campagnes du roi des Francs et si, de son côté, Pépin mène de nombreuses expéditions, les chroniques de l'époque permettent de penser qu'elles ont été lancées par Charlemagne. En somme, le roi d'Italie n'agit que par délégation de son père.
L'initiative inattendue du couronnement de Pépin a apaisé les Lombards. Ayant leur propre roi, ils se sentent plus indépendants. Mais les peuples d'Italie sont-ils pour autant libérés de l'oppression franque? Bien entendu, il n'en est rien. Charlemagne reste le maître, et jusqu'à sa mort, en 810, Pépin sera le fidèle agent de l'autorité franque dans la Péninsule.

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