LES CAROLINGIENS

CHARLEMAGNE, CHEF D'ETAT

 

CHARLEMAGNE ANNEXE LA BAVIERE
(787)

Le duc Tassilon III de Bavière refuse de se soumettre à l'autorité du roi des Francs. Ses manoeuvres tortueuses, ses revirements et ses atermoiements amènent Charlemagne à sévir. En 787, le Bavarois refuse de se rendre à Worms et de prêter serment d'allégeance à son puissant cousin. Celui-ci, de guerre lasse, finit par annexer la Bavière.

En 757, à l'assemblée de Compiègne, le duc Tassilon III de Bavière a prêté serment d'allégeance à son oncle Pépin le Bref. Mais il se montre un vassal peu docile. En 763, il n'hésite pas à abandonner le roi des Francs en pleine guerre d'Aquitaine.
Né en 741, Tassilon est proche de Charlemagne par l'âge (il est son aîné de quelques mois) et par les liens du sang (il est son cousin germain, sa mère, Hiltrude, étant la soeur de Pépin le Bref). Depuis qu'il a accédé au pouvoir, il tente de se libérer de la suzeraineté franque, et son épouse, Liutberge, fille de Didier, roi des Lombards, n'a de cesse de le pousser à la dissidence.

En 781, Charlemagne demande au duc de Bavière de renouveler le serment autrefois prêté à Pépin le Bref. Tassilon n'accepte de se rendre à l'assemblée de Worms que si on lui remet des otages "qui lui permettraient de ne point craindre pour sa sécurité". S'il finit par se reconnaître vassal du roi des Francs et par jurer de lui être fidèle, il ne change rien à son attitude et continue à gouverner en toute indépendance. Menacé par Charlemagne, il tente en 787 de faire intervenir la papauté, soutien fidèle de la catholique Bavière. Le coeur du duché est constitué par l'Eglise, attachée à son prince par les liens d'un dévouement réciproque. Si le pape accepte d'intercéder en faveur du Bavarois, il exprime le voeu pieux que "la paix et la concorde" reviennent entre Tassilon et Charlemagne. Ce dernier, rendu méfiant par les précédents revirements de son cousin, insiste pour que les émissaires bavarois concluent sans délai un accord avec le souverain pontife. Les ambassadeurs refusent. Hadrien 1er se fâche : "Si le duc opposait aux paroles du souverain pontife un coeur endurci, Charles et son peuple seraient absous de tout péché et déclarés innocents des incendies, homicides et méfaits de diverses natures qu'ils pourraient accomplir au détriment de Tassilon et de ses complices". Voilà le duc de Bavière prévenu.
Lors de l'assemblée réunie à Worms, Charlemagne convoque Tassilon, qui refuse de se présenter devant lui. Le roi des Francs rassemble alors une armée impressionnante : trois corps sont envoyés par le Lech, le Danube et le Tyrol. Les troupes bavaroises, auxquelles la cavalerie fait défaut, sont loin d'être aussi puissantes que les Francs. Cerné de toutes parts, le duc de Bavière ne peut résister longtemps.

Le 3 octobre, Tassilon "mit ses mains dans ses mains, se reconnut son vassal, et lui rendit le duché que Pépin lui avait confié". Les Annales de Saint Nazaire et les Annales de Wolfenbüttel racontent que lors de cette cérémonie le Bavarois remet à Charlemagne un bâton à la tête sculptée en forme d'homme. Peut-être s'agit-il de son sceptre? Quoi qu'il en soit, cet hommage est confirmé par des serments solennellement répétés et par la livraison de treize otages, au nombre desquels se trouve le fils de Tassilon, Théodon.
Sa colère apaisée, Charlemagne prend ses quartiers d'hiver à Ingelheim. Mais de retour à Ratisbonne, sa capitale, Tassilon fomente aussitôt de nouvelles intrigues. Mais la défection du pape lui a aliéné le soutien d'une partie de son clergé et de ses sujets. Les Bavarois fidèles à la monarchie carolingienne se chargent d'avertir Charlemagne des menées subversives de leur duc. Lequel est de nouveau convoqué par le roi à Ingelheim "devant une assemblée des Francs et des autres nations placées sous sa domination" afin d'y être jugé. Tassilon, abandonné par les siens, avoue tout ce qu'on veut. En 788, la Diète, à l'unanimité, le condamne à mort pour avoir trahi son serment de vassalité. Charlemagne le gracie néanmoins, avant de le faire enfermer à Saint Goar, puis au monastère de Jumièges et à l'abbaye de Lorsch "pour y faire pénitence de ses péchés et sauver son âme". La femme et les enfants du rebelle sont, eux aussi, condamnés à une "pieuse" réclusion.
En 794, Charlemagne, par précaution, fera venir Tassilon au concile de Francfort afin qu'il renonce officiellement à tout pouvoir. Devenu moine et définitivement vaincu, le Bavarois se soumet à cette exigence. C'est ainsi, rapportent les Annales, que "Dieu, puissant guerrier, acheva de faire passer sans guerre ni débat le royaume de Bavière dans la main du grand roi Charles".

Le plus de la fiche

Page MAJ ou créée le

© cliannaz@free.fr