LES CAROLINGIENS
CHARLEMAGNE, CHEF D'ETAT |
CHARLEMAGNE ET LE CONCILE DE FRANCFORT A la surprise générale, Charlemagne s'est opposé aux conclusions du concile de Nicée, qui, en 787, a mis fin à la querelle du culte des images. En juin 794, il va convoquer le concile de Francfort, qui réfutera à la fois les conclusions de Nicée et les thèses de l'adoptianisme prêchées en Espagne. Le souverain franc s'imposera ainsi comme le véritable chef de l'Eglise d'Occident. Le problème des images s'est fait jour au début du VIIème siècle, devant le culte excessif voué en Grèce et en Orient aux représentations figurées du Christ, de la Vierge et des Saints. Le pape Léon II et l'Empereur byzantin Constantin V ont réagi avec violence, et les "adorateurs" ont été victimes de graves persécutions. Afin de revenir à une vision plus raisonnable des choses, le concile de Nicée, convoqué en 787 par l'Empereur d'Orient Constantin VI et présidé par sa mère, l'impératrice Irène, en présence du patriarche de Constantinople et d'envoyés du pape Hadrien 1er, a autorisé un culte des images réduit à la simple vénération. En Occident, une mauvaise traduction a entraîné un malentendu en laissant entendre que l'adoration est autorisée. Hadrien 1er est néanmoins fort surpris de la violente réaction du roi des Francs alors que, certain qu'il les approuverait, il lui communique les conclusions du concile de Nicée. Charlemagne somme le souverain pontife de "corriger par son jugement et son autorité", les actes du concile grec. C'est en vain que le pape tente de le convaincre du bien fondé de son point de vue. Au contraire, le roi développe ses thèses dans les Livres Carolins, montrant que le concile de Nicée a succombé à des erreurs théologiques. Il s'en prend avec véhémence à cette assemblée "tenue stupidement et arrogamment en Grèce pour assurer l'adoration des images". Il traite les arguments des chrétiens d'Orient de "dérisoires et bouffons", juge les prélats orientaux "ineptes et infâmes", affirme que "l'ambition la plus arrogante, l'appêtit le plus insolent de vaine gloire s'est emparé en orient des princes et des prêtres". Charlemagne affirme avoir écrit les Livres Carolins par "amour de Dieu et goût de la vérité". La tradition s'oppose, estime-t-il, à ce que l'on dispose les images ailleurs que dans les lieux saints, à ce qu'on leur fasse offrande de cierges, d'encens, de présents, à ce qu'on leur demande des miracles. Les raisons politiques ne sont cependant pas absentes de cette remise en question radicale de l'Eglise et de l'Etat byzantins : le roi des Francs a tout à craindre d'un rapprochement entre la papauté et Byzance, qui le priverait de son rôle religieux de premier plan et du prestige qui lui est associé. En 794, Charlemagne convoque à Francfort un concile qui
doit être la réconciliation de celui de Nicée. Y affluent quelque 300 évêques
et archevêques francs, italiens, galiciens, anglo saxons parmi les plus savants
et les plus respectés, escortés d'une foule d'abbés, de moines, de prêtres,
de diacres. Alcuin, abbé de Saint Martin de Tours, va jouer un rôle prépondérant
dans les conclusions du concile, tout comme il influencera largement les Livres
Carolins. Hadrien 1er, qui n'a pas été convié, délègue deux représentants,
censés présider l'assemblée. Mais dès la séance d'ouverture, le 1er juin, il
apparaît clairement que c'est le roi des Francs qui mène les débats. Celui-ci
trône parmi les membres du clergé rangés en cercle autour de lui, à la place
qui aurait dû être celle du pape. Il commence par s'en prendre à la doctrine
de l'adoptianisme, déviation prêchée par l'Eglise d'Espagne. Après qu'on a lu
et commenté, à sa demande et point par point, une lettre dans laquelle les évêques
espagnols exposent leurs arguments, il se lève et prononce un long et solennel
discours, qu'il achève en affirmant avec force "la
nécessité de supprimer l'hérésie de toutes les façons". Page MAJ ou créée le |