LES CAROLINGIENS

CHARLEMAGNE, LES PERSONNALITES

 

HAROUN AL RACHID : LE CALIFE AMI DE CHARLEMAGNE

A la fin du VIIIème siècle, Haroun al Rachid règne sur quasiment tout l'Orient et l'empire abbasside est à son apogée. Force militaire, prospérité économique, civilisation raffinée : le calife de Bagdad et son époque sont entrés dans la légende. De ce souverain, comme lui brillant chef de guerre et prince éclairé, Charlemagne a su se faire un allié et un ami.

En 797, Charlemagne a demandé au calife de Bagdad, Haroun al Rachid, d'intervenir pour protéger les monastères d'Orient et les pélerins sur le chemin de la Terre Sainte. Depuis, l'Empereur d'Occident et le souverain abbasside ont échangé des ambassades. Et de somptueux cadeaux, tel cet éléphant qui, en juillet 802, a fait sensation à Aix la Chapelle, ou cette merveilleuse horloge au mécanisme mû par l'eau. Peu à peu, ils ont appris à se cannaître et à s'estimer. Jusqu'à la mort d'Haroun al Rachid, en mars 809, leurs relations, pour l'essentiel diplomatiques, seront excellentes. "Leurs rapports furent si cordiaux que celui-ci (le calife) atachait plus de prix à ses bonnes grâces qu'à l'amitié de tous les rois et de tous les princes du reste du monde", souligne Eginhard, le biographe de Charlemagne.
C'est qu'Haroun al Rachid et Charlemagne sonnt également puissants et règnent, l'un comme l'autre, sur un immense empire. D'ailleurs, l'un et l'autre sont également de courageux chefs de guerre. Mais ils sont aussi, et surtout, des souverains éclairés, d'abord soucieux de développer le commerce et l'artisanat et de voir s'épanouir les arts, les sciences et les lettres.

Haroun al Rachid est né à Ravy, en Perse, en février 766. Fils du calife abbasside el Mahdi et de l'ambitieuse et intelligente Khaizuran, esclave d'origine yéménite, il a grandi à Bagdad où il a reçu une solide éducation et, conformément aux usages de la Cour, a été confié à des maîtres comptant parmi les hommes les plus savants de l'empire. En 785, el Madhi meurt subitement. Son fils aîné, Hadi, peu après lui avoir succédé sur le trône, est mort assassiné, de façon fort suspecte, et fort opportune pour son cadet, Haroun al Rachid, qui a été appelé à régner à son tour, en septembre 786. Heureux présage, il est monté sur le trône en même temps que naissait son fils Abdallah, le futur calife Mamun. Pendant les dix premières années de son règne, Haroun al Rachid doit partager le pouvoir avec sa mère, qui sait être redoutable. Cependant, s'appuyant sur des vizirs compétents, il oeuvre pour la prospérité d'un empire en pleine expansion.

Profondément croyant, le calife s'attache à faire régner la loi musulmane, redonne aux Lieux Saints toute leur grandeur, lutte contre l'hérésie. Ceci dans un dessein aussi politique que religieux, car l'Islam est le ciment de son empire, comme le christianisme est celui de l'empire de Charlemagne. Les seuls troubles qu'il doit réprimer sont ceux fomentés, dans de lointaines provinces, par des mouvements religieux dissidents. Et à l'extérieur, nul n'est en mesure d'inquiéter le souverain le plus puissant de son temps.
A la mort de sa mère, en 789, Haroun al Rachid a vingt trois ans. Les chroniqueurs n'ont pas assez de mots pour décrire la splendeur de son palais : les jardins paradisiaques, les quatre vingt colonnes d'albâtre, les coupes de jade, d'agate ou de cristal, les tapis tissés de fils d'or auxquels se mêlent perles et pierres précieuses, les tentures de soie, les lustres d'or... Et aussi le harem, où vivent quelque deux cents femmes et où règne la favorite du calife, la belle, fantasque et généreuse Zubayda. Bagdad est alors la cité la plus riche et la plus cultivée du monde méditerranéen. Et Haroun al Rachid y accueille poètes, musiciens, artistes et savants.
En 806, le calife lance une campagne militaire vers Constantinople et s'empare de la ville d'Héraclée. L'année suivante, il soumet au tribut l'Empire d'Orient, dont la capitale lui restera pourtant à jamais inaccessible. En Perse, en Transoxiane, en Afrique du Nord, il prend la tête de nombreuses expéditions militaires. Mais, au cours d'une rude campagne contre Samarkand et le Khorazan, il tombe malade et meurt le 24 mars 809. Il est enseveli à Tus, dans le jardin de Sanâbäd, dans un mausolée aujourd'hui disparu.
Haroun al Rachid, l'ami de Charlemagne dont le règne a marqué l'apogée du califat abbasside, est depuis devenu un prince de légende, héros de nombreux récits merveilleux.

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