CHARLEMAGNE, CHEF DE GUERRE
La guerre
contre les Avars (791 - 796)
UNE PREMIERE GUERRE DE CONQUETES
Peuple barbare originaire d'Asie centrale, les Avars sont établis dans la plaine d'Europe centrale d'où ils lancent des incursions dévastatrices vers l'ouest et le sud, notamment vers le royaume franc. Contre ces pillards aguerris, Charlemagne va lancer en 791 une première guerre de conquête.
Peuple guerrier et païen apparenté aux
Huns (et c'est sous ce nom que le désignent les chroniqueurs francs), les Avars
sont établis depuis le VIème siècle dans la plaine d'Europe centrale, l'actuelle
Hongrie, traversée par le Raab et le Danube moyen. Lorsque les Francs occupent
la Bavière et son annexe la Carinthie, ils se trouvent en contact direct avec
ces dangereux voisins, experts en rapines et en pillages, et de surcroît, rapportent
les chroniques, "ennemis des églises
et persécuteurs des chrétiens". La frontière commune
aux deux royaumes, mal définie et perméable, s'étire sur plus de 300 kilomètres
de montagnes et de vallées alpines. A de multiples accrochages vient s'ajouter
un autre motif de discorde : les Avars sont alliés aux ennemis de Charlemagne,
les Lombards et les Bavarois.
Cette situation explosive va déclencher un
conflit qui durera huit ans; Eginhard, le biographe du souverain franc, souligne
que "de toutes les guerres de Charlemagne,
elle fut la plus considérable après celle de Saxe et menée par le roi avec une
ardeur et des moyens beaucoup plus grands que les autres".
Charlemagne a tenté de négocier et en 782,
à l'assemblée de Lippspringe, il a reçu les envoyés du chef Avar, le Khagan,
et de son second, le jugur. Mais, en 788, les Avars lancent une attaque
dans le Frioul et mettent en péril les frontières de la Bavière, désormais soumise
aux Francs. Charlemagne riposte en envoyant des troupes d'Italie et de Bavière,
et lorsque, quelques mois plus tard, il se rend à Ratisbonne afin de mettre
au point l'organisation des territoires bavarois, il en profite pour "prendre
des dispositions qui lui permettraient de protéger, avec l'aide de Dieu, ses
frontières contre les Avars". Il a beau organiser
la défense de ses frontières, les deux années suivantes se passent entre guerre
et paix, de coups de main en pourparlers avortés.
C'est en 791 que les hostilités
sont déclenchées pour de bon. Parti de Worms au début de l'été, Charlemagne
est, affirme Eginhard, "bien décidé
à demander compte aux Huns de leurs forfaits et à leur faire la guerre le plus
vite possible". A Ratisbonne, il rassemble ses meilleures
troupes et part en campagne à leur tête.
Sur la rive gauche de l'Enns, les
Francs font étape du 5 au 7 septembre, trois jours durant lesquels ils se recueillent
et demandent à Dieu "le salut de l'armée,
l'aide de Notre Seigneur Jésus Christ, la défaite et le châtiment des Avars".
Deux colonnes se séparent ensuite : l'une, la plus importante, menée par le
roi lui même, investit la rive droite du Danube; l'autre, avec à sa tête le
comte Thierry et le chambrier Magnefred, et composée de combattants saons, thuringiens
et frisons, longe la rive gauche. Sur le fleuve, la flotte commandée par Gérold,
beau frère de Charlemagne et administrateur de la Bavière, transporte le reste
des troupes ainsi que l'approvisionnement en vivres et en matériel. Dès août,
une autre formation, commandée par Pépin d'Italie l'un des fils du roi, s'avance
au coeur du royaume avar, s'empare d'une forteresse et d'un important butin.
A l'approche de cette formidable armée,
les Avars prennent peur et battent en retraite, abandonnant leurs places fortes
et préférant éviter l'affrontement. Les Francs parviennent sur le Danube au
confluent de la Raab et y campent en vainqueurs. Dans une lettre à la reine
Fastrade, Charlemagne annonce son succès et fait l'éloge de ses hommes : "Dieu
tout puissant, dans sa miséricorde, leur a donné la victoire, et ils ont tué
une multitude de ces Avars, en tel nombre, à ce qu'ils disent, que de longtemps
on n'a pas fait un plus grand massacre d'Avars. Ils ont envahi le camp et y
sont demeurés toute la nuit et le matin jusqu'à la troisième heure. Et, ayant
pris le butin, ils sont repartis en paix".
Peu
après cependant, les chevaux des Francs succombent presque tous à une épidémie.
Charlemagne doit se replier en Bavière, mais ne se laisse pas décourager par
ce revers de fortune. De retour à Ratisbonne avec l'hiver, il fera préparer
une nouvelle offensive. Par la suite, d'autres préoccupations, à la frontière
espagnole et en Saxe, retarderont sa conquête sur les Avars, qui ne sera définitive
que cinq ans plus tard.
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