CHARLEMAGNE, CHEF DE GUERRE

 

LES NOUVELLES EXPEDITIONS FRANQUES EN ESPAGNE
(796)

Près de vingt ans après le désastre de Roncevaux, les Francs vont prendre leur revanche sur les Sarrasins. Les nouvelles expéditions menées par Charlemagne dans la Péninsule ibérique vont aboutir à la constitution de la "Marche d'Espagne" et mettre ainsi l'Aquitaine à l'abri des menaces d'invasion venant du versant sud des Pyrénées.

En 778, c'est guidé par la volonté d'assurer la sécurité aux frontières de son royaume que Charlemagne a tenté, en vain, de conquérir l'Espagne. Dans les années qui ont suivi, d'incessants incidents se sont produits dans ces régions limitrophes de territoires aux mains des Sarrasins, et l'émir de Cordoue n'a pas renoncé à ses vues sur l'Aquitaine. La situation semble propice à une initiative franque. Les chrétiens, nombreux au nord de l'Espagne, y sont favorables. Le vieil émir de Cordoue, Abd er Rahman, est affaibli par des rivalités intestines. Même chez les Sarrasins, les Francs ont des partisans, tels ceux qui ont été à l'origine de la campagne de 778. Malgré l'échec de l'expédition qui a vu le désastre de Roncevaux, ils restent prêts à faire alliance avec Charlemagne, même s'ils agissent plus par intérêt personnel que par conviction religieuse.

En 788, Hescham succède à Abd er Rahman. Le nouvel émir de Cordoue fait montre d'encore plus d'intolérance que son père, pourtant tristement réputé de ce point de vue. Il entre en lutte contre ses opposants et entreprend de rassembler tous les musulmans d'Espagne en prêchant la "guerre sainte".
Dans toutes les mosquées, les croyants sont invités à "relever la gloire de l'Islam par l'épée des champions de la foi". Une armée de plusieurs milliers d'hommes est levée. Dès 791, elle se met en route pour aller "ravager les Gaules" et envahit la Septimanie. Après s'être heurtée à la résistance de Narbonne, elle dévaste la contrée et se livre aux pires exactions dans les campagnes et les villages. Puis, elle se met en route pour Carcassonne.
Cette attaque, la plus importante de toutes les incursions auxquelles se sont livrés jusque là les Sarrasins, surprend les Aquitains, qui s'empressent cependant de riposter sous la conduite du comte Guillaume de Toulouse. Leur armée plus ou moins improvisée affronte l'ennemi sur les rives de l'Orbieu. Après un violent combat, les Aquitains doivent se retirer. Mais leur défense acharnée incite les envahisseurs à renoncer à les poursuivre, à abandonner la conquête et à repasser la frontière des Pyrénées.
La progression des Sarrasins a été arrêtée, mais ils ont quand même pu s'emparer d'un énorme butin et faire de nombreux prisonniers, destinés à être vendus comme esclaves. Les chansons de geste pourront bien chanter les louanges du vaillant comte de Toulouse, le prestige de Charlemagne n'en est pas moins encore une fois entaché.

Préparant une expédition contre les Avars, le roi des Francs doit, comme il l'a déjà fait après Roncevaux, patienter avant de lancer une contre attaque. C'est en 796 seulement que vient la riposte.
Charlemagne commence par envoyer une armée piller le nord de l'Espagne. Cette razzia ne rencontre aucune difficulté, et les Francs rejoignent l'Aquitaine sans encombre. Au cours de la même année 796, l'émir Hescham meurt. Sa disparition entraîne des luttes politiques qui divisent les Sarrasins et déstabilisent son successur, El Hakem. Les gouverneurs du nord de l'Espagne profitent de l'affaiblissement de l'émirat de Cordoue pour tenter de s'émanciper de sa tutelle et entamer des négociations avec les Francs.
Dès lors, s'appuyant sur la force militaire des Aquitains, sous le commandement de son fils, Louis d'Aquitaine, et du comte de Toulouse, Charlemagne peut entreprendre la conquête de l'Espagne. Gérone, Urgel et Vich sont prises et leurs fortifications renforcées. Puis les armées franques s'emparent du territoire s'étendant de la Méditerranée à la Navarre. C'est là qu'est fondée la "Marche d'Espagne", qui, selon les voeux du roi, met enfin l'Aquitaine hors de portée des raids sarrasins. Ausitôt, les chrétiens espagnols entreprennent la reconquête. Avec l'appui des Francs, les habitants des Baléares chassent l'occupant sarrasin et se placent sous la suzeraineté de Charlemagne. Sur le versant nord des Pyrénées, les comtés de la Marche d'Espagne, ainsi que ceux de Septimanie sont repeuplés et réorganisés. Avec ses cités et ses châteaux fortifiés, ce territoire constitue dorénavant une solide barrière. A l'autre extrémité de la chaîne pyrénéenne, Alphonse II, les roi chrétien des Asturies, se rapproche, lui aussi, du royaume franc, qui n'a plus rien à craindre de l'Espagne.

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