CHARLEMAGNE, LES ARTS ET LES SCIENCES

 

LA RENAISSANCE CAROLINGIENNE

Sous l'impulsion de Charlemagne, attaché à promouvoir la culture sous toutes ses formes, la France carolingienne connaît un véritable essor artistique et achitectural. Un grand nombre de cathédrales, de monastères, mais aussi da palais sont construits, témoignant d'une véritable renaissance des arts, des sciences et des lettres.

Soucieux de la formation morale et spirituelle des peuples soumis à sa domination et conscient, de par ses nombreux voyages, de l'ignorance dans laquelle sont plongés clercs et laïcs, Charlemagne entreprend d'oeuvrer pour la propagation de la connaissance sous toutes ses formes. Astronomie, mathématiques, architecture, grammaire, rhétorique, dialectique et même musique : les sciences et les arts sont donc redécouverts et encouragés dans tout l'Empire. Souverain éclairé, l'empereur chrétien d'Occident s'entoure d'une cour de fins lettrés dont il s'attache les services en échange de sa protection. C'est ainsi que, grâce à des savants comme l'Anglais Alcuin, les maîtres italiens Paulin d'Aquilée, Paul Diacre et Pierre de Pise ou l'Espagnol Théodulfe, les feux de l'école du Palais, connue aussi sous le nom d'école palatine, vont embraser une bonne partie du royaume. Sous leur impulsion, des écoles sont ouvertes et des monastères sont construits, des palais emplis de merveilles sortent de terre. Le plus beau des palais bâtis à cette époque est celui d'Aix la Chapelle, la ville où Charlemagne a décidé d'établir sa capitale et où il s'installe en 797. L'exemple donné par le palais d'Aix exerce une influence considérabe aux quatre coins de l'Empire.

Les lettrés des grands monastères (comme ceux de Corbie, près d'Amiens, de Saint Gall, en Suisse, ou de Saint Germain des Prés) se mettent eux aussi à l'ouvrage. Partout, la création est stimulée. Rien que sous le règne de Charlemagne (alors que le mouvement durera jusqu'à Charles le Chauve), on construit plus de deux cent trente deux monastères, sept cathédrales et soixante cinq palais. De ces bâtiments, il ne reste pratiquement plus rien, puisque presque tous étaient traditionnellement fabriqués en bois. Mais ont subsisté des vestiges en pierre, comme la crypte de léglise Saint Germain d'Auxerre ou quelques bâtiments "à la manière des Romains", que l'on trouve à Germigny, près d'Orléans, à Steinbach ou bien sûr à Aix. Mais les arhitectes (dont on encourage le travail en aidant à la diffusion des traités d'architecture de l'Antiquité, et notamment ceux de Vitruve), ne sont pas les seuls acteurs de cette renaissance. Tous les corps de métier artisanaux sont également mobilisés : maçons, tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs, artistes verriers (auxquels on doit les vitraux exceptionnels que l'on peut admirer à Fontenelle, Liège, Reims ou Auxerre) et bien évidemment les peintres, chargés selon un code pictural très précis de représenter les figures des seigneurs de leur temps ou les images de la foi pour décorer palais, églises ou chapelles.

Les Lettres, elles aussi, sont stimulées. C'st à cette époque que se répandent les premières chansons de geste, dont la plus fameuse demeure La Chanson de Roland, qui ne sera pourtant officiellement écrite qu'au Xème siècle. Supplantant les caractères gothiques, l'esthétique minuscule "caroline" devient l'écriture universelle. Le latin retrouve son apanage et s'impose comme la langue réservée aux clercs. Des bibliothèques sont installées dans de nombreux monastères. Les moines s'attellent à recopier avec soin les textes sacrés ou profanes, qu'ils enrichissent de magnifiques enluminures. A Tours, Reims, Aix la Chapelle ou Metz, ces ateliers de copistes permettent de sauver d'innombrables manuscrits qui risquaient d'être perdus à tout jamais. Bref, c'est tout un monde de culture qui se dessine.
Néanmoins, d'énormes difficultés empêchent cette Renaissance de briller partout et aussi longtemps qu'elle aurait dû. Malgré la multiplication des écoles et les prémisses d'une formation de "masse", le mouvement ne touche que ponctuellement quelques grands monastères ou évêchés privilégiés. Plusieurs paramètres en effet doivent être réunis : d'abord posséder ou se constituer une bibliotèque importante mais également bénéficier de l'impulsion d'un maître particulièrement savant et entretenant des relations suivies avec d'autres lettrés. Si de grands centres d'études ont vu le jour au Nord et à l'Est de l'Empire, de nombreuses régions ne connaissent pas cet engouement. Ainsi l'Aquitaine ou la Provence, deux régions pourtant importantes à l'époque, passent-elles totalement à côté de ce mouvement. Finalement, seuls les aristocrates suffisamment riches et oisifs seront les vecteurs de cette "Renaissance carolingienne". Et leur nombre demeurera par trop limité pour que cet essor prodigieux puisse s'imposer longtemps après la disparition de Charlemagne.

Le plus de la fiche

Page MAJ ou créée le

© cliannaz@free.fr