CHARLEMAGNE, CHEF DE GUERRE
La guerre contre les Saxons (772 - 792)

 

LA SOUMISSION DE WIDUKIND

 Charlemagne reçoit en 785 à Paderborn la soumission de Widukind; tableau commandé en 1834 par Louis Philippe pour le musée national de VersaillesDepuis des années, Charlemagne lutte pour convertir la Saxe païenne au christianisme et pacifier un peuple rebelle qui menace les frontières orientales de son royaume. En 785, il va enfin obtenir la soumission du chef Widukind, ainsi que sa conversion au christianisme, qui inaugurera une véritable conquête religieuse.

En 782, après avoir maté la rébellion saxonne menée par le chef Widukind, Charlemagne est reparti pour son royaume. Il se trouve à Thionville lorsqu'il apprend que les Saxons recommencent à se rassembler et à s'agiter de façon inquiétante. Sitôt qu'il a veillé au bon déroulement des funérailles de la reine Hildegarde, décédée en mai 783, il ordonne à ses troupes de se mettre en marche vers l'Est.
A Detmold une colonne de Westphaliens est écrasée, sur les rives de la Hase des troupes d'insoumis sont anéanties. C'est alors que la campagne s'arrête : le roi se rend à Worms, où il doit se remarier avec Falstrade, avant de prendre ses quartiers d'hiver dans sa résidence de Herstal. Comme lors de chacune de ses absences, les Saxons vont fomenter de nouveaux troubles.

En 784, Charlemagne doit revenir en Saxe à la tête de son armée. Autant pour l'exemple que pour le butin, il ravage méthodiquement la Westphalie et l'Ostphalie, puis effectue la jonction avec la nombreuse cavalerie commandée par Charles, son fils aîné, et se dirige vers l'Elbe. Signe de l'importance qu'il accorde à cette nouvelle expédition, cette année-là il ne regagne pas son royaume mais passe l'hiver en Saxe. Il établit ses quartiers dans la forteresse de Heresburg, plusieurs fois perdue et reconquise, où le rejoignent son épouse et ses autres enfants. Il ne marque pas la traditionnelle trêve hivernale et dépêche plusieurs colonnes en territoire saxon, surprenant l'ennemi et ne lui laissant aucun répit. Il se montre impitoyable : les rebelles sont traqués et tués; chaque lieu habité est toujours pillé et souvent brûlé. Récoltes et réserves sont systématiquement saisies afin d'affamer les populations. Pour la première fois, le roi des Francs pénètre sur les terres des Nordalbingiens, dans l'extrême nord de la Germanie, entre l'Elbe et l'Eider, et n'y rencontre aucune résistance.
Mais Widukind, l'intrépide et indomptable chef de la rébellion saxonne, reste insaisissable. Cependant, les messagers envoyés par le roi, des Saxons, parviennent à le rencontrer : s'il se rend, il aura la vie sauve. Widukind, méfiant, demande qu'on lui livre des otages pour garantir cette promesse. Enfin, en 785, il se présente devant celui qu'il défie depuis des années. Plus encore, lui qui a rallié ses partisans sous la bannière du paganisme, accepte d'être baptisé. Sachant toujours se montrer diplomate et pardonner lorsqu'il le faut, Charlemagne décide d'être son parrain et lui offre de somptueux cadeaux.

Cet événement extraordinaire provoque une intense émotion. Le pape Hadrien 1er écrit à Charlemagne pour le féliciter d'avoir, "avec le secours du Seigneur et sur l'intervention de Pierre et Paul, princes des apôtres, plié sous sa puissance les cous des Saxons et conduit toutes les nations à la source sacrée du baptême". Il commande des cérémonies grandioses pour fêter la victoire des chrétiens francs sur les païens.
Pourtant, une fois de plus, les Francs ne triomphent pas complètement. Ils n'obtiennent la soumission que d'une partie des Saxons, les autres restant fidèles aux dieux qu'ils vénèrent depuis des siècles. La soumission de Widukind pourrait bien rester sans suite. Pour avoir combattu les Saxons depuis des années, pour les connaître comme ses ennemis les plus tenaces et retors, pour avoir dû maintes fois reprendre des conquêtes remises en cause dès qu'il avait quitté la région, Charlemagne a pleinement conscience de la précarité de ces conversions. Plusieurs fois déjà, au cours des révoltes successives, les églises ont été détruites, les missionnaires chrétiens ont été massacrer ou ont dû s'enfuir. La christianisation, sur laquelle le roi compte pour pacifier enfin ces territoires, ne pourra étre durable que si l'on encourage les missions d'évangélisation, si l'on protège suffisamment les édifices du culte et leurs servants, si l'on prévoit de sanctionner les reniements. C'est à cette fin qu'est promulgué en 785 le capitulaire De Partibus Saxonis, qui dresse une longue liste de "crimes" religieux et des châtiments implacables dont ils seront punis. Ceux qui avoueront, se confesseront et se repentiront pourront obtenir une remise de peine. Cette réglementation, qui reste cependant très dure, se montrera un temps efficace : huit années durant, il n'y aura plus de révolte en Saxe.

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