CHARLEMAGNE, LES PERSONNALITES

 

EGINHART, LE BIOGRAPHE DE CHARLEMAGNE

Comme de nombreux lettrés de son temps, accueilli par Charlemagne à sa Cour d'Aix la Chapelle, l'érudit Eginhard a passé une grande partie de son existence auprès de l'empereur. Des années après la mort de ce dernier, il s'est consacré à l'écriture d'une biographie du souverain qui fait encore date. Il reste l'une des grandes figures de la Renaissance carolingienne.

Beaucoup de détails et d'évènements concernant Charlemagne nous sont parvenus grâce a la Vita Caroli Magni Imperatoris ("La Vie de Charlemagne") écrite par Eginhard, vraisemblablement plusieurs années après la mort de l'empereur, en 814, et sans doute avant 829. Souhaitant "perpétuer la mémoire du célèbre grand homme" en s'attachant à décrire "la vie, les moeurs,et les principaux faits", Eginhard a effectué avec enthousiasme son oeuvre de mémorialiste. Pour ce faire, il s'est posé en tant qu'observateur et témoin. "Conscient que j'étais de pouvoir, écrit-il alors, d'apporter plus de vérité que personne, puisque j'ai participé aux évènements que je rappelle et que j'en ait été le témoin oculaire".
Ce lettré, dont les historiens placent la naissance vers 775, dans la vallée du Main, a donc fixé pour les siècles suivants le  portrait d'un empereur, d'un homme dont il a été l'ami avant d'en être, de longues années durant, le zélé serviteur.

C'est à l'abbaye de Fulda, dans la région de la Hesse, en Allemagne, qu'Eginhard, également connu sous le nom de Einhard, passe ses premières années.  Rien ne nous est parvenu de ses origines exactes mais sans doute n'est-il pas de haute lignée puisque, sa vie durant, il semble qu'il n'ait jamais exercé de charge importante. Toujours est-il que, formé à la dure école des moines et maîtrisant à la perfection la langue latine, le jeune homme fait montre de brillantes qualités intellectuelles. Remarqué par l'abbé Baugolf, qui dirige alors Fulda, Eginhart est envoyé à la Cour de Charlemagne, au palais d'Aix la Chapelle, vers 791-792. Comme beaucoup de ses condisciples, il fait là d'énormes progrès, au sein de ce que l'on a baptisé "l'école palatine". Il y bénéficie d'une formation à la carrière des armes et à la vie politique. Repéré par Alcuin, l'éminence grise de Charlemagne, Eginhard va très vite faire partie du cercle restreint des lettrés directement en contact avec l'empereur. En 806, Charlemagne lui confie sa seule mission véritablement importante. L'empereur, qui vient de régler sa succession entre ses trois fils, lui demande d'aller porter une copie de l'acte officiel au pape. Eginhard se met en route et s'acquitte fort honorablement de sa mission. Pourtant, pendant les années qui vont suivre, il ne semble pas qu'il ait tiré de grands avantages de la position privilégiée qu'il occupe à la Cour. Devenu secrétaire particulier de Charlemagne, il est un observateur digne de confiance de tous les évènements qui marquent son règne. Il est par ailleurs chargé de diriger la construction des bâtiments importants, tels la cathédrale d'Aix, les palais d'Aix et d'Ingelheim, l'église de Michelstadt. En récompense, il se voit confier la direction de plusieurs abbaye, dont celle de Fontenelle, où il se rend de temps en temps.

En 814, à la mort de son "ami" Charlemagne, Eginhard demeure à la Cour, où il semble entrer dans une semi-disgrâce. Ce n'est qu'avec l'avènement de Louis le Pieux qu'il va être amené à jouer de nouveau un rôle de premier plan. Devenu conseiller du souverain, il veille pendant une dizaine d'années sur l'éducation de Lothaire, le fils aîné de Louis, appelé lui aussi à monter sur le trône. Les dispositions prises par le roi pour régler sa succession, à partir de 828, font naître une sourde hostilité entre ses trois fils. Eginhard, mis en position délicate, se résout à prendre ses distances vis-à-vis de la famille royale. En 830, la mort dans l'âme, il quitte la Cour où il a passé près de quatre décennies. Pendant quelques années, Eginhard trouve refuge dans son abbaye de Fontenelle. Puis, à la mort de sa femme, il se retire définitivement, au monastère de Selingenstadt, qu'il a fondé vers 831. C'est là qu'il va s'atteler à la rédaction de sa "Vie de Charlemagne" et qu'il mourra, le 14 mars 840. Sa monumentale biographie va contribuer à créer et à entretenir, pour des siècles, le mythe de "l'empereur à la barbe fleurie".

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