CHARLES III LE SIMPLE, LES PERSONNALITES
GUILLAUME LE PIEUX FONDE L'ABBAYE DE CLUNY
Le 11 septembre 909, Guillaume, comte de Mâcon et duc des Aquitains, signe publiquement à Bourges la charte de fondation de l'abbaye de Cluny. Libre de toute autorité civile ou religieuse, ne dépendant que de Rome, celle-ci sera le principal instrument de la réforme monastique du Xème siècle.
"Parce que je désire pourvoir à mon salut pendant qu'il en est temps, que moi, Guillaume, par le don de Dieu, comte et duc, j'ai estimé raisonnable de destiner au profit de mon âme une petite portion des biens temporels qui m'ont été accordés... Je fais ce don en stipulant qu'un monastère régulier devra être construit à Cluny en l'honneur des Saints Pierre et Paul, dont les moines vivront en communauté selon la règle du bienheureux Benoît", proclame Guillaume le Pieux dans la charte de fondationet de donation de la future grande abbaye. Au bas de l'acte, rédigé publiquement à Bourges, le 11 septembre 909, son épouse Engelberge, son neveu Guillaume, Madalbert, l'archevêque de Bourges, et plus d'une trentaine de personnes apposent leur signature auprès de celle du donateur.
Guillaume, duc des Aquitains et comte de Mâcon (qui
vient de gagner le surnom de Le Pieux) ne
se doute certainement pas qu'il vient de donner le coup d'envoi à l'une
des grandes aventures du Moyen Age. Niché dans sa terre de Bourgogne,
Cluny, épicentre de la réforme monastique voulue au siècle
précédent par Benoît d'Aniane, va rayonner sur l'Europe
pendant plus de deux cents ans. Jusqu'à ce que, au XIIème siècle,
se lève Bernard de Clairvaux, qui étendra le blanc manteau des
circestiens sur le continent
Fils de Bernard Plantevelue, Guillaume le Pieux
appartient à la haute aristocratie française carolingienne. Du
Languedoc au Limousin, sa famille possède des domaines que son père
a étendus jusqu'au sud de la Bourgogne. C'est là que le duc des
Aquitains établit l'un des plus grands monastères que l'Europe
ait jamais connus.
Quelques années auparavant, Guillaume le Pieux
a échangé avec sa soeur Avane une propriété en Auvergne
contre celle de Cluny, le vaste domaine dont il vient de doter les moines. Implantée
sur un ancien site gallo-romain, celui-ci est constitué de terres cultivées
et de forêts. Sur ce terroir se dressent également deux moulins
et une église.
Le duc d'Aquitaine connaît bien les dangers qui
menacent les monastères. Créées le plus souvent grâce
à la générosité des seigneurs laïcs, ils risquent
souvent de perdre leur indépendance, de se voir imposer leur abbé
et dérober le revenu des biens qui leur sont attachés. Guillaume
le Pieux prend une importante disposition dans la charte de fondation de Cluny
: afin de la protéger, il place la future abbaye sous la protection de
la papauté. "Je donne de ma propre autorité
des biens qui sont ma propriété aux apôtres Pierre et Paul,
et je vous supplie donc, ô saints apôtres et glorieux princes de
la terre, Pierre et Paul, et vous, pontife des pontifes, d'exclure de la communion
de la Sainte Eglise de Dieu et de la vie éternelle... les voleurs, les
envahisseurs et les destructeurs de ces biens", affirme-t-il dans
la charte de Bourges. Le duc d'Aquitaine, proablement sans le savoir, oriente
ainsi le futur monastère vers une glorieuse destinée. En lui conférant
une pleine indépendance, en le soustrayant à l'autorité
de l'évêque, il donne à Cluny, qui deviendra le soutien
indéfectible de la papauté, les moyens de son développement
et de son rayonnement.
Guillaume le Pieux met aussi à la tête
du monastère un abbé. Comme le précise la charte de la
fondation, il choisit Bernon, l'homme des commencements. Le moine, qui connaît
bien la réforme promulguée par Benoît d'Aniane, est entré
jeune homme à l'abbaye de Saint Martin d'Autun, important centre religieux
bourguignon. Une vingtaine d'années avant la création de Cluny,
avec quelques compagnons, il a fondé un monastère à Gigny
sur des terres lui appartenant.
Pendant quelque dix sept ans, Bernon va diriger
la nouvelle abbaye, qu'il place bien évidemment sous la règle
bénédictine réformée par Benoît d'Aniane.
Il accroît le domaine grâce à quelques donations et construuit
sans doute les premiers bâtiments. Peu avant sa mort, en 927, il désigne
comme son successeur Odon, l'un des premiers grands abbés que connaîtra
Cluny.
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