LOUIS 1ER LE PIEUX, SA VIE
LOUIS LE PIEUX EPOUSE JUDITH DE BAVIERE
En février 819, moins d'un an après la mort de l'impératrice Ermengarde, Louis 1er le Pieux épouse en secondes noces la belle et ambitieuse Judith de Bavière. Un mariage qui, avec la naissance du futur Charles le Chauve, sera lourd de conséquences pour l'unité de l'Empire franc et la dynastie carolingienne.
L'impératrice Ermengarde s'est éteinte le 3 octobre 818.
L'Empereur Louis 1er le Pieux est alors un robuste quadragénaire dont le chagrin
et la dévotion font craindre qu'il ne décide d'entrer au couvent : ses conseillers
décrètent qu'il lui faut se remarier. Le souverain y consent assez volontiers,
mais pose une une condition surprenante pour l'époque et rarement formulée aussi
franchement : il veut que sa nouvelle épouse soit belle!
En février 819,
une cérémonie inhabituelle est organisée à Aix la Chapelle. L'Empereur a réuni
tous ceux qui comptent dans son entourage, ses ministres, les grands officiers
et les clercs de la Cour. Lors de ce rassemblement solennel, on va procéder
au choix de la nouvelle impératrice, et devant ces éminentes personnalités défilent
les plus ravissantes nobles demoiselles de l'Empire. Dès que Louis le Pieux
voit Judith de Bavière, la fille du comte Welf 1er de Souabe, il est conquis
: les noces sont célébrées avant la fin du mois.
L'heureuse élue est une beauté de dix sept ans. C'est aussi
une riche héritière, dont le père possède d'immenses domaines en Bavière et
en Alémanie. Fort cultivée, elle sait lire et écrire, joue de la musique et
charme son entourage par ses propos spirituels. Les chroniqueurs s'extasient
devant sa science, son esprit. Elle "tournait le coeur
des hommes à tout ce qu'elle voulait" faisant
"merveilleusement vibrer les cordes des instruments sous l'archet aux doux
sons", rapporte le poète Walafrid. Intelligente, Judith est surtout
habile, tenace et exigeante. Forte de l'influence toute puissante qu'elle exerce
sur l'Empereur, elle commence par favoriser sa famille. Elle obtient pour sa
mère l'abbaye de Chelles, pour son frère Rodolphe les abbayes de Saint Riquier
et de Jumièges, pour son frère Conrad l'abbaye de Saint Gall et la main d'une
parente par alliance de Louis le Pieux. En 827, sa soeur Emma est mariée à Louis
de Bavière, le futur Louis le Germanique, troisième fils né du premier lit de
l'Empereur.
L'Impératrice met au monde un premier enfant, une fille prénommée
Hildegarde. Puis, le 13 juin 823, elle donne naissance à un garçon, le futur
Charles le Chauve, qui va la pousser à jouer un rôle décisif. Déterminée à obtenir
un royaume pour son fils, elle se heurte à ses trois beaux-fils, héritiers en
titre, Lothaire 1er, Pépin d'Aquitaine et Louis de Bavière. Pressentant le danger,
Louis le Pieux a désigné son aîné comme parrain et protecteur de son dernier
né. Vaine précaution : les complots de palais se multiplient.
Judith se heurte à l'opposition implacable de Wala, cousin
et ancien conseiller de Charlemagne, prêt à tout pour sauver l'unité de l'Empire.
Cependant, celui-ci échoue : en 829, à l'assemblée de Worms, le petit Charles
se voit attribuer le titre de duc et les territoires d'Alémanie, berceau de
sa famille maternelle, de Rhétie et une partie de la Bourgogne. L'Impératrice
est alors au sommet de sa gloire et de son pouvoir, louée par le moine poète
Ernold le Noir : "Digne épouse, belle Judith, qui
siège avec César au faîte de l'Empire".
Mais cette félicité est
suivie, dans les années 830, par maints revers de fortune. Les aînés de Louis
le Pieux s'allient pour contrer les projets de leur belle-mère, qu'ils font
enlever et qu'ils somment d'obtenir de l'Empereur qu'il abandonne le pouvoir.
Judith ne promet rien. Mais la révolte de ses fils et des grands contraint le
souverain à capituler et à annuler les dispositions de Worms. L'Impératrice est
reléguée à l'abbaye Sainte Radegonde à Poitiers, sa famille est exilée, nombre
de ses partisans trouvent la mort.
Pour avoir voulu obtenir un royaume pour
son fils, Judith de Bavière a provoqué une guerre civile, qui bouleversera l'Empire
franc jusqu'après la mort de Louis le Pieux, en juin 840. Au terme de bien de
rebondissements et de plusieurs partages, en mai 839, lors d'une nouvelle assemblée
de Worms, le futur Charles le Chauve se taille la part du lion et se voit attribuer
la Neustrie, qui plus tard deviendra le royaume de France. Judith de Bavière
mourra à Tours, où elle s'est retirée, le 13 avril 843, ayant une lourde part
de responsabilité dans le démembrement de l'Empire de Charlemagne, qui sera
entériné quelques mois plus tard par la signature du traité de Verdun.
Page MAJ ou créée le