EUDES, CHEF DE GUERRE

 

PARIS ASSIEGE PAR LES VIKINGS

Le comte Eudes défend Paris contre les Normands. Peinture de Victor Schnetz commandée par Louis Philippe pour le musée de Versailles en 1834De 885 à 886, Paris subit les assauts répétés des Vikings. Maintes fois ravagée par le passé, la capitale a pris ses précautions. Fortifiée et défendue par le comte Eudes, elle est bien décidée à résister aux hordes d'envahisseurs venus du nord.

La rumeur est parvenue avant eux; aussi, les Parisiens ne sont-ils pas surpris de voir les premiers drakkars remonter la Seine. Un moine de Saint Germain des Prés mentionne leur nombre impressionnant, et probablement exagéré. Quarante mille hommes auraient débarqué sur 700 navires. Mais ce 24 novembre 885, la flotte viking ne semble pas vouloir s'en prendre à Paris. Par précaution, la population s'est retranchée dans la cité à nouveau fortifiée, emportant avec elle les reliques de Saint Germain, Saint Séverin, Sainte Geneviève et Saint Marcel. Le chef viking Siegfried est reçu par l'évêque Gozlin et le comte Eudes. Après les salutations d'usage, il demande l'autorisation de poursuivre sa route en amont du fleuve. Les Francs ne sont pas dupes et devinent que les barbares veulent piller les riches région du centre du royaume. Malgré la menace, l'évêque et le comte refusent. La défense du royaume est aussi leur affaire et ils sont prêts à faire face aux envahisseurs qui, de leur côté, ne ménageront pas leurs efforts pour prendre par la force ce qu'ils ne peuvent obtenir par la négociation.

Voilà quarante ans que les premiers Vikings ont apporté la désolation à Paris. Charles le Chauve n'était alors pas parvenu à sauver la ville. Il avait dû monnayer le départ des pirates en leur versant près de 7 000 livres d'argent. Pendant onze ans, les Parisiens ont vécu en paix avant de subir une nouvelle vague de raids. De 856 à 861, les Vikings rasent et brûlent la ville, incendient les églises et s'acharnent à plusieurs reprises sur Saint Germain des Prés qui finira par construire sa propre enceinte. En 869, un dernier raid achève de convaincre les autorités et les habitants qu'il est temps de réagir.
L'année 870 voit la construction de Grand Pont  et du Petit Pont qui relient respectivement la rive droite et la rive gauche à l'île de la Cité. Ce sont de véritables remparts barrant le cours de la Seine. Leurs piles rapprochées sont destinées à empêcher le passage des bateaux et leurs extrémités sont défendues par des fortins. La pointe ouest de l'île de la Cité est couronnée d'une forteresse en bois, renforçant l'un des points les plus vulnérables de la ville. Sept ans plus tard, deux capitulaires mentionnent une vaste campagne d'organisation de la défense de la cité. Lorsque les Vikings arrivent, en 885, ils trouvent Paris prête à soutenir un siège. L'évêque Gozlin a fait rehausser les remparts et renforcer la structure ainsi que le système de défense des ponts.

Excédés par le refus des Francs de leur accorder le passage, les chefs vikings décident de faire payer à Paris son audace. Ils pourraient se contenter de détruire les ponts qui leur barrent le passage mais la ville a l'air riche. L'occasion est trop belle. Méthodiquement, ils ravagent les deux rives de la Seine, désertées par leurs habitants. Ils tentent de faire tomber les résistances du Grand Pont. Mais l'adresse des assiégés leur cause de nombreuses pertes.
Début 886, la siège de Paris entre dans sa phase passive. Les Normands ont constaté l'inefficacité de leurs machines de guerre et, renonçant à la force, instaurent un blocus. L'hiver s'annonce rude. Le 6 février, les flots de la Seine, déjà gonflés par les pluies, emportent le Petit Pont. Isolés dans une tour de la rive gauche, les douze défenseurs du pont résistent vaillamment aux attaques avant d'être massacrés. La voie sur la Seine désormais ouverte, une partie des Normands abandonne le siège.
Un mois plus tard, Henri, comte d'Austrasie, tente de prêter main forte aux assiégés. Ses tentatives échouent, mais il parvient toutefois à ravitailler la ville.
Le 16 avril, l'évêque Gozlin meurt. Eudes reçoit alors le commandement, secondé par l'évêque de Saint Germain. Le comte mène la résistance de main de maître. Il galvanise ses troupes et réorganise totalement le système de défense de la capitale. Rien n'est négligé pour contrer les barbares. On promène même sur les remparts les reliques de Sainte Geneviève qui a jadis protégé Paris des Huns d'Attila.
En mai, Eudes quitte Paris. Le mois suivant, il revient avec des renforts. Entre-temps, il a demandé l'aide de Charles le Gros, dont les forces sont seules susceptibles de rompre le siège. En août, l'Empereur arrive en vue de Paris à la tête d'une forte armée. Depuis les hauteurs de Montmartre, il lance, sans succès, quelques attaques. Puis, au lieu de tenter d'anéantir les assiégeants, il négocie et obtient leur départs contre 700 livres et l'autorisation de continuer leur route vers la Bourgogne, qu'ils ont tôt fait de ravager.

Le plus de la fiche

Page MAJ ou créée le

© cliannaz@free.fr