PEPIN LE BREF LE CHEF D'ETAT

PEPIN LE BREF SE FAIT PROCLAMER ROI DES FRANCS
(Mai 751)

A Pépin le Bref, seul maître du royaume, il ne manque plus que la couronne. Fort du soutien du pape Zacharie, le fils de Charles Martel dépose Childéric III, le dernier souverain mérovingien, pour incapacité, puis le fait tonsurer et enfermer dans un monastère de Flandre. Au champ de mai de Soissons, en 751, il se fait proclamer roi des Francs et reçoit l'onction sacrée des évêques. Une nouvelle dynastie est née, celle des Carolingiens.

En 747, Carloman, l'aîné des fils de Charles Martel, s'est retiré du monde au monastère du mont Soracte et a laissé le pouvoir aux mains de son cadet, Pépin le Bref. A celui-ci, maître unique et tout puissant du royaume franc, il ne manque plus que la couronne. Mais, si l'héritier de la famille austrasienne des Péppinides tient les rênes du gouvernement, la dynastie mérovingienne n'est pas encore éteinte. Porté sur le trône en 743 par Carloman et Pépin le Bref, soucieux de conserver cette autorité morale et symbolique, Childéric III en est l'héritier légitime. S'il veut éliminer ce roi qui n'est plus qu'une marionnette entre ses mains, Pépin doit cependant agir en respectant certaines formes, afin d'écarter les résistances, en particulier celle des Grands de Neustrie, et de trouver une justification à son accession à la royauté.

Rome n'a pas oublié que les Francs ont été, en 496, les premiers barbares à se convertir à la religion chrétienne sous la houlette de Clovis et qu'ils lui ont toujours apporté leur soutien. Mais la dynastie mérovingienne n'est plus maîtresse de ses destinées, entièrement soumise qu'elle est au pouvoir de ses maires du palais. Depuis que Charles Martel a tenté de porter assistance au pape Grégoire III contre les Lombards, le Saint Siège est on ne peut plus favorable aux Péppinides. A Carloman et à Pépin le Bref il rend grâce d'avoir réformé l'Eglise franque et soutenu l'oeuvre missionnaire de Boniface, "l'apôtre de la Germanie".
En Italie, les Lombards convoitent l'ensemble de la Péninsule. Mais, à Rome, les souverains pontifes leur barrent la route. En cette année 751, le pape Zacharie voit ses domaines une fois de plus menacés par les expéditions lombardes. Abandonné par le patriarche et l'empereur de Constantinople, qui, en outre, lui contestent son statut de chef de la Chrétienté, il n'a plus qu'une seule issue, se tourner vers les Francs et solliciter de nouveau leur aide. Dans le Nord comme dans le Sud, les circonstances plaident ainsi pour le rapprochement et l'alliance de Pépin le Bref avec Zacharie. Le Péppinide, qui a pleinement pris conscience de ces divers éléments, envoie à Rome un de ses plus proches conseillers, Fulrad de Saint Denis. L'abbé de la plus prestigieuse institution religieuse du royaume franc est porteur d'une requête par laquelle Pépin le Bref sollicite l'avis du souverain pontife.

Qui doit régner? Le souverain en titre, mais sans aucun pouvoir? Ou le régent effectif, celui qui exerce de fait le pouvoir? C'est à dire en clair, le Mérovingien Childéric III ou le Pépinnide Pépin le Bref?
Se référant à Augustin et à son ouvrage La cité de Dieu, mais aussi fort de la promesse que les Francs lui apporteront leur soutien dans sa lutte contre les Lombards, Zacharie déclare sans ambages que celui qui détient le pouvoir a droit au titre de roi. Sitôt que la réponse du pontife lui parvient, Pépin le Bref dépose Childéric III pour incapacité, puis convoque l'Assemblée des Grands au champ de mai de Soissons. Là, il se fait élire et proclamer roi des Francs. Après avoir été acclamé par l'assistance, il se fait hisser sur le pavois, comme le veut l'usage germanique. Enfin il renouvelle une coutume des traditions juive et wisigothe et, l'introduisant pour la première fois dans la monarchie franque, se fait sacrer par les évêques présents, parmi lesquels se trouve vraisemblablement Boniface. Ainsi doublement élu de son peuple et de Dieu, Pépin le Bref légitime son usurpation du trône et ouvre la voie à une nouvelle dynastie : celle des Carolingiens.
Quant au malheureux Childéric III, son "successeur" le fait tonsurer puis enfermer au monastère de Saint Bertin, près de Saint Omer. C'est là que le dernier des souverains mérovingiens finira ses jours. Son fils Thierry subit le même triste sort, avant d'être relégué à l'abbaye de Fontenelle.

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