LES CAROLINGIENS
PEPIN LE BREF, CHEF DE GUERRE |
PEPIN LE BREF LIBERE ROME DU JOUG DES LOMBARDS Comme il l'a promis au pape Etienne II lors des cérémonies de renouvellement de son sacre, Pépin le Bref lance ses armées contre les Lombards qui menacent Rome. Après deux expéditions victorieuses, en 754 et en 756, il va sceller l'alliance de la royauté franque avec la papauté en offrant au Saint Siège, par la "donation de Pépin", les territoires qu'il a conquis par droit de guerre. Au VIIème siècle, les Lombards, peuple d'origine
germanique, sont solidement implantés en Italie et font échec
à toutes les tentatives de reconquête de l'Empire d'Orient. Au
siècle suivant, ils s'emparent de l'exarchat de Ravenne et de la Pentapole
et, Rome faisant barrage à leurs ambitions territoriales, deviennent
une grave menace pour la papauté. Ne respectant pas la trêve de
trente ans conclue avec le pape Etienne II, Aïstolf, le roi des Lombards,
prétend réduire le successeur de Saint Pierre au rang de simple
évêque. Celui-ci n'a plus pour seule issue que de demander l'aide
militaire de Pépin le Bref. Pendant que Jérôme, son demi-frère, escorte
Etienne II jusqu'à Rome, Pépin le Bref reprend Pavie et signe
un traité de paix avec le roi des Lombards. Mais, comme le roi des Francs,
sur la route du retour, vient de franchir les Alpes, Aïstolf rompt son
engagement, reprend ses positions devant Pavie et lance une offensive de grande
envergure contre Rome. Désespéré, Etienne II fait parvenir
trois missives à Pépin le Bref, dont l'une est présentée
comme lui ayant été dictée par Saint Pierre en personne.
L'apôtre insiste pour que son tombeau, menacé par "cet abominable
peuple lombard", soit sauvegardé et, tout en proclamant qu'il a
adopté la dynastie carolingienne, n'hésite pas à promettre
des représailles si les Francs n'interviennent pas. Il décide donc d'entreprendre, en 756, une deuxième
expédition contre les Lombards. De nouveau vaincu par les Francs, Aïstolf
doit signer le traité de Pavie et rendre les villes dont il s'est emparé.
Les Francs remettent au Saint Siège les clefs de 22 cités et du
duché de Rome. Elles sont solennellement déposées sur le
tombeau de Saint Pierre par Fulrad, l'abbé de Saint Denis, accompagnées
de la "donation de Pépin", acte de donation perpétuelle
des territoires que le roi des Francs a ainsi conquis de droit de guerre. Mais
l'Empereur d'Orient, Constantin V, qui ne reconnaît ni la suprématie
du pape sur l'Eglise chrétienne ni ses droits sur les anciens territoires
de l'Empire en Italie, proteste. Selon lui, ces domaines appartiennent à
l'Empire et Pépin le Bref ne peut les donner à la papauté.
C'est alors que commence à circuler la "donation de Constantin".
Rédigée dans la seconde moitié du VIIIème siècle,
ce document affirme que, en 330, pour remercier le pape Sylvestre de l'avoir
guéri de la lèpre, l'empereur Constantin 1er lui aurait donné
l'autorité et le pouvoir temporels sur Rome, l'Italie et la partie occidentale
de l'Empire. Il aurait, de plus, reconnu au Saint Siège la primauté
sur tous les autres sièges ecclésiastiques de la Chrétienté.
Constantin V a beau clamer que ce texte, sur lequel Rome s'appuiera pour justifier
de son pouvoir temporel jusqu'au Moyen Age, est un faux, Pépin le Bref
n'en a cure; pas plus que des riches cadeaux offerts par l'Empereur. Il faut
en effet savoir que, si Clovis, en son temps, a eu vraiment besoin du soutien
de Constantinople pour faire l'unité des Gaules, l'Empire d'Orient est
aujourd'hui considérablement affaibli. Aussi Pépin le Bref, conscient
du fait que l'appui du pape est une carte majeure dans son jeu politique, adresse
un refus poli à Constantin V. Page MAJ ou créée le |