LE SECOND EMPIRE
1848-1870

Pages mises à jour au 22/06/2003

Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon IIIAuréolé de la gloire de l'Aigle, le prince Louis-Napoléon Bonaparte a été élu Président de la République à une énorme majorité, le 10 décembre 1848. Le neveu compte bien suivre les traces de l'Oncle. N'ayant pu obtenir une révision constitutionnelle qui provoquerait son mandat, il fait appel à la force armée et organise un coup d'Etat. Cette "opération de police un peu rude" est menée avec une merveilleuse dextérité et le vainqueur se fait plébisciter par près de 7 millions de voix contre 600 000. Le pays se donne avec enthousiasme au dictateur.

 Président pour dix ans, puis empereur héréditaire (après le second plébiscite de 1852, encore plus triomphal que le premier) l'ancien prisonnier de Ham sera-t-il Napoléon le Grand ou Napoléon le Petit ? Il apparaît en tout cas comme le dispensateur de l'ordre et de la paix. Ce rêveur couronné, épris de philosophies humanitaires, a mûri pendant ses années de captivité de nobles et grandes idées : extinction du paupérisme, libération des peuples opprimés, transformations politiques et sociales ? Généreux, chimérique, énigmatique, opiniâtre, il va mener une politique personnelle et secrète, souvent à l'insu de ses propres ministres, et sans se soucier beaucoup des contradictions internes.
La première décade du règne est une période heureuse. Le pays connaît d'indéniables satisfactions. L'industrie prend son essor, l'économie se modernise, les affaires reçoivent une impulsion nouvelle, de grands travaux sont entrepris, Paris se transforme. Une cour brillante gravite autour de l'Empereur et de l'Impératrice Eugénie et la naissance d'un prince héritier contribue au prestige du couple impérial. En même temps, des victoires militaires en Crimée, puis en Italie, flattent l'orgueil national.
Le souverain gouverne de façon autoritaire. Des préfets dociles dirigent les provinces, la presse est surveillée, les électeurs sont dirigés, les réunions publiques interdites, mais qu'importe ! Les Français acceptent aisément l'aliénation de leurs libertés en échange du bien être matériel et de la légitime fierté qu'ils retirent de leurs succès en politique étrangère. L'opposition semble d'ailleurs résignée et les ouvriers, quoique mécontents de leur sort, demeurent calmes.
L'apogée du Second Empire se situe vers 1860, après la réunion de Nice et de la Savoie à la France. Napoléon III, se trouvant face à quelques difficultés internes , veut alors se rapprocher de la gauche : il peut se croire assez fort pour accorder des concessions. En fait, le Second Empire va maintenant évoluer vers un régime progressivement libéral.

Les premières mesures sont pourtant jugées insuffisantes et des grincements se font entendre. Des difficultés financières, le mécontentement de certains industriels devant le traité de commerce avec l'Angleterre, l'inquiétude des cléricaux à propos de la question romaine provoquent d'acerbes critiques qui se manifestent par élections moins favorables. L'Empereur tente de gagner les ouvriers en leur accordant le droit de grève mais ceux-ci, pour la plupart, demeurent républicains. Au parlement, Thiers prend la tête de l'opposition.
La politique extérieure de Napoléon III va considérablement aggraver la situation. L'expédition du Mexique, cette "gigantesque étourderie", se termine de façon tragique. Non seulement l'Empereur a gaspillé bien inutilement ses forces, mais il assiste, passif, à la défaite de l'Autriche battue à Sadowa par la Prusse. Les Français ignorent encore qu'ils devront compter avec l'ambition prussienne.
A Paris, en tout cas, on s'amuse. L'Exposition de 1867 accueille un nombre immense de visiteurs. Fêtes, bals, spectacles se succèdent, toujours plus brillants, dans une atmosphère de griserie. L'Europe entière défile du reste dans notre capitale pour applaudir Offenbach et l'étonnante Hortense Schneider.
Mais la santé de l'empereur décline : une maladie de vessie va bientôt faire de lui un homme usé, un aboulique. Sa mésentente avec Eugénie, qu'irritent les infidélités conjugales, l'a conduit à laisser celle-ci donner son avis dans les décisions gouvernementales. Les interventions de l'impératrice seront, hélas ! malheureuses.
Le régime s'achemine lentement vers sa chute. Pour apaiser l'opinion, l'Empereur accepte encore des réformes politiques, mais les nouvelles lois renforcent l'opposition et les attaques des républicains augmentent de violence. Aux élections de 1869, les partisans d'un empire libéral l'emportent. Napoléon III doit s'incliner.
Le plébiscite du 18 mai 1870 approuve la transformation de la Constitution autoritaire en un régime semi parlementaire.
"Nous ferons à l'empereur une vieillesse heureuse", déclare Emile Ollivier, et Gambetta constate avec tristesse : "l'empereur est plus fort que jamais".
Il ne l'est pas assez pour se permettre une défaite militaire. La France, grisée d'illusions, se prépare à la guerre contre la Prusse. Elle s'y lance avec une armée inférieure en effectifs, en armements, en organisation, en commandement. Elle ne dispose d'aucune alliance, alors que tous les Etats Allemands joignent leurs forces à Bismarck. En quelques semaines, ce sera l'écrasement. Le Second Empire disparaîtra dans la catastrophe.

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