LE DUC D'AUMALE GOUVERNEUR DE L'ALGERIE

En 1847, le maréchal Bugeaud démissionne de son poste de gouverneur de l'Algérie. Pour le remplacer, Louis Philippe nomme le duc d'Aumale, son quatrième fils, que le vieux militaire considère, du fait de sa bravoure et de ses capacités, comme le plus apte à poursuivre son oeuvre.

Le maréchal Bugeaud a démissionné de son poste de gouverneur de l'Algérie. Après être parvenu à occuper la Kabylie, il a préféré se retirer sur un succès. S'il abandonne la fonction qui est la sienne depuis près de sept ans, c'est aussi parce qu'il n'a pas réussi à imposer comme colons des anciens militaires, car le Gouvernement favorise les détenteurs de capitaux, les "barons aux gants jaunes", que l'armée doit protéger. Un temps, Louis Philippe a hésité à faire du duc d'Aumale le gouverneur des possessions françaises d'Afrique du Nord, car l'Angleterre considère cette nomination comme l'institution d'une véritable vice royauté, prélude à la constitution d'un empire français au Maghreb. Si le roi n'ose pas accorder le titre de vice roi à son quatrième fils, il persiste dans sa volonté de lui confier le gouvernement de l'Algérie, passant outre les craintes et les susceptibilités britanniques.
Le 5 octobre 1847, le duc d'Aumale entre en fonction à Alger. Très populaire, il y reçoit un accueil enthousiaste. Dans son discours de bienvenue aux troupes, le prince rappelle
"qu'il a déjà été cinq fois à l'honneur de servir dans leurs rangs" et rend un vibrant hommage au maréchal Bugeaud, son illustre prédécesseur.

Le premier soin du duc d'Aumale est de s'occuper des problèmes concernant l'administration de la colonie. En accord avec les généraux sous ses ordres, il a repoussé le principe d'en abandonner le soin à l'armée et, avant même de débarquer en Algérie, a édicté deux ordonnances royales. La première, en date du 1er septembre, réorganise l'administration civile de la colonie, qui est confiée à un directeur, sorte de préfet assisté d'un conseil disposant des pleins pouvoirs même dans les territoires militaires. La seconde, en date du 28 septembre, instaure un régime municipal calqué sur celui de la métropole et fondé sur le principe des conseils municipaux et des maires nommés.
Le nouveau gouverneur réorganise également les tribunaux de commerce et crée un comptoir de la Banque de France à Alger. D'importants travaux sont entrepris, tels que la modernisation du port de la "capitale", le renforcement des défenses côtières et la mise en chantier de nouvelles routes. Enfin, des mesures bienveillantes à l'égard des populations locales (proclamation d'une amnistie, organisation de l'instruction publique pour les Musulmans) contribuent encore à faire bien augurer de l'action du duc d'Aumale. La seule menace qui semble toujours planer sur la pacification étant représentée par Abd el Kader.

Réfugié au Maroc, à proximité de la frontière algérienne, l'ancien émir de la province oranaise est en lutte contre la France depuis près de quinze ans. Le duc d'Aumale sait que c'est un adversaire avec qui il faut compter. Lors de ses précédentes campagnes en Algérie, il a maintes fois eu l'occasion de s'en rendre compte. Notamment en mai 1843, lorsqu'il s'est emparé par surprise de la smala (le camp de toile itinérant) d'Abd el Kader, un des épisodes les plus marquants de la conquête de l'Algérie. Finalement, l'émir rebelle fait sa soumission au général Lamoricière le 23 décembre. Il vient ensuite s'incliner devant le duc d'Aumale, qui lui offre une magnifique jument blanche et confirme la promesse de le faire conduire en exil en Orient, à Alexandrie ou à Saint Jean d'Acre.
Cependant la Chambre des députés n'apprécie guère la mansuétude du gouverneur de l'Algérie. Et ce n'est qu'après de pénibles discussions et la ratification d'un accord international avec l'Empire turc que l'on conviendra d'honorer la promesse du prince. Mais, la Révolution de 1848 et la IIème République en décideront autrement. Tandis qu'Abd el Kader est placé en résidence surveillée en France, le duc d'Aumale se voit obligé de renoncer à un gouvernement auquel il n'aura consacré que quelques mois.

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