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LE DUC DE BERRY ET MARIE CAROLINE DE NAPLES : LA MARIEE
DEBARQUE A MARSEILLE
C'est l'union de l'espoir. Louis XVIII, qui n'a pas d'enfants,
voit dans le mariage du duc de Berry, fils cadet de son frère, le comte
d'Artois et futur Charles X, la possibilité d'assurer une descendance
directe au trône de France. En épousant au printemps 1816, la princesse
Marie Caroline de Naples,le neveu du roi s'allie à la puissante famille
des Bourbons Sicile.
Louis XVIII est impatient d'assurer l'avenir de la Couronne.
Depuis le début de l'année 1816, cette préoccupation est
devenue essentielle pour de nombreuses raisons. Préoccupé par
sa santé qui se dégrade et sans enfant, le roi est soucieux d'assurer
la pérennité de la monarchie française. Il veut voir se
perpétuer la lignée directe de son sang, même par le biais
de son frère, le comte d'Artois, le futur Charles X. Des descendants
mâles doivent absolument naître pour tenir à l'écart
du trône la branche cadette des Bourbons, les Orléans. Leur représentant,
le duc d'Orléans, le futur Louis Philippe 1er, est resté en Angleterre
après les événements des Cent Jours. Il inquiète
le roi par ses sympathies bonapartistes et libérales, ainsi que par sa
popularité et par les nombreux héritiers que lui a donnés
son épouse, Marie Amélie.
Le fils aîné du comte d'Artois, le duc d'Angoulême et sa
femme et cousine germaine, Marie Thérèse Charlotte, la fille de
feu Louis XVI, n'ont pas d'enfant. C'est donc au duc de Berry que revient la
responsabilité de donner un héritier à la dynastie des
Bourbons. Cet état de fait est accepté tant par les Français
que par les puissances étrangères.
Marie Caroline de Naples a été choisie parmi
de nombreuses candidates possibles issues des différentes Cours européennes.
Après de brèves négociations, il a été décidé
que le mariage serait célébré dès le printemps 1816.
La princesse est considérée comme une fiancée très
convenable. Fille du prince de Calabre, héritier du trône de Naples,
et de la princesse Clémentine, elle appartient à la famille des
Bourbons Sicile et descend par sa mère de la puissante Maison des Habsbourg.
Agée de 18 ans, elle est vive, petite mais bien faite, blonde et primesautière.
Les mauvaises langues lui attribuent un strabisme gênant, mais elle s'arrange
pour faire oublier ce défaut en mettant en valeur le bleu limpide de
son regard.
Marie Caroline a séduit le duc de Berry avant même de le rencontrer.
"Tout ce j'entends dire de vos qualités, de
votre bonté, de votre esprit, de vos grâces, me charme, me fait
brûler du désir de vous voir et de vous embrasser comme je vous
aime", lui écrit-il avec fougue. La fiancée se montre
elle aussi ravie à la perspective d'épouser le neveu du roi de
France. A 38 ans, Charles Ferdinand, s'il n'a pas une allure de prince, en porte
le titre. Il possède un sourire charmeur et passe pour savoir parler
aux jolies femmes. Marie Caroline n'en demande pas plus.
Le mariage par procuration est célébré à Naples,
le 25 avril 1816. Puis, début mai, la nouvelle duchesse de Berry s'apprête
gaiement à traverser la Méditerranée, pour rejoindre sa
patrie d'adoption. Ce mariage de convenance politique fait déjà
figure, pour chacun des époux, de véritable roman d'amour.
Marie Caroline foule pour la première fois le sol
français le 21 mai 1816, à sa descente de la frégate qui
l'a amenée de Naples à Marseille. La cité phocéenne
est pavoisée en son honneur. Ce qui fait oublier à la duchesse
la contrainte, imposée par le comité sanitaire, qui l'oblige à
rester dix jours en quarantaine à cause de la peste qui sévit
en Italie. Marie Caroline accepte avec bonne humeur les excuses de Louis XVIII.
Pour se faire pardonner, le roi a tout particulièrement soigné
le trousseau qu'il fait porter à sa nouvelle nièce. Les robes
de velours y côtoient les fourrures rares et les bijoux de prix.
A l'hôtel de Ville, la duchesse écoute attentivement les discours
et joue son rôle à la perfection. Avec un accent ensoleillé,
elle lance malicieusement aux émissaires du roi, qui lui parlent en italien
: "En français, je vous prie, je ne connais
plus d'autre langue"! La verve toute latine de Marie Caroline lui
permet de gagner instantanément le coeur des Marseillais. Ceux-ci la
trouvent irrésistible. Et leurs acclamations seront le prélude
aux vivats de tout un peuple, conquis par son charme et sa fraîcheur.
Il en sera ainsi tout au long des étapes du long voyage qui mènera
la duchesse à Fontainebleau, où elle rencontrera pour la première
fois son époux.
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