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CASIMIR PERIER SUCCEDE A LAFFITE A LA PRESIDENCE
DU CONSEIL
Après la chute du ministère Laffitte, Louis
Philippe songe aussitôt à confier la présidence du Conseil
au banquier Casimir Perier. Alors Président de la Chambre, où
il a su faire preuve d'autorité, celui-ci a ostensiblement montré
le dégoût que lui inspirait la politique de facilité et
d'abandon qui était celle du Mouvement, le parti de Jacques Laffitte.
Le 13 mars 1831, il répond à l'appel du roi en posant les conditions
nécessaires, selon lui, pour être en mesure de bien gouverner.
Casimir Perier et Jacques Laffitte ont un point commun :
tous deux sont banquiers . Mais la ressemblance s'arrête là. Casimir
Perier, né à Grenoble en 1777, est issu d'une famille de notables
du Vercors, propriétaire de ce fameux château de Vizille où
s'est tenue la réunion des états provinciaux du Dauphiné
qui a décidé en 1788 du programme de la Révolution. Attaché
aux principes de 1789, il a hérité de son père, l'un des
fondateurs de la Banque de France, et en une quinzaine d'années s'est
retrouvé à la tête d'une fortune considérable et
l'un des plus importants banquiers de Paris. En 1817, il est élu député
de la Seine et siège sans interruption parmi les libéraux modérés
jusqu'en 1830. Il est considéré plus comme un technicien que comme
un politique : l'incompétence des ministres et dse parlementaires suscite
chez lui des accès de fureur. Il a la passion du pouvoir, mais sa santé
médiocre le préoccupe et l'oblige au repos. Il faut donc presque
le supplier pour qu'il devienne président du Conseil.
Avant d'accepter ce poste et de s'octroyer le portefeuille
de l'Intérieur, Casimir Perier pose ses conditions. Il veut que le baron
Louis prenne le ministère des Finances, désire pouvoir réunir
le conseil des ministres à son gré, prendre connaissance des dépêches
avant le roi, contrôler personnellement Le Moniteur, l'ancêtre
du Journal Officiel... Louis Philippe accède à toutes ses
requêtes.
Si le nouveau ministère diffère peu de celui de Laffitte, la personnalité
de Casimir Perier change tout. Le 18 mars, à la Chambre, il montre son
autorité en exxposant son programme : "Au-dedans,
l'ordre, sans sacrifice pour la liberté; au-dehors, la paix sans qu'il
en coûte rien à l'honneur". Il applique strictement
la Charte, fidèle à son mot d'ordre : "La
Charte, rien que la Charte"! Ses premières mesures sont énergiques.
Avec des moyens légaux, il mène une politique de répression.
Une épuration administrative frappe les maires, les préfets etsurtout
les sous-préfets et les procureurs; quelques gardes nationales sont dissoutes.
Les procès de presse et les saisies se multiplient, bien que le jury
acquitte souvent les journalistes. Le 31 mai, Casimir Perier ne craint pas de
sissoudre la Chambre.Il poursuit une politique anticléricale, interdisant
les processions, supprimant les subventions municipales au clergé dans
de nombreuses villes; une ettitude qui contribue à rejeter de nombreux
catholiques du côté des légitimistes. Une nouvelle loi promulguée
le 10 avril 1831 renforce les mesures contre les attroupements. Elle est mise
en application dès le 16 avril pour réprimer l'agitation qui a
suivi l'acquittement de Cavaignac et de Trélat, les jeunes révolutionnaires
arrêtés en décembre lors de l'émeute provoquée
par le procès des anciens ministres de Charles X.
Perier bénéficie de l'appui d'une très
grande partie de la bourgeoisie. Sa fermeté et sa volonté de maintenir
la paix rassurent les puissances étrangères, et notamment le chancelier
aurichien Metternich. Elles lui valent l'aide immédiate des Tothschild,
banquiers internationaux. Les caisses de l'Etat sont ainsi renflouées,
et le baron Louis peut constituer un fonds de soutien de la rente française.
Perier agit au nom d'un certain libéralisme, marqué par le refus
d'intervention de l'Etat dans les rapports sociaux. Alors que le roi se contente
de régner, la politique de "résistance" du président
du Conseil prend un caractère de classe. Il se montre impitoyable vis-à-vis
des mouvements sociaux, comme la fameuse révolte des Canuts, à
Lyon, qu'il fait durement réprimer en décembre. Le marasme économique
a amené les soyeux, qui veulent proposer des prix plus attractifs sans
réduire pour autant leur marge bénéficiaire, à réduire
les salaires. Lors de cette révolte de la misère, si Casimir Perier
refuse d'intervenir dans les discussions et d'imposer un salaire minimum, que
les patrons ne veulent pas accorder, il charge les troupes du maréchal
Soult de renvoyer les ouvriers chez eux.
Le 16 mai 1832, Casimir Perier meurt du choléra, qu'il a contracté
après avoir rendu visite aux victimes de l'épidémie à
l'Hôtel Dieu. Bien que, dès les premiers signes de la maladie,
il ait vu son autorité s'affaiblir, sa plitique du "juste milieu"
sera reprise par tous ses successeurs.
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