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CHARLES X ABDIQUE EN FAVEUR DU DUC DE BORDEAUX
Lors des journées insurrectionnelles des Trois Glorieuses,
les 27, 28 et 29 septembre 1830, le peuple de Paris s'est soulevé. Le
duc d'Orléans, le futur Louis Philippe, a été nommé
lieutenant général du royaume. Le 2 août, Charles X, qui
a fui l'insurrection et s'est réfugié au château de Rambouillet,
abdique en faveur de son petit-fils, le jeune duc Henri de Bordeaux.
Les 27, 28 et 29 juillet 1830, le peuple de Paris s'est soulevé
contre son roi. Un roi héritier de l'Ancien Régime qui affiche
ouvertement son mépris pour les idées nouvelles. Mais, au terme
des Trois Glorieuses, devant l'insurrection victorieuse, la famille royale a
dû quitter le château de Saint Cloud. A la hâte, on est parti
pour Trianon et, de là, dans le plus grand affolement, on a gagné
Rambouillet. En route, les troupes se sont débandées, ont fait
cause commune avec le peuple. Si bien qu'il ne reste à Charles X que
quelques régiments et les gardes du corps pour assurer sa protection
et celle des siens.
Pendant ce temps, à Paris, où la foule hurle "Vive la liberté!
A bas les Bourbons!", le duc d'Orléans a donné au vieux La
Fayette le baiser de la trahison, dont le chancelier Metternich dira qu'il "a
étouffé le République". Le futur Louis Philippe est
en passe de devenir roi des Français. Charles X a-t-il alors une pensée
pour son frère aîné, Louis XVI?
Dans les heures qui suivent l'arrivée du roi et de sa suite au château
de Rambouillet, les nouvelles de la capitale ne sont guère encourageantes.
Tandis que les grenadiers se transforment en chasseurs, abattant quelques 5
000 pièces de gibier pour nourrir tout le monde, Charles X reste cloîtré
dans ses appartements. Les messages qu'on lui remet sont de plus en plus alarmants.
Le duc d'Orléans a rétabli la cocarde tricolore! Il a ordonné
à son propre directeur des Ports, monsieur Tupinier, de s'occuper des
mesures à prendre "pour transporter Charles X en Angleterre"!
Le vieux roi, qui fêtera ses soixante treize ans le 9 octobre, est monté sur
le trône en septembre 1824, à la mort de son frère Louis
XVIII. Il sait que ses heures de monarque sont comptées. Les tragiques
événements qu'il est en train de vivre l'ont marqué physiquement.
Il a le visage congestionné, des larmes brouillent sa voix. Il semble
se mouvoir mécaniquement et une grande tristesse voile ses yeux. Sa famille
l'entoure de toute sa sollicitude : son fils aîné, le duc d'Angoulême,
et son épouse Marie Thérèse; sa belle-fille, la duchesse
de Berry, et ses deux enfants, Henri et Louise Marie. Seuls les petits n'ont
pas conscience de la gravité de la situation. Charles X, lui, s'inquiète.
La rumeur rapporte que le peuple de Paris serait en route pour Rambouillet.
Les quelques hommes qui lui sont restés fidèles ne sont pas de
taille à affronter le peuple en colère. Le maréchal de
Marmont, au nom des conseillers du roi, engage Sa Majesté à abdiquer
au plus vite, pour sauver le trône des Bourbons et, surtout, pour sauver
sa vie et celle des siens.
En cette sombre journée du 2 août, Charles X décide
d'abdiquer en faveur de son petit-fils, le jeune duc de Bordeaux. Pendant près
de deux heures, il s'emploie à rédiger le texte de son abdication,
assisté de son ami le baron de Damas, qui est aussi le gouverneur du
duc de Bordeaux. Puis, il fait appeler son fils, le duc d'Angoulême, qui,
en tant que dauphin légitime, doit apposer son paraphe au bas de la déclaration
par laquelle il renonce à ses droits à la Couronne de France,
en faveur de son neveu. Le dauphin, si impopulaire qu'il a été
évincé, a un instant d'hésitation. Pendant un bref instant,
il est Louis XIX, avant de contresigner le document et de céder le trône
à Henri V.
Laissant le vieux roi, monsieur de Damas s'en va trouver le jeune Henri V, qui
joue avec sa soeur à construire un attelage de fortune. Il annonce au
jeune garçon, qui fêtera son dixième anniversaire dans deux
mois à peine, qu'il est désormais roi de France. l'enfant s'étonne
: "Bon papa qui est si bon n'a pu faire le bonheur
de la France, et je suis le roi? Mais monsieur, c'est impossible ce que vous
me dites là!" Et Henri retourne à ses amusements sans
plus s'inquiéter de la question.
Dans la soirée, Charles X prend son petit-fils par la main et l'emmène
au bivouac pour le présenter aux gardes, qui l'acclament. Un peu plus
tard, des commissaires mandés par le duc d'Orléans arrivent à
Rambouillet. Ils trouvent porte close. Charles X n'a pas besoin d'eux. Il vient
d'abdiquer. Mais cette abdication arrive trop tard.
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