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CHARLES X VICTIME DU CHOLERA (6 NOVEMBRE 1838)
Depuis qu'il a abdiqué, en 1830, Charles X a vécu
de longues années d'exil en Angleterre puis en Autriche. A l'automne
1836, il s'installe dans la petite ville de Gorizia, à la frontière
de l'Italie et de la Slovénie. C'est là que son errance va prendre
fin. Le vieux roi déchu va être rattrapé par l'épidémie
de choléra qui ravage l'Europe centrale et va s'éteindre, loin
de la France, le 6 novembre 1836.
En ce sinistre automne de 1836, après des années
d'exil, Charles X n'en peut plus. "Peu de temps s'écoulera
d'ici au jour où vous suivrez les funérailles du pauvre vieillard
dont la vie fut plus longue que celle de ses ancêtres; mais trente années
d'exil l'ont remplie de bien des amertumes", note-t-il. Après
avoir abdiqué en 1830, après avoir séjourné en Angleterre,
après avoir été l'hôte à Prague de la famille
royale d'Autriche, le vieux monarque déchu a de nouveau dû, au
printemps précédent, reprendre la route. Il a gagné la
Moravie, puis la frontière italienne, au-delà de Trieste. A Paris,
son cousin Orléans, le "roi citoyen" Louis Philippe, le considère
comme indésirable en France. Aussi le dernier des Bourbons de la branche
aînée s'est-il installé dans la petite ville de Gorizia,
sur le fleuve Isonzo, possession autrichienne à la frontière de
la Vénétie et de la Slovénie.
Parmi ceux qui ont suivi Charles X tout au long de ce chemin de douleurs se
trouvent son fils, le duc d'Angoulême, et son épouse, sa belle-fille,
la duchesse Marie Caroline de Berry et ses enfants, Henri et la jeune Mademoiselle.
Il y a aussi les fidèles : le duc de Blacas, conseiller, confident, presque
un frère, et l'irremplaçable comte de Montbel. Celui-ci cumule
les fonctions dérisoires de premier gentilhomme de la Chambre, de capitaine
des gardes et de premier écuyer. Ce qui lui vaut une remarque amicale
et ironique du roi : "Je ne vous avais jamais jugé
ambitieux à ce point"!
Les exilés se sont installés à Gorizia
début octobre. Ils ont trouvé refuge dans un petit château
qui, avec ses élégantes colonnades néoclassiques, ressemble
plus à une villa italienne qu'à un palais royal. Le château
du Graffenberg, propriété du comte Coronini Cronberg, n'a rien
à voir avec Versailles, qui a vu naître Charles X, de même
que ses frères aînés, les défunts Louis XVI et Louis
XVIII. Pour le roi sans couronne, c'est pourtant une halte bienvenue. Il la
souhaite sereine et, surtout, salutaire. Car, depuis leur départ de Prague
au printemps, les proscrits fuient le choléra, qui ravage l'Europe centrale.
Pour échapper à la terrible maladie, ils ont dû abandonner
le château acheté par Blacas à Kirchberg, en Moravie. Situé
en altitude, bénéficiant d'un magnifique panorama sur les Alpes
enneigées, Graffenberg semble susceptible d'être épargné
par les miasmes....
A Gorizia, la vie s'organise peu à peu. Pour la fête de la Toussaint,
Charles X se rend à la cathédrale pour entendre la messe. En chemin,
il est acclamé par la population locale, flattée d'accueillir
un hôte de marque. Quelques jours plus tard, le 4 novembre, jour de la
Saint Charles, les musiciens du village viennent donner une aubade qui ravit
le vieux roi.
Mais, soudain, le temps devient menaçant.
La bora, vent très redouté dans la région, se lève.
"La bora vint à souffler avec violence, des
tourbillons de neige encombrèrent les montagnes; un vent vif pénétrait
jusque dans nos veines. Nous fûmes tous malades. Le roi seul sembla invulnérable
et s'occupa de ceux qui souffraient. Aucune altération ne se manifestait
dans son extérieur", note Montbel dans ses Souvenirs. Pourtant,
au moment d'aller se coucher, Charles X avoue ne pas se sentir bien. Il passe
une mauvaise nuit et vomit à plusieurs reprises. Le 5 novembre, au matin,
son médecin, le docteur Bougon, l'examine. Il penche pour une crise de
goutte, un mal familier aux Bourbons. Puis, il revient sur son diagnostic :
c'est le choléra qui vient de frapper...
Charles X, dans l'état d'épuisement où il se trouve, est
condamné à brève échéance. La terrible journée
s'étire. Ses proches, en larmes, ne quittent pas son chevet. Le duc et
la duchesse d'Angoulême, Blacas entourent l'agonisant dans ses derniers
instants. A une heure et demie du matin, le 6 novembre, tout est fini. Le roi
est mort. Blacas, solennel et respectueux du protocole, se tourne vers le duc
d'Angoulême : "J'attends les ordres de Votre
Majesté"!
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Charles X, sa Vie
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