NAISSANCE DE CHARLES X

Ses parents, le dauphin Louis Ferdinand de France et la dauphine Marie Josèphe de Saxe, l'attendent pour le 10 ou le 11 octobre 1757. Mais c'est avec une légère avance que, le 9 octobre à sept heures du soir, le benjamin des petits-fils de Louis XV va venir au monde à Versailles. Le comte Charles Philippe d'Artois, futur Charles X, est un beau bébé, dont la naissance va être fêtée dans la liesse par la Cour et le peuple.

Au cours des sept années précédentes, la dauphine Marie Josèphe de Saxe a déjà donné le jour à une fille et à quatre garçons. En cet automne 1757, elle s'apprête à accoucher pour la sixième fois. Médecins et sages femmes ont prévu que l'enfant devait venir au monde le 10 ou 11 octobre. Mais, le dimanche 9 octobre, le curé de Notre Dame de Paris n'a même pas eu le temps de finir les traditionnelles "prières de quarante heures", précédant la naissance des princes du sang, quand le chef de brigade des gardes du corps du roi arrive de Versailles pour lui apprendre la bonne nouvelle : c'est dans les meilleures conditions que la dauphine vient d'accoucher du benjamin des petits fils de Louis XV. Aussitôt la joie éclate dans la capitale. La cloche de l'Hôtel de Ville se met à sonner jusqu'au lundi à minuit, ainsi que le veut l'usage, et, comme ses frères, le petit Charles Philippe est salué par les salves du canon de la Bastille. Les cérémonies solennelles se déroulent à Versailles. Le nourisson est ondoyé par l'abbé de Bouillé et reçoit le cordon du Saint Esprit. Pendant que dix messes d'actions de grâces sont célébrées, courtisans et dignitaires viennent féliciter le roi et le dauphin Louis Ferdinand avec force révérences.

A Versailles et à Paris, la naissance du petit prince est célébrée dans la liesse, à grand renfort de feux d'artifice, illuminations, salves d'artillerie, spectacles, jeux, fontaines ruisselantes de vin. Le roi distribue de généreuses aumônes, libère des prisonniers incarcérés pour ne pas avoir acquitté leurs dettes, dote de jeunes filles pauvres. Le bébé reçoit le titre de comte d'Artois : Louis XV tient à prouver par là aux Artésiens qu'il ne les assimile pas à leur compatriote Robert François Damiens, natif des environ d'Arras, capitale de la région, auteur en janvier d'un attentat contre sa royale personne et qui a été exécuté au mois de mars.
Malgré l'affection et l'intérêt que le dauphin et la dauphine portent à leurs enfants, ils doivent respecter le protocole exigeant que les fils de France soient éduqués par des "spécialistes". Agé seulement de quelques heures, le petit comte d'Artois rejoint donc les appartements de celle qui va être sa gouvernante au cours de ses premières années, la sévère madame de Marsan. Devenu adulte, il se souviendra des fessées, souvent méritées, qu'elle lui aura infligées. Pour l'heure, chacun s'accorde à trouver le nouveau né charmant.
"Il est petit, mais bien fait pour vivre et paraît fort, du moins à sa voix", constate, en résumant le sentiment général, sa tante la duchesse Elisabeth de Parme, fille aînée de Louis XV.

A l'âge de trois ans, Charles Philippe quitte sa gouvernante pour un gouverneur, le duc Antoine de La Vauguyon, qui supervise son éducation et celle de ses aînés. "Je possède mes quatre 'F', Bourgogne le Fin, Berry le Faible, Provence le Faux et Artois le Franc", remarque-t-il à propos de ses jeunes élèves. Franc, mais également étourdi, léger, aimable, gracieux et malicieux, le futur Charles X est surtout si mignon qu'il séduit sans peine son entourage. Bien sûr, il se montre parfois quelque peu paresseux. Mais comme il dispose, en plus du gouverneur, de la bagatelle de huit professeurs particuliers, il parvient à acquérir de bonnes notions d'histoire, de géographie, d'anglais et d'allemand.
Mais l'enfance protégée des petits princes est boentôt marquée par les deuils. En 1761, ils perdent leur frère aîné, le duc Joseph Xavier de Bourgogne. En 1763, leur père, le dauphin Louis Ferdinand, tombe malade et meurt le 20 décembre 1765, après une longue agonie. Désespérée, Marie Josèphe de Saxe se raccroche à ses enfants, qu'elle entoure de tout son amour et s'emploie à préparer
"pour le trône, le religion et la véritable gloire". "Il n'y a de grand dans les princes que ce qui vient de Dieu : la droiture du coeur, la vérité, l'innocence et la règle des moeurs, l'empire sur les passions", affirme-t-elle à ses fils. Mais elle ne survit pas longtemps à son époux et s'éteint à son tour le 13 mars 1767. Le futur Charles X se retrouve orphelin alors qu'il n'a pas encore dix ans.

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